SdN 72 à l’Éco Ferc’tival de Fercé-sur-Sarthe le 10 juillet 2021


Samedi 10 juillet 2021, de 14 heures à 19 heures  – Terrain de Bois-Laurent à Fercé-sur-Sarthe

Samedi 10 juillet, SdN 72 était des invités de ce nouvel événement rural initié par les acteurs locaux d’un petit village (600 habitants) qui pensent et planchent sur un monde plus raisonnable à base de modestes substantifs : moins, mieux, autrement… qui renversent la table.

« Carton plein » pour cette première édition de l’Éco Ferc’tival de Fercé-sur-Sarthe [1], avec un calendrier, une fenêtre météo et un contexte sanitaire (allégé quand même) qui pourtant ne s’y prêtait guère. Ce rendez-vous était organisé par le CAL, Club d’animation loisirs [2] de la commune, fléchant pour cette circonstance les « alternatives à la consommation traditionnelle ». Tout un programme ! Inépuisé, inépuisable. Un immense défi que des Fercéin·e·s décidé·e·s n’ont néanmoins pas redouté de relever et d’y prendre leur part.

Mini-conférences

14 h 30 : en lever de torchon des mini-conférences [3],  c’est SdN 72 qui s’y colle en premier via son intervenant Martial Château. Thème développé : « Le nucléaire ne sauvera pas le climat ».  Si la réalité et la gravité du dérèglement climatique ne sont plus guère contestées, ni par les scientifiques ni par les responsables politiques, beaucoup de ces derniers abusent allègrement leurs concitoyens en le présentant comme LA solution pour la décarbonation et enrayer le réchauffement planétaire. Ce qui devrait faire de notre pays — le plus nucléarisé de la planète — le seul à détenir une solution. Or, nos émissions de gaz à effet de serre (GES) sont quatre fois au-dessus de l’objectif climatique ! Il y a donc loin de la coupe aux lèvres. Le nucléaire est par ailleurs obsolète sur beaucoup d’autres registres : économique (déficit abyssal, coût du MWh…) ; écologique (rejets de radionucléides et chimiques permanents, déchets…) ; indépendance (uranium totalement importé, licence Westinghouse, obligé de s’exporter pour tenter d’être rentable, obligé de sécuriser militairement ses importations…) ; sécurité (vulnérable aux accidents aériens, séismes, inondations, malveillances, sabotages, attentats…), ; sûreté (sensible aux pannes, accidents et défaillances du système, erreurs humaines, transports…), etc.

Nous avons plusieurs fois développé, argumenté, documenté cette contre-vérité d’une énergie nucléaire bas carbone notamment à l’université DéTerre (Camp Climat 2020), à La Chapelle-Saint-Aubin, il y a un an déjà, mais aussi sur ce site, celui du Collectif antinucléaire Ouest et sur celui du Réseau (national) Sortir du nucléaire, et d’autres, nous vous invitons à vous y reporter [4].

Vie du stand de l’info-kiosque

À l’évidence, tout le monde n’est pas encore accro à nos publications numériques ni complètement gagné à nos arguments en présentiel. Une partie du public de Fercé ne dérogeait forcément pas à cette règle. C’est notre raison d’être. Nous étions là pour l’informer, le renseigner et c’est avec une certaine satisfaction que nous en avons vu tanguer, douter et on l’espère remettre certaines de leurs certitudes sur le métier.

Là comme ailleurs, nous avons pu décrypter les très redondants argumentaires des invités rémanents  des plateaux médiatiques : Valérie Faudon, déléguée générale de la Société française d’énergie nucléaire (SFEN) ; Jean-Marie Jancovici, nous en avons parlé un première fois ici : , et autres influenceurs du net requis par la smala nucléophile.

D’autres, jeunes, se sont interrogés sur la dénaturation sans fin de la notion de service public et de la tournure que prend la restructuration fragmentée d’EDF. Évidemment, sa vertigineuse déconfiture financière et l’inépuisable rengaine : « socialiser les pertes, privatiser les secteurs rentables ». Auquel s’ajoute la privatisation galopante de la production d’énergie via les EnR et les filialisations en chaîne des maisons mères.

Nous n’en étions — hélas — pas… mais une partie festive s’est bel et bien tenue en soirée avec une programmation musicale différente de celle qui avait été envisagée au tout début. Damien et son accordéon a ambiancé un apéritif festif, puis DamElo (un super duo local), a « chauffé » un bal populaire en seconde partie.

« Il est plus facile de désintégrer un atome qu’un préjugé » avançait Albert Einstein (1879-1955) dans la première moitié du siècle dernier. Espérons qu’on ait su apporter notre pierre à la déconstruction du mythe nucléaire, civil et militaire, et tordu le cou aux nouveaux éléments de langage sur le réchauffement climatique pour le pérenniser.


 Au risque de froisser les oubliés, on citera quelques-unes des trente-cinq structures, associations, organismes et même entreprises invitées que nous apprécions avec nos complémentarités et différences : Sarthe Nature Environnement, la Fresque du climat, Solutions Transition Écologique 72 ; Cyclamaine ; CIAP 72, Coopérative d’installation en agriculture paysanne ; le GAB 72 (Groupement des agriculteurs biologiques de la Sarthe) ; etc.


Singularité : depuis fin novembre 2020, la commune de Fercé-sur-Sarthe dispose d’un café multiservice soutenu par la commune avec l’aide du Groupe SOS (association spécialisée dans l’entrepreneuriat social) et de « 1000 cafés », baptisé « O’ Bout du Pont » (ouvert depuis février) dont l’activité va s’élargir avec la levée des contraintes sanitaires.

Depuis 2010, la commune est labellisée « Village étoilé » cinq étoiles (l’acmé du classement des lieux développant une démarche positive en faveur de la préservation de la qualité de la nuit et de l’environnement nocturne).

Depuis février 2019, ses administrés tirent parti d’une station d’autopartage avec son propre véhicule électrique.


Notes

[1] Village de 600 habitants (à mi-chemin entre Le Mans et Sablé-sur-Sarthe), amarré sur le coteau de la rive droite d’une boucle de la Sarthe, entre La Suze-sur-Sarthe et Chemiré-le-Gaudin.

[2] Outre cette première fête des alternatives, le CAL organise des ramarchages, propose des séances de cinéma à la Maison du Temps libre via Cinéambul 72, des ateliers verts (fabrication de produits d’entretien, etc.), de la danse qu’on aime moins pour ses symboles culturels un brin ethnocides. Ce sont encore les bénévoles du CAL qui ont imaginé et réalisé la scénographie du lieu (espace Bois-Laurent, en bord de Sarthe) entièrement faite de matières de récupération à l’exemple du mobilier champêtre fait de paille et de palettes.

[3] Thématiques des autres mini-conférences : La sobriété heureuse, par l’association Se Nourrir Ensemble ; Le compostage, par Antoine Debelle d’Ardvina ; Les économies d’eau, par SNE (supra) ; La fast fashion et Les économies d’énergie, par Anaïs Radepont d’Ekwana ; Les communes sèment en bio, par la CIAP 72 (supra) ; La monnaie, par le collectif Monnaie Libre.

[4] Cette intervention est une reprise d’un texte (martyr) contenu dans la recension que nous avions faite de l’université DéTerre en septembre 2020, c’est là : . Vous pourrez aussi le retrouver en version définitive sur le site collectif du CAN-Ouest, ici : p. 5 et 6, ou encore en infographies sur les site du Réseau SDN, là : .


Photos : SdN72.