Ionisos, 3 mai 2024 – SOS « de faibe intensité », mais…


Dimanche 5 mai 2024 –  Sablé-sur-Sarthe

Malgré ce qu’elle appelle des « écarts », en 2020 et 2021, l’Autorité de sureté nucléaire (ASN) avait délivré une appréciation « globalement satisfaisante » pour l’exercice de l’année 2022 à la société Ionisos de Sablé-sur-Sarthe, seule entité classée Installation nucléaire de base (INB n° 154) sur le territoire de la Sarthe.

Ça ne devrait pas être le cas pour l’année 2024 ! 

Un incident s’y est produit le 13 février de cette année. Vous en découvrirez les circonstances, la description et l’appréciation par l’ASN (supra), ici :  ou encore là, dans l’hebdomadaire local Les Nouvelles de Sablé (consultable numériquement sur actu.fr) : qui a publié son article dès le lendemain de la parution du rapport de l’ASN sur son site. Nous vous conseillons aussi l’article du Réseau Sortir du nucléaire que nous avons repris depuis, ici : .

Après examen, l’ASN a classé l’événement au niveau 1 sur l’échelle INES qui compte huit niveaux, de 0 à 7 (0 étant classé écart, 1, 2 et 3 incident, 4 à 7 accident). Selon Ionisos, l’incident a perduré dix-huit jours…

Survenu le 13 février, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) en a été avisé le 15. Mais « l’aléa » a perduré jusqu’à un maximum de dix-huit jours… selon les analyses réalisées par l’exploitant (juge et partie de la recension de l’incident), rendues le 1er mars 2024. L’analyse dudit exploitant n’a cependant été transmise à l’Autorité ad hoc que le 12 avril. Soit près d’un mois et demi après la fin de l’incident.

Sans qu’on sache le volume d’eau (dans aucun des trois articles publiés : Les Nouvelles, ASN [supra], Ouest-France [ci-dessous]) qui s’est répandu dans la cellule d’irradiation, s’est ensuite propagée à la piscine en en perturbant les équilibres et normes requises, puis saturé le puisard. L’excédent du puisard sera déversé in fine au réseau de collecte des eaux usées ! On se souvient qu’entre 2022-2023, Ionisos avait demandé et obtenu de l’ASN le déclassement de ses déchets radioactifs de faible et de moyenne activité qu’elle avait l’obligation d’adresser à l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) jusqu’à cet arbitrage. Une prestation évidemment facturée dont elle avait souhaité       être exonérée. La culture de sécurité-sûreté qui — on  veut le croire — prévalait jusqu’à présent irait-elle — déjà — à vau-l’eau ?

Nonobstant, la direction de l’établissement de Sablé n’a pas non plus cru bon d’en informer (et encore moins de la réunir) la Commission locale d’information (CLI [1]), ce qui nous semblerait légitime, sinon contractuel.

L’entreprise Ionisos aime rappeler qu’elle stérilise des produits pharmaceutiques, des ustensiles chirurgicaux, des prothèses, etc. S’agissant de notre bien-être, de notre santé, tout un chacun pourrait a priori n’être que d’accord avec une telle activité bien que cet objectif peut être obtenu sans cette ionisation (à partir d’une source au cobalt 60, fortement létale, exigeant sécurité et sûreté pour son transport, sa manipulation…)  via d’autres process qu’elle propose d’ailleurs dans quelques autres de ses établissements (six en France). Mais elle « ionise » aussi quantité d’autres produits, matériaux (polymères notamment) censés augmenter certaines de leur propriétés (flacons, pare chocs, tuyaux de chauffage au sol). Sans jamais parler, sous couvert de confidentialité commerciale, du volume de la proportion « présentable » de son activité du reste de l’autre qui l’est moins [2]. Pour sa communication, l’entreprise surjoue aussi la transparence en parlant systématiquement d’ionisation, beaucoup plus sexy et consensuel que son équivalent « irradiation », infiniment plus connoté.

Une transparence feinte — ici comme ailleurs — dès lors que les difficultés apparaissent.


Notes

[1] Les CLI reçoivent les informations nécessaires à leur mission de la part de l’exploitant, de l’ASN et des autres services de l’État. Sa dernière réunion publique annuelle s’est tenue le mardi 26 septembre 2023.

[2] Créée en 1992, sa toute première activité ayant aussi été d’irradier des produits alimentaires, ce qu’explique en partie son implantation dans la zone de l’Aubrée, à Sablé, qui accueille de nombreuses entreprises du secteur agroalimentaire), ce qu’elle ne ferait plus que très marginalement.


Illustration : SdN72 (J.-L. B.). Article de presse (ci dessous) de Ouest-France du mardi 7 mai 2024.

 

Ouest-France, du mardi 7 mai 2024.