Avril, mai, juin 2024 – Sarthe, France…
Cet article a été écrit par Martial Château (militant et coprésident de SdN 72) pour la revue trimestrielle n° 101, printemps 2024, du Réseau Sortir du nucléaire (à laquelle nous vous recommandons de vous abonner). Seules les photos et/ou illustrations (soumises à droits) ont été changées.
Le gouvernement, pour promouvoir l’énergie électrique d’origine nucléaire, n’ose plus parler d’indépendance énergétique mais de souveraineté énergétique. Cette nouvelle communication ne change en rien la réalité !
100 % de l’uranium naturel importé
La dernière mine française ayant fermé en 2001, les 7000 tonnes d’uranium consommées dans l’hexagone sont aujourd’hui importées du Kazakhstan, de l’Ouzbékistan, du Canada, de l’Australie, de Namibie… [1]
Au Niger, principal pays fournisseur pendant plusieurs décennies, en raison de la situation politique, les mines sont aujourd’hui à l’arrêt.
En Mongolie, le 13 octobre dernier, Orano et le gouvernement mongol ont signé un protocole d’accord pour l’exploitation de la mine de Zuuvch Ovoo, annoncée comme la plus grande mine du monde mais dont l’impact environnemental sera catastrophique [2].
30 % de l’uranium enrichi importé de Russie
Les capacités industrielles d’enrichissement de l’uranium naturel pour son utilisation dans les réacteurs n’étant pas suffisantes en France, Orano en achète 30 % à son homologue russe Tenex.
Orano prévoit d’augmenter de plus d’un tiers à l’horizon 2028 la capacité d’enrichissement d’uranium par ultracentrifugation à des fins civiles de l’unité Nord de l’usine Georges-Besse II sur le site du Tricastin.
Pour l’uranium de retraitement produit à la Hague et utilisé par la seule centrale de Cruas, c’est la totalité qui est enrichie en Russie [3].
Gros éléments forgés des réacteurs fabriqués au Japon
Des générateurs de vapeur, pièces métallurgiques de 20 m de haut, sont fabriqués au Japon [4].
Le cylindre principal de la cuve de l’EPR de Flamanville a aussi été fabriqué au Japon et ce sera probablement aussi le cas pour les éventuels nouveaux EPR.
Le nucléaire gros consommateur de métaux et de béton [5]
L’EPR de Flamanville, c’est 550 000 m3 de béton et 75 000 t d’acier.
Le béton est fabriqué avec des matériaux essentiellement produit en France mais des tensions commencent à se faire sentir sur le sable et les granulats entrant dans sa composition.
Pour les aciers, principalement produits en France, la totalité du minerai de fer est importé comme la plupart des autres métaux entrant dans leur composition (nickel, chrome, manganèse, cobalt …).
D’autres métaux, la plupart importés, sont aussi indispensables pour le fonctionnement des réacteurs :
● Pour les gaines de combustibles (première barrière de confinement de la radioactivité) le zirconium.
● Pour les barres de contrôle de la réaction nucléaire : bore, hafnium, indium, cadmium.
L’alternative des énergies renouvelables
Avec des quantités comparables de matériaux [6] on aurait pu construire des centaines d’installations d’énergies renouvelables qui produiraient de l’électricité depuis au moins 10 ans ; et en fin de vie, la quasi-totalité des matériaux d’une éolienne ou de panneaux solaires est recyclable, ce qui n’est pas le cas pour une centrale nucléaire dont les matériaux deviennent des déchets radioactifs ingérables.
Rien de plus performant pour la souveraineté énergétique que le vent pour les éoliennes et le soleil pour le photovoltaïque !
Martial Château
Notes
[1] https://www.sortirdunucleaire.org/Atlas-mondial-de-l-uranium
[2] Lire l’article « Du Niger à la Mongolie, la France se rue sur l’uranium », Revue Sortir du nucléaire n° 100, hiver 2024, p. 38.
[3] https://s.42l.fr/ouestfrance-uranium-usagé-france-russie-110323
[4] https://s.42l.fr/lemonde-generateurs-vapeur-EDF-mitsubishi-090119
[5] https://s.42l.fr/gouv-matieres-premieres-industrie-nucleaire
[6] https://s.42l.fr/decrypter-lenergie-nucleaire-eolien-160120
Crédits photos : (bidon de yellowcake) inconnu (on répare dès que possible) ; entrée de l’usine Framatome de Paimboeuf (Loire-Atlantique) qui fabrique des tubes et des barres en zirconium pour combustible nucléaire, SdN 72. Illustration : SdN 72 (J.-L. B.).