30 janvier 2021 – Pour la ratification du TIAN par la France et sa mise en conformité


Samedi 30 janvier 2021  –  Le Mans, place de la République

En marche pour le TIAN

© Daniel Margreth

Une trentaine de militant·e·s dont des personnalités (un négociateur du TIAN, infra, et un Mayer for peace d’Allonnes, des élus municipaux) pour l’abolition des armes nucléaires s’est rassemblée ce samedi 30 janvier 2021 place de la République, au Mans, pour que La France signe, ratifie et se mette en conformité avec le Traité — international des Nations unies — d’interdiction des armes nucléaire (TIAN). Traité qui est entré en vigueur quelques jours auparavant, le 22 janvier 2021 [1]. Soit quatre-vingt-dix jours après la ratification par un cinquantième état : le Honduras [2]. Depuis, le Bénin (le 11 décembre 2020) et le Cambodge (le 22 janvier 2021) l’ont aussi ratifié. D’autres signatures et ratifications sont annoncées et acquises. Il complète aussi les engagements du traité de non-prolifération nucléaire (TNP) et assure — bien tardivement — la mise en œuvre de son article VI [3].

Ce traité a les défauts de ses qualités. S’il « s’impose » désormais à toutes les nations et interdit la possession, la fabrication, l’usage, la menace d’utilisation, le commerce, le financement des armes nucléaires (cf. le flyer ci-dessous), il n’est cependant pas contraignant pour les récalcitrants à ce traité (en gros, les pays dotés) et les « non-membres » de l’ONU. Cependant, les contrevenants s’exposent désormais aux risques d’une mauvaise presse et à la vindicte de l’opinion publique. Et, nous dit-on, d’autres grains de sable, comme l’interdiction « du commerce et du financement des armes nucléaires », grippent déjà la machine financière. Les retours ne sont pas au top côté clientèle des banques et les établissements financiers y regardent désormais à deux fois avant d’accorder leurs crédits au risque d’être eux-mêmes blacklistés. À chacun de nous d’enfoncer des coins dans les rouages de la machine.

Le TIAN est désormais à l’appréciation et à l’usage de tous. À chacun de nous de le proposer sinon de l’exiger de l’oligarchie présente et/ou à venir. Pour cela, la volonté de paix du peuple français doit se manifester avec force et détermination. C’est de notre responsabilité de l’imposer à nos dirigeants.

Le rassemblement s’est clôturé par l’intervention de Eric Demougin pour la FSU, de Martial Château pour l’ensemble du Collectif [4]. Celui-ci a aussi tenu un point presse avec Gérard Halie (Sarthois d’origine et de cœur) de la Coordination nationale du Mouvement de la Paix et… des négociateurs dudit traité.

15 heures. L’heure était aussi venue de défendre la liberté d’expression gravement remise en cause ces derniers temps (lire plus loin).

Ni réchauffement climatique ni hiver nucléaire

L’explosion d’une seule bombe atomique a plusieurs effets principaux : l’effet de souffle (blast), l’impulsion électromagnétique, le rayonnement ionisant et… la chaleur carbonisant des myriades d’êtres vivants. Des vies humaines et animales soustraites à la vie instantanément ou plus tard dans d’atroces et longues souffrances… Plus de 120 000 victimes à Hiroshima, 75 000 à Nagasaki ! Combien après ? Les puissances de destruction des armes nucléaires déployées aujourd’hui sont  démultipliées (jusqu’à 500 fois) ! Une folie ! Outre les deux iniques explosions visant délibérément les populations, il a été procédé à plus de 2 000 essais nucléaires dans l’atmosphère et sous mer, participant évidemment au réchauffement climatique tout en dispersant des quantités incommensurables de radionucléides dans les airs. Particules qui circulent et se déposent encore aujourd’hui et qu’on retrouve et identifie aisément dans l’air, l’eau et les sols. L’humanité a aussi « miraculeusement » échappé plusieurs fois à sa propre destruction accidentelle suite à des pertes de charges atomiques, des collisions entre avions, sous-marins ou des alertes infondées [5]

Nous le savons tous, un conflit d’envergure mené avec ces armes apocalyptiques produirait quantités de cendres et fumées induisant une baisse du rayonnement solaire puis un refroidissement majeur et brutal du climat. Une étude récente des chercheurs de l’université de Rutgers y adjoint le risque d’une forte amplification du phénomène El Niño, avec des répercussions plus que délétères sur le climat.

L’horloge de l’apocalypse — qui symbolise l’imminence d’un cataclysme planétaire (seulement nucléaire il y a peu encore) — pointe aujourd’hui ses aiguilles à moins 100 secondes de minuit. Pour essentielle qu’elle soit, l’urgence climatique n’est pas que singulière, elle se conjugue bel et bien au pluriel.

Liberté, je chéris ton nom !

Dans la foulée, dès 15 heures, la plupart des militant·e·s ont rejoint le rassemblement — et la manifestation à la suite — pour l’abolition de la loi Sécurité globale place de la Préfecture, au Mans, organisé par le Collectif  pour son abolition dont SdN 72 est partenaire. Une énième loi pour enfoncer encore un peu plus le clou de l’arsenal répressif (antinucléaires fichés S, sur écoutes, mises à l’isolement ; loi d’urgence sanitaire et son cortège de mesures sécuritaires ; texte sur le Schéma national du maintien de l’ordre ; projet de loi confortant le respect des principes de la République (dit séparatisme) ; décrets permettant d’accentuer le fichage des personnes en autorisant policiers et gendarmes à faire mention de leurs opinions, appartenances syndicales, politiques, convictions religieuses et philosophiques, voire même psychologiques et psychiatriques ; criminalisation du droit à manifester des étudiant·e·s (censuré par le Conseil d’État)… Cette semaine encore, des députés ont aussi voté en commission un rapport issu d’une mission d’information parlementaire sur « l’entrave aux activités légales »  visant les militants antiglyphosates, végans ou antichasse. Intention inique et liberticide une fois de plus ! Si ce projet devait aller plus loin, on peut compter sur les député·e·s et les sénateurs et sénatrices pour élargir l’éventail à d’autres activistes… Hélas, cette récapitulation n’est pas exhaustive. Bien d’autres textes avaient déjà été promulgués en amont, sous d’autres majorités !


Notes

[1] Pour un  développement plus détaillé consulter le communiqué du Collectif sarthois pour la paix que nous avons publié sur ce site, c’est ici : .

[2] Ce traité du 7 juillet 2017 a été voté à une écrasante majorité d’États (122 sur 193) membres de l’ONU. Ce traité a été notamment porté par la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN). Le prix Nobel de la paix 2017 a été décerné à cet ensemble d’ONG (fondé en 2007) « pour ses efforts contre ces armes de destruction massive au cœur de tensions internationales en Iran et Corée du Nord ». Le seuil nécessaire des 50 ratifications l’imposant à tous les États membres a été atteint le 24 octobre 2020. L’article XV assure son entrée en vigueur 90 jours après. Depuis le 22 janvier 2021, les armes nucléaires sont donc illégales !

[3] L’article VI du TNP signé par la France, et entré en vigueur le 5 mars 1970, dispose : « Chacune des parties au Traité s’engage à poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures efficaces relatives à la cessation de la course aux armements nucléaires à une date rapprochée et au désarmement nucléaire et sur un traité de désarmement général et complet sous un contrôle international strict et efficace. »

[4] Le groupe Sortir du nucléaire 72 est l’une des 24 organisations sarthoises qui composent aujourd’hui le Collectif 72 pour la paix constitué début 2019. Vous pouvez retrouver sur ce site l’essentiel des manifestations, interventions, communiqués, etc., de ce Collectif à partir de — Rechercher — sur notre page d’accueil.

[5] Collision entre un Boeing et un B-52G de l’US Air Force survenu le 17 janvier 1966 au cours d’un ravitaillement en vol à  Palomares (Espagne, à côté d’Almeria). Quatre bombes nucléaires tombent au sol et/ou en mer ! En pleine guerre froide, le 26 septembre 1983, l’officier soviétique Stanislav Petrov refuse contre tous les avis de son « staff » de riposter à une attaque de missiles américains signalée par son système informatique. Le 23 janvier 1961, un avion militaire américain se crashe et largue ses deux bombes atomiques (260 fois la puissance d’Hiroshima) au dessus de la Caroline du Nord (côte est des États-Unis)… Arrêtons là cet anxiogène inventaire ! Dans son livre « Command and Control », le journaliste américain Eric Schlosser a dénombré pas moins de 700 incidents et accidents mettant en cause plus de 1 200 engins atomiques !


Photo (ci-dessus et vignette en page d’accueil) : jouretnuit.org/ Copyright Daniel Margreth.

Nous publions ce cliché de Daniel  M. avec son aimable autorisation. Nous vous conseillons le site de ce nomade, poète, photographe… observateur et commentateur d’actualités sociales choisies (comme le susdit rassemblement pour le TIAN), sur l’URL jouretnuit.org/.