NDDL, les anti-aéroport « divergent » aussi sur le nucléaire


Samedi 10 février 2018 – Notre-Dame-des-Landes

Non, on ne perd pas toujours ! Oui, il n’y a que les combats que l’on ne mène pas qui sont perdus d’avance !

Le projet d’aéroport ayant été abandonné par le gouvernement le 17 janvier, tous les soutiens de la lutte contre NDDL ont célébré l’événement par ce grand rassemblement « Pour un avenir sans aéroport » et aussi pour « Enraciner l’avenir » ce samedi 10 février.

Reste à planter la quantité d’arbres en devenir (et/ou de plantations diverses) acheminés de toutes parts (aussi de la Sarthe et des pays voisins), de les voir bourgeonner et croître dans les mois et années à venir comme autant de symboles de ce qui reste à enraciner, ramifier, greffer, marcotter…

Programmée le lendemain de l’expiration de la validité de la Déclaration d’utilité publique (DUP, le 9 février 2018), la fête a fait et battu son plein jusqu’à surprendre ses commanditaires avec au moins 30 000 présent·e·s, 8 500 selon… Une mobilisation massive qui, on le souhaite, pèsera dans les négociations sur le devenir [1] des 1 650 ha de terres agricoles de la ZAD avec la préfète de la région Pays de la Loire, Nicole Klein.

Les luttes sœurs des « grands projets inutiles imposés » (GP2I) déjà présentes sur les rassemblements de juillet y étaient encore plus nombreuses : Europa-City à Gonesse ; Roybon en Isère ; le tunnel transalpin Lyon-Turin [2] et même Béner (Sarthe), commune à touche-touche avec Le Mans où est en projet une nouvelle zone commerciale avec Leclerc et Ikéa… (cf. photo devant l’Embazada [future ambassade des luttes et des peuples] de NDDL) et bien sûr le projet honni de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) : CIGéo, Centre industriel de stockage géologique (de déchets radioactifs) à Bure, dans la Meuse…

Les luttes antinucléaires étaient donc bien présentes samedi à Notre-Dame-des-Landes sur les pôles de rassemblement, dans la déambulation (avec fanfares, batucadas, chorales…) et le carnaval des bestioles (cf. plus loin). 

Le triton gigantesque des naturalistes (photo) a bien triomphé du crocodile AgoVinci ! Sur le bûcher, des GP2I, la maquette de CIGéo a bien rejoint la carcasse d’un conséquent avion de bois (photo) pour terminer en cendres à l’issue d’une flamboyante crémation.

Ce rassemblement fut heureux, joyeux, boueux et carnavalesque en diable (au bestiaire local : triton et croco [photos]) ! Seule « ombre » au tableau, notre retour (amplitude du temps de conduite du chauffeur de bus oblige) sans participer aux festivités de la soirée, sinon de la nuit : fest-noz et baléti à Bellevue et concerts au Hangar de l’avenir (programmes ci-dessous).

CQFD (D à multiples entrées)

Non, il n’est pas vain de se battre. Avec 1968, sur le plan culturel et social (dont certains en fêteront le cinquantenaire cette année quand d’autres en sonneront le glas), dans les mémoires, le Larzac reste, la plus emblématique lutte disputée au pouvoir politique et aux militaires. D’autres — moins connues — ne l’ont pas moins été.

Sur notre sujet nucléaire : Plogoff évidement, c’est ici :  et, plus récemment,  près de chez nous, à Izé, c’est là : (en Mayenne,  mais seulement à 12 km de Sillé-le-Guillaume) ! La mémoire de ces combats et des autres : à Erdeven [3], au Pellerin [4], au Carnet [5] et à Malville (ici, victoire en différé) était bien présente et/ou sous-jacente sur les terres humides de NDDL comme en témoigne quelques-unes de nos photos (ci-contre). Cependant, rappeler n’est pas comparer ! Chacune des luttes se pensent et se créent dans le temps, l’espace et les moyens qui sont les leurs.

Pour autant, l’Hexagone est et demeure le pays le plus nucléarisé au monde ! Et la mobilisation passablement en berne. Des quatre-vingts militants sarthois venu soutenir un avenir à NDDL, une bonne partie, sinon la totalité, soutient aussi un avenir sans nucléaire, sans EPR, sans CIGéo… Beaucoup ont tenu à le rappeler, chacun à son tour,  derrière notre banderole Stop EPR (photo) !

Pour le Réseau Sortir du nucléaire, Martial Château (également coprésident de SdN 72) a aussi rappelé au micro (photos) la nécessité et l’urgence de ce combat, retracé l’actualité et le calendrier à venir. 

Grand rassemblement à Paris, place de la République, le 11 mars, à partir de 14 heures, avec scénographie, interventions, débats, stands…

— La projection en avant-première du film Le couvercle du soleil, le 12 mars à 18 heures, aux Sept Parnassiens, en présence de M. Naoto Kan [6], ancien premier ministre en exercice au moment de la catastrophe (tsunami suivi de l’explosion de quatre réacteurs) de Fukushima Daiichi, militant aujourd’hui contre le nucléaire, et de M. Tamiyoshi Tachibana, producteur exécutif du film.

— Naoto Kan sera aussi présent le jeudi 15 mars, au Rafiot (salle des fête) de Flamanville (Manche), à 20 heures [7] pour une conférence et la projection du film Le couvercle du soleil avec son producteur Tomiyoshi Tachibana, organisé par le CRILAN, Comité de réflexion, d’information et de lutte antinucléaire, et du CAN-Ouest, Collectif antinucléaire du grand Ouest auquel SdN 72 participe.

— Enfin, l’appel au rassemblement devant le TGI de Bar-le-Duc, le 13 février 2018, pour le procès de trois militants engagés contre le projet CIGéo.

Notre actualité antinucléaire est hélas autrement moins heureuse. Dernièrement, N. Hulot a capitulé en rase campagne en différant la baisse déjà molle et insuffisante de la proportion du nucléaire de 75 à 50 %, idem pour l’ASN (Autorité de sureté nucléaire) sur le couvercle et le fond de la cuve de l’EPR de Flamanville, la répression s’abat sur les opposants à la poubelle nucléaire de Bure… On vient de le voir, il est toujours nécessaire de se bouger et il est possible de gagner !


Vidéo : on vous signale le Vlog des gens qui se bougent de Vincent Verzat avec des têtes connues : https://youtu.be/qY0zE1UPV_Y Evidemment, il faudra aussi compulser les sites qui défendent le dossier depuis des lustres.


[1] Redistribution des terres, gestion de l’usage de la zone, maintien des occupants et militants sur la zone et des projets alternatifs, agricoles ou non… Consulter Les six points pour l’avenir de la ZAD élaborés entre tous les acteurs de cette lutte, ici :

[2] Europa-City (centre de loisirs et d’affaires sur 300 ha à la ZAC du Triangle de Gonesse, entre le Bourget et Roissy) ; Roybon (Isère), un village de vacances « Center Park » artificialisant 202 ha de zone humide ; le projet de tunnel transalpin Lyon-Turin ; le projet de mines d’or Sudmine – près de 13 000 hectares sur onze communes autour de Cambo (Pyrénées-Atlantiques) ; la centrale à gaz de Landivisiau (Finistère), la ferme des 1 000 vaches (Somme) ; le parc d’attractions de Guipry-Messac (Ille-et-Vilaine) ; la ligne à très haute tension de la Haute-Durance, et le pôle scientifique du plateau de Saclay, en région parisienne ; les bassines niortaises (Deux-Sèvres)…

[3] Lancé en 1974, il sera abandonné en 1974 sur une forte opposition de la population. Un de nos deux articles est là : .

[4] L’opposition à la centrale nucléaire du Pellerin contraindra François Mitterrand à geler le projet. L’année suivante, le projet renaîtra un peu plus loin, au Carnet (note ci-dessous).

[5] Le projet de centrale nucléaire du Carnet sur la rive gauche de l’estuaire de la Loire, en aval de Nantes, devait compenser l’abandon de celle du Pellerin (note ci-dessus). A son tour, elle sera abandonné définitivement, en 1997.

[6] Il donnera également des conférences de presse à l’Assemblée nationale, à Paris, le 13 mars, et au Parlement européen, à Strasbourg, le 14 mars.

[7] Au moment où le Président Macron se rendra en Inde pour tenter de lui vendre six EPR sur le site de Jaitapur ! Comme d’habitude, la seule intention sera traitée politiquement et médiatiquement comme une commande ferme.


Crédit photos : SdN 72, Aurélia et Damien.