Procès d’Areva contre Stéphane Lhomme de l’Observatoire du Nucléaire à Paris


Vendredi 20 décembre 2013  Paris

steph-lhomme-2Un procès qui va fédérer toutes sortes de soutiens venus d’un peu partout et même du Mans, antinucléaires, humanistes (80 personnes environ) et un groupe festif, la bande de joyeux drilles de la Compagnie Jolie Môme, notoirement connue des manifestants pour sa chanson « C’est dans la rue qu’ça s’passe » (cf. ci-dessous).

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Ce 20 décembre 2013, la société nucléaire Areva assignait donc Stéphane Lhomme, directeur de l’Observatoire du nucléaire, devant la XVIe chambre du TGI de Paris pour diffamation publique. En cause, des révélations sur le site de l’association de versements d’un montant total de 26 millions d’euros de cette société au budget de l’Etat du Niger, dont une partie de cette somme directement affectée à l’achat d’un nouvel avion pour le président du Niger, Mahamadou Issoufou, par ailleurs ancien directeur d’une filiale d’Areva, la Somaïr. Pour couronner le tout, les faits incriminés et le procès se déroulaient sur une longue période de renégociations des droits d’exploitation des mines d’uranium que ce pays entendait revoir à la hausse. Des révélations publiées sur le site de l’Observatoire, avec des preuves recoupées, que Stéphane Lhomme avait certes qualifiées de « manœuvre de corruption » tout en précisant habilement « probablement sur le plan légal, assurément sur le plan moral ». Ces révélations étaient accompagnées d’un communiqué (repris et hébergé sur un blog par Médiapart.fr) et d’un courrier annexé, adressé à Pascal Canfin, ministre Vert du développement, reprenant son sujet. Ces révélations avaient aussi été reprises et corroborées par les Inrockuptibles, Politis et Reporterre

Le pot de fer contre le pot… aux roses
aff-proces-s-lhom-2Dans un premier temps, Areva réfutera les faits pour finalement les avaliser et glisser vers ce jugement en diffamation. Incriminée, la susdite phrase, portant plus sur la forme que sur le fond. Seul objectif : faire cracher au bassinet 
S. Lhomme et l’Observatoire du nucléaire pour définitivement les faire taire…

Le « devis » d’Areva : 1 euro au titre de dommages et intérêts (pour préjudice moral), 5 000 euros au titre de l’article 475-1, plus trois insertions de 5 000 euros HT chacune dans des journaux nationaux, plus divers frais (avocats, etc.), soit un total de 25 à 30 000 euros. La facture, c’est finalement le tribunal qui en décidera : 1 euro au titre de  préjudice moral, 1 000 euros d’amende et 800 euros de réparation des dommages (au titre de l’article 475-1), plus l’obligation de mettre en ligne une publication judiciaire, enfin, de retirer les propos incriminés de son site (rendu du délibéré du 7 février 2014). Mais c’est sans compter sur la ténacité du trublion et de son avocat, Me E. Riglair.

Commencée avec la Compagnie Jolie Môme, finissons cette chronique avec cet autre titre de HK et les Saltimbanks : « On lâche rien, on lâche rien, on… ». Stéphane Lhomme ne lâche effectivement rien ! Il a fait appel de cette condamnation. Affaire à suivre.


Plus de détails chronologiques et juridiques sur le site  de l’Observatoire du Nucléaire, ici : Deux vidéos sur ce procès, sur Dailymotion, c’est là : et toujours sur Dailymotion le journal d’InfoAfrique (curseur de 3 mn 50 s jusqu’à 6 mn), ici : .


Photo : source ? Illustration : copie d’écran de la vidéo sur Dailymotion. Affiche : Observatoire du Nucléaire.