20e Fête du blé au pain à Vaas : SdN 72 au rendez-vous


Samedi 6 août 2022  –  Vaas, Sarthe…

6 août 2022, à Vaas : un radieux et un funeste « anniversaire » ! Soit : le joyeux anniversaire de la 20e édition de « La fête du blé au pain », mais aussi le tragique souvenir de l’usage de la première arme atomique sur la cité d’Hiroshima, 77 ans auparavant !

Contre le nucléaire : militaire et civil, civil et militaire, on serre les dents, les coudes, et on se mobilise !

Chapeau bas ! 

On se réjouit, bien sûr, de ce bel et beau anniversaire de La fête du blé au pain et remercions toutes les équipes organisatrices qui ont, avec constance, permis ce singulier et formidable rendez-vous imaginé au début de ce siècle. Et aussi les nombreux bénévoles, évidemment, sans qui l’événement ne pourrait être possible, les associations, artisans, orateurs [1], musiciens… Et bien sûr de permettre à notre groupe — SdN 72 — de nous y exprimer depuis… des années.

6 août 1945 — 6 août 2022 

Comme évoqué dans notre chapeau, ce 6 août 2022 était aussi le sinistre rappel d’une des incommensurables folies de nous autres humains, préméditée et commise il y a 77 ans à Hiroshima puis Nagasaki (sans absoudre les abominations de l’empire nippon). L’item s’est forcément imposé dans nos échanges sur le stand, vu que nous proposions par voie de tract la visite de l’exposition « L’arme atomique et le Traité d’interdiction des armes nucléaires » du 6 au 23 août au cinéma Le Kid, à La Flèche (la présentation est ici : ), proposée par le Collectif 72 pour la Paix [2] auquel SdN 72 participe. Une expo inaugurée le matin même à 11 heures, en présence de deux de nos militants. Mais aussi de la soirée ciné-débat sur ce même thème avec, en première partie, le film « Le début de la fin des armes nucléaires » le lundi suivant, 8 août,  dans ce même (nouveau et beau) cinéma (nous vous en parlons là : ).

L’alerte d’Albert Camus dans Combat au lendemain du cynique largage de Little Boy « …la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l’utilisation intelligente des conquêtes scientifiques » résonne d’autant plus ces derniers mois ou cette même menace nucléaire est brandie contre l’Ukraine et ses soutiens par des fous furieux de pouvoir et de gloire. Une « conquête scientifique » qui a aussi mis l’atome au service d’usages civils douteux (Atom for peace), qui a connu et connaît depuis toujours d’innombrables déboires (infra). Un atome civil qui a largement alimenté les armes nucléaires (conventionnelles, à uranium appauvri et/ou sales [non conventionnelles]), aujourd’hui lui aussi « militarisé » avec l’instrumentalisation de l’énorme centrale d’Enerhodar de six réacteurs (dite Zaporijia) et du proche site de stockage d’uranium usé comme boucliers stratégiques. A contrario, la société civile et des États se sont mobilisés pour entraver la course effrénée des neufs nations « dotées » d’armes nucléaires qui menacent de nous envoyer droit dans le mur par démente volonté, voire par accident. Confère, le Traité d’interdiction des armes nucléaires adopté par 122 pays, entré en vigueur le 22 janvier 2021, signé par 86 États et les instruments de ratification déposés par 66 (pour l’instant). Curieusement, alors que plusieurs embargos visant la Russie ont été pris sur le charbon, le pétrole, le gaz, aucun n’a été pris sur le nucléaire, malgré les nombreuses transactions de la France et de certains autres pays de l’Union Européenne avec la Fédération de Russie et ses obligés dans le domaine.

« Stand » by

Un peu à l’étroit dans un stand partagé avec Stop OGM, peu visible, notre message n’a pas été facile à proposer au milieu des emplacements sur « le bien-être », « le développement personnel », etc. Une coexistence qu’on pourrait qualifier d’asymétrique : autocentré pour les uns, exocentré pour les autres, globalisant dans tous les cas tant le danger nucléaire est universalisant. Pourtant le nucléaire en général, et le nucléaire franco-français en particulier, est au plus mal ! Malgré de nombreux renflouements par les contribuables (déjà clients), EDF conserve un trou financier abyssal et le pouvoir cherche une porte de sortie vers une formule archiconnue et usitée qui se résume par la privatisation des secteurs bénéficiaires et la socialisation des secteurs déficitaires. Et, contrairement à la communication martelée, la part d’obligation de revente d’électricité à ses concurrents n’y est que pour peu de chose.

D’exportatrice d’électricité en Europe, la France est passée au statut d’importatrice. Jusqu’à 30 des 56 réacteurs nucléaires de l’Hexagone sont ou ont été à l’arrêt — souvent en même temps — depuis le début de l’année pour maintenance, visites décennales prévues ou différées (pour cause de Covid), problèmes de corrosion sous contrainte (12 arrêts) [3], fonctionnement au ralenti pour cause de canicule et d’étiage critique. L’EPR de Flamanville, quant à lui, va de Charybde en Scylla. Une déconvenue en chasse une ou plusieurs autres. Après les soudures en cours de traitement sont apparus de nouveaux problèmes systémiques. L’un concerne des vibrations à l’origine de ruptures de gaines, l’autre, le pilotage de deux systèmes de contrôle qui dysfonctionnent (système dits RIC et RPN, qu’on ne peut développer ici). Ça fait beaucoup au total et on ne parle que des plus récents. Son coût d’origine aujourd’hui multiplié par… 6 est pour le moins étourdissant ! L’été caniculaire a aussi réactualisé des avanies déjà connues et redoutées. La sécheresse accentuée par le dérèglement climatique amène le niveau des cours d’eau à des étiages exceptionnellement bas. L’eau puisée en amont des centrales nucléaires pour les refroidir est rejetée en aval et réchauffe une eau déjà chaude, au-delà des prescriptions. Qu’à cela ne tienne, une énième dérogation est sortie du chapeau du ministre, avalisée par l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire, dite gendarme du nucléaire), faisant fi des impacts sur la biodiversité aquatique. Outre ce déficit hydrique, cet été, c’est aussi les incendies qui ont coudoyé des sites nucléaires, comme à La Hague dans le Cotentin (Manche) et à Brennilis en Bretagne (Finistère). Si on connaissait bien les incendies récurrents qui calcinent régulièrement la « forêt rouge » de Tchernobyl, le problème s’invite aussi à domicile.

Rien pour autant ne fait ciller les laudateurs du nucléaire, malgré ces avanies et bien d’autres de la filière, les accidents connus de Tchernobyl et Fukushima, et ceux — nombreux — qu’ils méconnaissent, de l’existence même — avant que de l’emploi — d’armes atomiques, les menaces anticités, les retombées de leurs essais, les déchets…, il se trouve néanmoins encore des « croyants » de cette technologie, abondés de certains abusés de la défense du climat (ex. L’imposture Jancovici, c’est là : ) pour la plébisciter. Nous en avons rencontré et, on l’espère, fait douter.

L’exception française a sans doute ici ou là un brin de légitimité. Les avis très autocentrés et pétris de certitude de certains partisans fanatisés du nucléaire mériteraient quand même qu’il tentent un regard sur des énergies largement usitées par d’autres, sans que tout soit, bien entendu, ni rose ni vert : Écosse, Portugal, Danemark, Espagne (et même) Allemagne, Costa Rica…

Pour cette année, La fête du blé au pain est finie (mais l’association (et son moulin) propose des activités toute l’année ou presque, c’est là : ). SdN 72 et le mouvement antinucléaire ont encore du pain sur la planche !


[1] Gilles Juneau cette année : grand reporteur, journaliste au Monde (et sur de nombreux autres médias) est intervenu sur « Le monde paysan face au chaos climatique ».

[2] Le même Collectif, dans ce même lieu, proposait le lundi suivant, 8 août, un ciné-débat sur ce même thème avec en première partie le film « Le début de la fin des armes nucléaires ».

[3] La folie des grandeurs ! En visant le leadership sur le marché de l’atome et pour faire des économies d’échelle, l’électricien EDF a construit des centrales de plus en plus puissantes (après l’importante série des 900 MW, les 1 200, 1 300 et 1 500 MW, puis l’hérésie EPR de 1650 MW), rallongeant d’autant les circuits jusqu’à créer de nouveaux problèmes de corrosion sous contrainte.


Crédit photo : SdN 72. Visuel : affichette de l’association du Moulin de Robert-Rotrou. Dessin de presse de Sanaga, publié avec son aimable autorisation ; pour mieux connaître son travail, son lien Facebook est là : .