Dix ans de Fukushima, plus jamais ça ! Au Mans, le 10 mars 2021


Le 10 mars 2021 – Le Mans (place de la République), Pays de la Loire…

Depuis le 11 mars 2011, chaque année (à une date rapprochée) à domicile ou ailleurs, Sortir du nucléaire 72 rappelle le dernier accident nucléaire d’importance intervenu à Fukushima et toujours très vivace [1]. Cette année, nous avons porté cette réprobation du nucléaire civil comme militaire à domicile, le 10 mars, au Mans (c’est ci-dessous et retranscrit par la presse) et en déplacement, le 13 mars, à Nantes (c’est là : ).

La Rép’, carrefour de la pensée convenue ?

De 15 heures à 17 heures, ce mercredi 10 mars, une douzaine de militant·e·s du groupe Sortir du nucléaire 72 ont rappelé aux passants (de la place de la République du Mans et de la rue des Minimes) qui voulaient bien l’entendre — voire en discuter pour certain·e·s — la terrible déconvenue d’un pays reconnu hautement technicisé, maîtrisant la sécurisation contre les risques tectoniques [2], capable d’entraver de puissantes vagues de submersion et tant d’autres prouesses qu’on ne pourrait le prendre à défaut, tel son minable voisin soviétique (à l’époque) qui, lui, s’était oublié à Tchernobyl  un certain 26 avril 1986.

Le pire n’est jamais sûr. Quoique…

Le pire n’est jamais sûr. Quoique…

Pourtant, il y eut Fukushima ! Un désenchantement général ressenti partout, y compris en France, le premier des pays nucléarisés ! Une première marche sur le podium qu’on échangerait bien avec celle des EnR ! Ce 11 mars 2011, chacun a senti le vent du boulet. Puis, très vite, l’ordinaire s’est imposé. Les uns passant vite à autre chose, d’autres, contrits, ne dépasseront pas l’inhibition, les pronucléaires réajustant leur déni à cette nouvelle donne. Sarkozy (alors président) jouera même le VRP à Tokyo pour y vendre le savoir-faire français en matière de démantèlement (pourtant renvoyé aux calendes grecques pour la filière graphite-gaz à la française et malgré Brennilis, Creys-Malville, Chooz…) et de programmes de gestion d’après-crise radiologique : Ethos [3].

Si ce n’était aussi triste, on en rigolerait ! Suprême cynisme, le Pays du Soleil Levant a redémarré quelques centrales. Peu, grâce à la mobilisation des Japonais (infra). Mais l’honneur est sauf : le 25 mars, la flamme olympique devrait bien partir de l’ancienne base opérationnelle de secours après la catastrophe nucléaire (à une vingtaine de kilomètres de la centrale atomique accidentée de Fukushima) reconvertie en village sportif. Une opération sans public pour cause de… radioactivité Covid-19 !

« Chat échaudé craint l’eau froide » n’est sans doute pas une maxime qui a cours au Pays du Soleil Levant. Alors qu’à la suite de la catastrophe, le pays avait progressivement fermé ses centrales et su s’accommoder de l’arrêt de tous ses réacteurs nucléaires (50 en plus des 4 détruits mais seulement 28% de la part électrique) durant plusieurs mois [4], aujourd’hui, neuf ont une autorisation de redémarrage, mais peu produisent véritablement [5].

En France, le retour d’expérience tarde à se mettre en conformité. Dix ans après, peu des mesures post-Fukushima sont opérationnelles sur les 56 réacteurs de son parc tricolore encore en fonctionnement (les deux de Fessenheim sont enfin fermés). Pire, ou pas, l’État, EDF, l’IRSN… se confondent en atermoiements pour entériner une décision que tous feignent de n’avoir pas déjà prise, de prolonger d’au moins dix ans leur fonctionnement et d’en planifier six nouveaux (des EPR) — mais qu’après l’élection présidentielle de 2022 — sans, bien sûr, demander l’avis de tous les concernés.

Agora

Nous avons parlé de tout ça et de bien d’autres choses, cette après-midi-là, avec nos interlocuteurs et interlocutrices (avec une bonne écoute dans l’ensemble). Distribué 500 flyers (infra) qui annonçaient « notre » manifestation régionale à Nantes organisée par un collectif de plus d’une trentaine d’organisations (dont SdN 72), le samedi 13 mars (notre article est là : .

Si les journalistes (selon eux) avaient beaucoup de rendez-vous cette après-midi (sur l’emploi avec CGT, l’éducation avec SNUipp-FSU), le point presse avec Le Maine Libre et Ouest-France a plutôt bien fonctionné cette année avec deux retours. Nous les reproduisons en bas de cette page.


Notes

[1] Plus de 90 000 liquidateurs et décontamineurs exposés à d’importantes radiations ; multiplication des cas de cancers de la thyroïde (d’autres, plus rémanents, ne vont pas tarder à apparaître) ; 47 000 habitants évacués, plus les départs volontaires, injonctions, pressions et contraintes (sociales et économiques) au retour des exilés ; 30 000 km² de terre contaminés ; plus de 1 250 000 m³ d’eau contaminés que le Japon veut déverser dans le Pacifique ; la question du refroidissement et de la récupération du corium perdure ; démantèlements étalés sur près d’un siècle…

[2] Situé sur un arc d’activité sismique intense communément appelée « ceinture de feu », le Japon a été encore secoué par d’importantes répliques sismiques, autour d’une magnitude 7, ces derniers jours. Celle de 2011, était d’une magnitude de 9.0.

[3] Ethos consiste ni plus ni moins à organiser le déni des impacts sanitaires des radiations et à forcer le consentement des populations à leur retour dans des zone contaminées.

[4] Du 15 septembre 2013 au 11 août 2015. L’ensemble des installations avait aussi été stoppé entre mai et juillet 2012.

[5] Seuls cinq fonctionnent réellement (à revérifier) du fait d’oppositions locales, 27 sont définitivement arrêtés et la plupart des 18 autres ne redémarreront jamais, pour des raisons techniques ou financières.


Photos : SdN 72. Illustration : tableau de 1831 de Katsushika Hokusai, détourné. La reprise du très célèbre et populaire tableau intitulé « La Grande Vague de Kanagawa » est une vue d’artiste très occidentale. Les tours de refroidissement des centrales nippones (de très hautes cheminées verticales) ne ressemblent en rien aux nôtres. Et les centrales de bord de mer sont d’abord refroidies par l’eau de mer.