« En marche pour la paix » au concert éponyme à Allonnes, le vendredi 20 septembre 2019


Allonnes – Vendredi 20 septembre 2019, de 18 heures à 23 heures, salle Jean-Carmet

Village des Droits humains

Le collectif 72 « En marche pour la paix » était bien présent à cette troisième édition du concert pour la paix à Allonnes. Rappelons aux distrait·e·s que le groupe SdN 72 est partie prenante de ce collectif d’une quinzaine d’associations et organisations sarthoises (cf. liste ci-contre), depuis l’origine.

De 18 heures à plus de 20 heures, une quinzaine d’autres associations en adéquation avec les valeurs du village présentaient leurs activités sur le parking, face à la salle Jean-Carmet. Cette édition, organisée par la municipalité d’Allonnes et la régie d’Excelsior, portait plus particulièrement sur les Droits de l’enfant.

Cette bonne paire d’heures fut un temps de rencontres, d’échanges, de propositions et de convivialité autour du thème de la paix, du désarmement nucléaire, avec un focus particulier sur le Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN) et la responsabilité de la France de s’obstiner dans son refus de rejoindre les 122 pays (sur 192) qui l’ont voté à l’assemblée générale des Nations unies, le 7 juillet 2017. À ce jour, 70 l’ont signé et 26 l’ont aussi ratifié. Rappelons que le TIAN s’imposera à tous dès lors que 50 États l’auront signé et ratifié.

Bien sûr, le collectage de signatures pour la pétition enjoignant « nos » dirigeants à revoir leur position sur la signature du TIAN faisait partie de la soirée en présence d’un négociateur sarthois du TIAN en personne : le Fléchois Gérard Halie, du Mouvement de la paix. De quoi faire retourner dans sa tombe cet autre Fléchois, Pierre Guillaumat ­(1909-1991), père de la bombe atomique française (chargé aussi par Charles De Gaulle de la politique d’indépendance énergétique de la France [1]) bien évidemment brution formé au prytanée militaire de la ville que commandait son père.

Le collectif 72 « En marche pour la paix » proposait également un rendez-vous le lendemain, à 17 heures, place de la République au Mans, pour la Journée internationale pour la paix et le climat, et des convergences avec les ramarcheurs de la journée mondiale World clean-up day opérant sur la ville du Mans mais aussi à la périphérie, Saint-Georges-du-Bois, etc.

Éducation populaire

Le collectif 72 « En marche pour la paix » avait évidemment communiqué sur les réseaux sociaux, via ses organisations actives avec le flyer en pièce jointe, infra, mais aussi de manière plus traditionnelle avec des distributions à la fac et sur les lycées du Mans et d’Allonnes.

La dissuasion, la riposte graduée, etc., autant de thèmes et de concepts chers à de patentés états-majors et à beaucoup de politiques alignés qu’on aimerait bien aborder avec la toute nouvelle structure d’éducation populaire dite « Université populaire d’Allonnes » qui traitait du sujet de « l’infobésité » la semaine suivante.

Prix Yvon-Luby pour une culture de paix

À la mi-temps des concerts, le troisième prix Culture de paix Yvon-Luby (ex-maire) a été attribué au Secours populaire sarthois, abondé d’un chèque de 1 500 € et valorisé d’une œuvre réalisée par le service Jeunesse [2]. On ne peut que saluer l’incommensurable générosité et l’abnégation des personnes œuvrant dans cette organisation pour « réparer », tant que faire se peut, les iniquités sociales auprès des plus démunis, générées par des décennies de libéralisme.

Allonnes signataire de l’Appel des villes : explication

Ceux qui nous suivent se souviennent que la ville d’Allonnes adhère à l’association Mayor for Peace (Mairies et maires pour la paix, initiée par celle d’Hiroshima), c’est là : . La ville, à l’unanimité de ses élus (conseil municipal du 28 juin 2019), a décidé de signer l’appel de l’ICAN  (International Campaign to Abolish Nuclear Weapons) destiné aux villes dont le pays n’a pas ratifié le TIAN [3] (Paris l’a signé, quid de la ville du Mans). Rappelons que ce collectif d’associations réunies dans l’ICAN a reçu le Prix Nobel de la paix 2017 pour sa campagne sur le TIAN (supra). Ci-dessous, nous vous soumettons son message lu par une jeune Allonnaise :

« Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs,
Nous regrettons pleinement de ne pas être à vos côtés pour célébrer cette soirée sur la paix et le désarmement nucléaire et nous vous remercions de nous donner la parole via ce message.

Aucune ville n’a le droit d’être ciblée par une arme de destruction massive.

Aucune ville n’a le droit d’être détruite par des armes nucléaires. Pourtant, c’est ce schéma qui est inscrit dans les plans de frappe des différentes États qui possèdent des armes nucléaires. Et ce danger est permanent puisque des sous-marins, disposant de missiles nucléaires, sont prêts à frapper 24 heures sur 24.

Cette information n’est malheureusement pas nouvelle puisque depuis des décennies les populations civiles sont la cible des armes nucléaires : la Russie vise la France et la France vise les populations de Moscou, de Saint-Petersbourg ou encore de Chine, tous ces missiles visent des écoles, des hôpitaux, des monuments historiques.

C’est dans ce contexte, en 2007, qu’une nouvelle campagne sur le désarmement nucléaire est née : ICAN (pour Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires), ICAN France étant la branche nationale de cette campagne. Cette campagne est née pour informer et mobiliser toutes les populations autour des conséquences humanitaires des armes nucléaires et des risques qu’elles font courir pour la sécurité humaine. Notre campagne, qui a eu l’honneur de recevoir le prix Nobel de la paix en 2017, a reçu un large soutien international. Un soutien si fort que nous sommes parvenus, avec l’appui de cent vingt-deux États à l’ONU, à la mise en place d’un traité pour interdire les armes nucléaires. Un traité qui sera force de loi internationale en 2020.

Ce traité est une révolution juridique et politique. En effet, depuis 1945, il n’existait aucune norme internationale qui interdisait complètement la plus puissante des armes conçues par l’Homme. Une arme qui donne à l’humanité le choix du suicide collectif.

La France va au cours de ces années doubler son budget destiné aux armes nucléaires, passant en quelques années de 3,5 milliards d’euros à 6 milliards d’euros à l’horizon 2025. Sa vision de l’arrivée de ce traité sur la scène internationale est extrêmement négative et ardemment combattue au sein de l’ONU, preuve qu’un instrument juridique pèse sur la conscience des autorités politiques.

Mais si combattre les armes nucléaires au niveau international est une nécessité, notre campagne a aussi décidé de les combattre au niveau local avec l’appui des populations dans l’objectif de générer un large soutien de l’opinion publique pour interdire les armes nucléaires ;

C’est dans ce cadre que notre campagne a rencontré Allonnes et M. Leproust !

En effet, votre ville a décidé, et nous l’en remercions, de signer l’Appel des villes.

Le maire a une pleine responsabilité pour assurer la sécurité de sa population. Il l’assure au travers d’une sécurité publique, sanitaire, économique et un environnement sain. Chacune de ses politiques réalisées ont pour objectif que ses concitoyens vivent dans les meilleures conditions. Un maire responsable ne peut donc pas ignorer une menace, c’est son devoir d’agir. Et la menace nucléaire est une réalité. Certes, vous ne la percevez pas à chaque instant, et c’est heureux, mais elle est bien une réalité.

En signant cet appel, Allonnes, accompagné de nombreuses autres villes en France dont Paris et Grenoble et de villes à travers le monde comme Berne, Berlin, Washington, Bruges et bien d‘autres, réalise une pression auprès des autorités politiques. Une pression qui est réelle, à tel point que les autorités politiques s’inquiètent de la prolifération de signataires à cet appel.

La simple signature de votre maire montre que chaque acte est précieux pour faire avancer le désarmement nucléaire et une plus grande sécurité pour tous.

Chacun peut agir.

Chacun peut relayer cet appel auprès des villes, chaque jeune peut décider d’encourager son professeur de faire une conférence sur ce sujet, chaque citoyen peut demander à sa banque pourquoi celle-ci investit son argent dans des entreprises qui fabriquent des armes nucléaires ; et enfin, chacun peut demander à son parlementaire pourquoi il accepte de voter un budget pour des armes de destruction massive.

Il est temps en 2019 que les générations actuelles mettent un terme à l’équilibre de la terreur pour le bien-être des générations futures.

Merci.

Pour ICAN France, organisation prix Nobel de la Paix 2017 : Jean-Marie Collin. »

Concerts Pierre Danaë et Touré Kunda

Passée l’agora associative, la soirée s’est poursuivie en musique ! Avec pas moins de 600 spectateurs aux concerts du Sabolien Pierre Danaë, finaliste de The Voice [3], et du groupe sénégalais Touré Kunda. Chacun à sa manière, le soliste, les deux frères Touré et le groupe tête d’affiche n’ont pas manqué eux aussi de marquer leur attachement à la paix et de la célébrer.

« La première victime de la guerre [et du nucléaire], c’est la vérité » Rudyard Kipling, complémenté… (cf. visuel, la paternité de cette maxime n’est pas garantie).


Ce même vendredi après-midi, des lycéen·ne·s et étudiant·e·s de la Sarthe ont répondu à l’appel mondial du Collectif de la jeunesse pour le climat initié par la Suédoise Greta Thunberg. Ils étaient près de 400 à 500, au Mans, à boucler une marche partie de la place Aristide-Briand, passant par la gare, les quais, la rue Gambetta et finissant place de la République par un die in silencieux d’une minute. Plus de 200 à La Flèche, place Henri-IV…

Aux même heures que le Village des droits humains, Bertrand Thébault (dont nous ne connaissons pas l’ouvrage), auteur de Némésis, remettons le monde à l’endroit (avec son approche personnelle de l’énergie nucléaire), était reçu pour une rencontre dédicace à la librairie Thuard. Il sera à nouveau aux côtés de son éditeur Amalthée au Salon Lire et faire lire (ex-25e heure du Livre) au Mans, le samedi 12 octobre prochain, à partir de 10 heures.


[1] Sur trois décennies, il sera tour à tour directeur des carburants, ministre chargé de l’énergie atomique, président d’EDF.

[2] Le prix Culture de paix Yvon-Luby, qui récompense une association, une personne ou une action pour la paix sur le territoire allonnais, a été décerné à l’ARAC, en 2017, c’est là : , et au collège Le Marin, en 2018.

[3] Le même conseil municipal a également déclaré l’urgence Biodiversité Climat.

[4] Originaire du Mans, le désormais Sabolien inaugurait sa première scène en Sarthe. Musique classée pop groove, un album devrait paraître en 2021.


Illustration : visuel « Allonnes en fête ». Photos : SdN 72. Visuel citation : SdN 72.

Addenda. — En pleine rédaction de ce texte, nous apprenons la mort de l’ex-président Jacques Chirac (1932-2019).

Pour les militants antinucléaires de base que nous sommes, il restera l’obligé, le militant, voire le leader de partis qui ont invariablement accompagné et imposé le nucléaire civil et militaire : UDF (dont il n’était pas), RPR (1976-2002), UMP (2002-2015)… et qui, lorsqu’il sera aux manettes comme député (cinq fois) ; maire de Paris (1977-1995) ; Premier ministre (1974-1976) sous la présidence du très nucléocrate Valéry Giscard d’Estaing, et sous celle de François Mitterrand (1986-1988), autre nucléocrate invétéré ayant quand même recalé le projet de centrale à Plogoff, par pure stratégie électorale, et décidé d’un moratoire sur les essais nucléaires en Polynésie en 1991 ; avec l’appui technique de Pierre Pellerin, il orchestrera l’omerta sur la dangerosité du nuage de Tchernobyl (cf. citation, supra) ; puis, président (1995-2002, 2002-2007), il accompagnera et/ou co-décidera l’industrialisation et la recherche nucléaires (Chooz, Civaux, ASTRID [2006, ajourné en 2019], ITER [novembre 2006]).

Ex-signataire de l’appel de Stokholm — d’inspiration communiste — en 1950 (pétition contre l’armement nucléaire lancée par le Mouvement mondial des partisans de la paix et par Frédéric Joliot-Curie), Chirac annoncera le 13 juin 1995 la relance des essais nucléaires souterrains dans l’océan Pacifique, quelques jours avant le cinquantenaire des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki (le premier essai de cette nouvelle série sera effectif le 5 septembre, cinq autres suivront : 4 à Mururoa et 2 à Fangatufa).

Il évoquera bien, aussi, « La fracture sociale » (formule empruntée à Olivier Todd) sans jamais amorcer le début d’un commencement d’une mesure efficace pour l’enrayer quand ce ne sera pas pour l’aggraver. Mais que le susdit Secours populaire, lui, s’est employé à cautériser (cf. prix Yvon-Luby, supra).

Dernière démagogie, la formule prononcée en ouverture du discours du IVe Sommet de la Terre, le 2 septembre 2002 à Johannesbourg : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs » (empruntée à Jean-Paul Deléage, historien des sciences et de l’environnement) restera lettre morte, sans volonté réelle d’y remédier ni aucune mesure et moyen proportionnés pour y parvenir.

Et ceci n’est qu’un addenda, à chaud… Un véritable inventaire serait à faire. S’être abstenu d’emboîter le pas aux va-t-en-guerre US contre l’Irak ne saurait l’absoudre du reste !