Après Le Monde, Roger Cans a aussi quitté ce monde


Mercredi 30 novembre 2018 — Saint-Jean-de-la-Motte

Roger Cans n’est plus. Il est décédé dans la nuit du 28 novembre, à Saint-Jean-de-la-Motte. Ancien journaliste au Monde, écrivain, retraité retiré dans le sud de la Sarthe, il y menait une intense activité en qualité de naturaliste et d’environnementaliste passionné et passionnant.

Alors que nous tractions pour le rassemblement antinucléaire dit FuKuChiNON [1] lors de la soirée de soutien à NDDL du 4 février 2014 au Royal, animé par son ancien collègue du Monde Hervé Kempf, désormais journaliste-animateur du site web Reporterre, il nous avait offert son livre Petite histoire du mouvement écolo en France. En page de garde, Il y avait joint cette dédicace : « À (nom) cette Petite (partie du titre qu’il avait pris soin de barrer) histoire du mouvement écolo en France qui ne fait que commencer et qui se poursuit à Notre-Dame-des-Landes ». Décédé trop tôt à l’age de 73 ans, il aura néanmoins connu l’abandon du démentiel projet aéroportuaire de Notre-Dame-des-Landes. Renoncement qui préservera d’autant la faune et la flore qu’il chérissait tant.

Nous lui devons aussi quelques emprunts à la biographie qu’il avait écrit sur Théodore Monod pour le portrait que nous avions fait de lui sur ce site. De l’antinucléaire, de l’antimilitariste, de l’antichasse, du naturaliste… qui a donné son nom au parc public du bas de la rue Gambetta au Mans, en lieu et place d’une caserne, c’est là : . On y devine combien il partageait ses passions, ses engagements, ses espérances et combien il chérissait le personnage. Merci au « Grand déserteur » et à son biographe !

Roger Cans avait vu le jour et grandi dans les Yvelines. Ses étés en culotte courte, il les passait souvent en Mayenne (il écrira et dédicacera son ouvrage La bataille de l’eau au village de Fontaine-Daniel, célèbre pour ses toiles [tissus] de Mayenne). Puis la bougeotte et la curiosité l’empoignent : Gabon, Maroc, Grèce, Asie, Sicile, Israël… il se stabilise — un temps — à Phnom Penh comme prof de français, puis aux États-Unis et travaille alors pour La Voix de l’Amérique. Passées les premières piges pour La Réforme, Nice-Matin, La Tribune de LausanneLe Monde l’embauchera en 1976, au service Éducation, puis il reprendra la rubrique environnement du quotidien du soir de 1983 à 1996 (journal peu penché à l’époque sur l’écologie stricto sensu ni sur l’écologie politique, et disons-le : nucléophile ; il s’évertuera à le faire évoluer). En 1985, embarqué un temps sur le Rainbow Warrior de Greenpeace, il couvrira la « pétardisation » du navire amiral de l’association par les services secrets français avant que le bâtiment ne cingle vers le périmètre de tir d’essai d’une des bombes atomiques françaises à Mururoa. « Solde » : un mort, Fernando Pereira !

Puis l’envie de « voler de ses propres ailes » lui vient. Il devient journaliste indépendant, biographe, essayiste, réalisateur de documentaires (pour l’émission Gaïa, sur France 5), conférencier et même peintre animalier, son dada depuis l’enfance. Il nous a laissé les biographies de gens remarquables (Haroun Tazieff, Théodore Monod… cf. supra et bibliographie infra) et quelques ouvrages relatifs à l’écologie. De son univers nourri de diversité faunistique et floristique, de son souci de préservation de la biodiversité, il avait fait son métier, qui, plus tard, accaparera son temps libéré, vers 2006.

Là, il s’installe en Sarthe. Rapidement, on le retrouve bénévole dévoué au CPIE (Centre permanent d’initiatives pour l’environnement) de la Sarthe et du Loir, c’est ici : , puis, comme administrateur de l’association (2016) et aussi membre actif d’une seconde association locale, Fous de Nature, c’est là : [2].  Chacune lui ont rendu hommage (cf. sites), mieux que nous ne saurions le faire. De même, Europe Écologie Les Verts, c’est là : .

Cette vigie, il l’exerçait aussi sur les affaires de ce monde. Avec lui, en 2013, les Mottais·es se mobiliserons pour un autre système de collecte de déchets pour leur commune.

Nos pensées vont d’abord à sa compagne, juriste de l’environnement et de l’urbanisme et ancienne enseignante à la Fac de droit du Mans, et à ses proches.

Ses ouvrages (liste non exhaustive) :

Nature(s) morte(s), éd. Grandvaux Eds, 2015.

Théodore Monod : savant tout terrain, éd. Sang de la Terre, 2009, 317 p.

Petite histoire du mouvement écolo en France, éd. Delachaux et Niestlé (collection Changer d’Ère), 2006, 318 p.

Pour que vive la terre (avec Benoît Hopquin), éd. EpA, 2003, 175 p.

En effeuillant l’Amérique, éd. Denoël, 2001, 239 p.

La ruée vers l’eau, éd. Gallimard, 2001, 224 p.

La forêt, livre CD, éd. Fleurus, 1998.

Tazieff : le joueur de feu, éd. Sang de la Terre, 1998, 287 p.

Cousteau : Captain Planet, éd. Sang de la Terre, 1997, 317 p.

Les flibustiers de la science : Bombard, Cousteau, Tazieff et Victor, éd. Sang de la Terre, 1997, 262 p.

La bataille de l’eau, éd. Le Monde/Folio, 1994, 224 p.

Tous verts ! La surenchère écologique, éd. Calmann Levy, 1994, 233 p.

La passion de la Terre, éd. First, 1991.

Le monde poubelle, éd. First, 1990, 290 p.


[1] C’est ici :  et là : .

[2] Depuis 2011, il était aussi au conseil d’administration et secrétaire général de l’association Journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie.


Crédit photo : auteur inconnu, capture du site d’Europe Écologie Les Verts (cf. supra). On rectifie dès que signalé.