COP 21 : Éveil, pédagogie, conférences, marche, chaîne, Climarathon (samedi 28 novembre 2015)


Samedi 28 novembre 2015, de 9 h à 18 h — Le Mans et plus

À l’approche de la COnférence des Parties (Cop 21), censée nous préserver du réchauffemet climatique, organisée au Bourget (N-E de Paris), des initiatives et intentions locales éparses ont finalement accouché d’une Coalition Climat 72 (1). Sorte de copié-collé de la Coalition Climat nationale projetée au niveau départemental, avec, on le devine, moins d’organisations, mais toutes avec la ferme intention de peser fortement sur les orientations de la conférence sur le climat tout en disqualifiant le nucléaire de l’inventaire des options à retenir pour y parvenir, en ce qui nous concerne.

Peser ! C’était sans compter sur les horribles massacres du vendredi 13 novembre à Paris, la proclamation de l’état d’urgence (2) et du pernicieux usage qui en sera fait pour museler tout mouvement social et citoyen, avant, pendant, après la Cop 21. L’occasion faisant le larron, un nouvel arsenal législatif, judiciaire et policier devrait hélas suivre.

Alors, on lâche rien ? Si ! Pour autant, on n’a pas lâché TOUT le morceau !

De quoi la COP 21 est-elle le nom ?

La COP 21, pour COnférence des Parties, désigne, depuis 1995, la réunion annuelle des signataires de la convention climat conclue en 1992 au sommet de Rio. Elle a pour vocation de limiter le réchauffement climatique induit par l’activité humaine, son accroissement démographique, ses modèles économiques et industriels, ses infrastructures, son consumérisme, son alimentation, sa mobilité, son gaspillage, à au plus 2° d’ici la fin de ce siècle.

Bémol. Elle est aussi une émanation de l’ONU, donc des Etats qui la composent, en général plus préoccupés par l’immédiateté, leur pérennité et la reconductibilité de ceux qui les dirigent qu’à faire bouger les lignes. Eux-mêmes soumis à des économies libérales (voire ultra-libérales) et aux diktats des groupes multinationaux qui font la pluie et le beau temps climatique, et pas que !

Deuxième bémol. Créé en 1988, le GIEC, Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat, est en quelque sorte l’observatoire. Intergouvernemental. Plus politique que scientifique donc, même s’il s’appuie essentiellement sur des chercheurs, eux-même phagocytés par leurs financeurs, voire attachés pour certains à de longues carrières dans le nucléaire pour ne citer que cette filière (ex. pour la France : J. Jouzel). Des tutelles qui impriment parfois les sciences et les consciences.

Troisième bémol. Les mécènes, sponsors, lobbies, multinationales (aucune mention n’est à rayer) de cette conférence, en mal de greenwashing, sont souvent des entreprises charbonnées, carbonées et/ou atomisées (voire les trois à la fois) ou investissant dedans. Pour cette dernière opportunité et ses combinaisons franco-françaises, nous retiendrons EDF, Engie, CEA, BNP-Paribas, Michelin…

Quatrième bémol. Le président de cette Conférence des parties (jusqu’à la COP 22, en novembre 2016, à Marrakech) n’est autre que Laurent Fabius, chaud partisan du nucléaire en général et d’un deuxième EPR à Penly en particulier. L’ancien ministre de l’économie et des finances (2000-2002), on le voit, a toujours des choix économiques et technologiques avisés (celui de Flamanville a triplé le budget) !

Nous en resterons là avec nos réserves, mais nous aurions de nombreux demi-tons à ajouter à cette partition pour garder la mesure.

13 novembre et état d’urgence : une logique sécuritaire fort opportune

Cop 21 Climarathon 7La Coalition Climat 72 avait envisagé cette journée de mobilisation à la veille de l’ouverture de la Cop 21 en deux temps (et le samedi pour permettre aux Sarthois.e.s qui le désiraient de manifester à Paris le lendemain). Une première demi-journée ludique et pédagogique en intérieur, une seconde plus festive, massive et revendicative en extérieur. Au prétexte d’un manque d’effectif de police (mobilisé dans le cadre de Vigipirate, du marché de Noël, en gare du Mans, etc.) pour sécuriser cette deuxième partie des réjouissances, la préfecture recalera la marche nocturne « rallumons les étoiles » (aux sources lumineuses voulues plurielles, chamarrées et renouvelables) et la disco’soupe prévue en fin d’après-midi (3), tout en laissant une porte « ouverte » à d’autres styles de manifestations, mais… avec le pied dans l’entrebaîllement.

En deuxième choix, le collectif avait donc retenu « une chaîne pour le climat de paix », doublée, triplée… (soyons fous !) entre les places des Jacobins, de la Sirène, Saint-Nicolas et de la République. Un plan B, un temps avalisé par la préfecture puis interdit le lendemain (vendredi) par arrêté préfectoral (cf. l’arrêté, ci-dessous). Des chaînes qui seront pourtant autorisées à Paris, Nantes, Rennes… ou simplement tolérées comme à La Flèche (cf. intra). Restait à activer un plan C, totalement improvisé celui-là ! C, comme Climarathon (cf. paragraphe dédié) !

Ateliers et conférences

Cop 21 Climarathon 6Dans son extrême largesse, la préfète de la Sarthe, Corinne Orzechowski, n’avait pas interdit nos manifestations couvertes. Les jeux de rôles et de simulation, mêlant géopolitique et négociations pour le climat, s’adressant aux petits et aux grands, animés par les Petits débrouillards (dont certains ateliers programmés en amont de la Coalition Climat 72), ont donc pu se tenir comme prévu. Idem pour les ateliers créatifs et conviviaux de fabrication de moulins à vent en papier, identifiants très symboliques de l’éolien et des EnR à l’usage des réjouissances de l’après-midi. On le verra, l’interdiction va générer d’autres ateliers.

Cop 21 Climarathon 6Deux conférences-discussions à destination des adultes ponctuaient le début de l’après-midi.

— La première : « Les ingrédients de la démocratie. Le pouvoir est-il dans l’assiette ? » présenté par ???Merci aux contributeurs de complèter par qqs phrases !

— La seconde : « Le nucléaire n’est pas une solution au réchauffement climatique » présentée par Martial Château, ur de notre spécificité militante et de notre campagne 2015 qui mériterait d’être développé ici. Pour éviter toute redondance, nous vous renvoyons à deux liens de ce blog où nous avons rendu compte de conférences abordant ce même thème : l’une en amont de cette journée, dans le prolongement d’Alternatiba, à la librairie Thuard, le 22 septembre, c’est ici : ? ; la seconde à l’occasion de la « tracto-vélo » de Notre-Dame-des-Landes à Paris, de passage à La Flèche, le 23 novembre, c’est là : ?.

Quid du « Climarathon »

Cop 21 Climarathon 1Dans le cadre étriqué de l’état d’urgence (4) — seules, les manifestations sportives et de marchandisage étant autorisées (ex. les marchés de Noël) —, au débotté, la Coalition a décidé de contourner l’interdiction de la marche nocturne, puis de la chaîne, par un Climarathon « dans les clous » en cœur de ville (sportif, en terrasse, décrispé, mais… ni compétitif ni commercial pour un sou !)

Cop 21 Climarathon "Du coup, l’atelier moulins à vent s’est vu renforcé par des ateliers flambeaux, dossards, panneaux pour cette ubuesque compétition improvisée dans le centre-ville : « course » à pied en relais ou à vélo, avec, pour flambeaux olympiques, de symboliques éoliennes (moulins à vent en cellulose), et, sur le parcours, de nombreux et bruyants supporters installés (ou pas) aux terrasses des cafés Cop 21 Climarathon 3que les autorités, souvenez-vous, recommandaient de réinvestir (rappel : « Je suis Charlie », devenu : « Je suis en terrasse »). Ritournelle des interpellations : « Sauvons le climat, pas le système ! », « Le nucléaire ne sauvera pas le climat ! », « Chauffe la lutte, pas le climat ! »« suites des slogans, contributions souhaitées ».

Cette intervention sportive et festive originale nous a permis d’interpeller passants et chalands affairés à d’autres priorités (Noël évidemment) et censés rangés aux dérives sécuritaires, d’échanger avec eux dans une ambiance détendue Cop 21 Climarathon 4et souvent enthousiaste, voire même de déclencher leurs encouragements. 

La « disco’soupe » publique ayant elle aussi été interdite, la journée s’est conclue par une soupe partagée, mais en cercle réduit (mitonnée en amont, merci aux jardiniers et jardinières, éplucheurs et éplucheuses, marmitons et marmitonnes).

29 novembre, à Paris

Le dimanche, plusieurs groupes de Sarthois.e.s ont également participé à la « Chaîne humaine pour un climat de Paix », à Paris (interdite, la veille, au Mans), entre Oberkampf et Nation, avec un pôle antinucléaire vers la place Léon-Blum. Le minimum « syndical » d’expression concédé par les pouvoirs publics sur les voies et places de la capitale, hôte de la Cop 21, après une interdiction totale de manifester. Symboliquement, la place de la République avait été recouverte de milliers de paires de chaussures.

La police a dénombré 4 500 maillons humains, les organisateurs le double ! Une petite performance, mais une performance quand même après les meurtriers attentats et ses corollaires restrictifs et répressifs (iniques interdictions des rassemblements et protestations, perquisitions, gardes à vue et assignations à résidence de miitants écologiques) qui en découlent, limitant une véritable démonstration numérique. La tentation d’un sommet international lisse et débarrassé de toute contestation, quasi exaucé grâce à l’état d’urgence… Mais la mesure fait tache !


29 novembre, à La Flèche

Lancée sur une initiative de Mary Bony (déjà nommée dans la presse locale) et de ses amis, une chaîne humaine d’une centaine de personnes s’est constituée en ribambelle le long de la Grande-Rue de La Flèche, le dimanche 29 novembre, premier jour de la COP 21.


1er décembreau Mans

Mardi 1er décembre, le CCFD (Comité catholique contre la faim et pour le développent), Terre Solidaire et l’association des lecteurs des Amis de la Vie avaient organisé une journée de « Jeûne pour le climat » ouvert à tous (une façon de dire « stop » aux modes de consommation habituels) à la Maison du citoyen, place des Comtes-du-Maine.


(1) La Coalition Climat 72 regroupe individuellement ou de façon représentative militants associatifs, syndicaux et politiques. Les membres de la Coalition Climat Sarthe : Collectif Alternatiba Le Mans, Collectif pour une Terre plus humaine, FSU 72, Sortir du nucléaire 72, Peuples solidaires, Artisans du monde, Les Petits débrouillards, ATTAC 72, Parti de Gauche 72, Nouvelle Donne 72, Ensemble ! 72, GAB 72, UNEF Le Mans, Le Mans Renouveau Citoyen, Association des maires ruraux de la Sarthe, CCFD-Terre Solidaire, EÉ-LV, L’Escampe, NPA, Ligue des droits de l’Homme, Terre de liens.

(2) Qui sera prolongée de trois mois par l’Assemblée nationale le jeudi 19 novembre avec seulement 6 voix contre…

(3) Plus une méditation collective organisée hors Coalition. 

(4) Avec activistes écologiques perquisitionnés, en garde à vue ou assignés à résidence, manifestations interdites… Et toute la société civile muselée pendant toute la COP 21.


Photos : SDN 72.