SDN 72 à la 25e Heure du Livre 2014, au Mans


Samedi 4 et dimanche 5 octobre 2014 – Le Mans

25e Heure du Livre -1-2014Retour géographique aux quinconces des Jacobins pour cette nouvelle édition de la 25e Heure du Livre, dans une configuration et une jauge complètement remodelée (1). Elle était aussi consacrée aux peuples du Congo et programmée une semaine plus tôt qu’à son habitude pour ne pas faire doublon avec le festival « Étonnants voyageurs » de Saint-Malo. Nous y étions présents comme chaque année depuis des lustres sur un stand partagé avec Stop OGM, sans auteur invité mais avec une conférence-débat (cf. intra).

La plage 15-17 heures a objectivement été le temps fort de ces deux jours. A quatre en moyenne, nous n’étions pas de trop pour tordre le cou à la désinformation savamment mise en musique par le lobby nucléaire, relayée et ânonnée par les médias, grands fabriquants d’opinion. 

Quatre exemples redondants des objections de nos interlocuteurs sur les marchés, Salons, débats :

L’Allemagne (qui doit sortir du nucléaire en 2022 et ferme des réacteurs) importe de l’électricité nucléaire à la France. Faux ! Globalement, la France importe plus d’électricité à l’Allemagne qu’elle en exporte, chacun peut le vérifier sur le site officiel de RTE ! C’est là : , à la page 17. Mais, en plus, la transaction ne se fait pas au même prix (2).

L’Allemagne produit plus de CO2 depuis qu’elle ferme des réacteurs et qu’elle produit de l’électricité à partir de la lignite dans des centrales thermiques. Faux ! Elle en produit moins aujourd’hui que dans les années 2000, grâce au renouvellement de son parc de centrales à flamme beaucoup plus performantes et surtout à un déploiement diversifié d’énergies alternatives.

3 Vous voulez couvrir le pays d’éoliennes. Faux ! Nous défendons la sobriété (consommer moins et mieux), l’efficacité (interdire le chauffage électrique, remplacer le parc existant [propositions UFC Que choisir par exemple], isoler, isoler…) et la diversité énergétique (biomasse, solaire, géothermie, méthanisation, hydroélectricité, houlomotricité, éolien terrestre et off-shore). A la différence d’une volonté politique, les techniques, elles, ne manquent pas !

4 Les éoliennes sont abusivement subventionnées, les petits parcs inefficaces. Faux ! Partout dans le monde, l’éolien croît alors que, à l’inverse, le nucléaire décroît et devient une énergie du passé. Le modeste parc éolien français (une misère par rapport à nos voisins) a produit plus de 8 000 mW en 2013 (cf. le site RTE cité). La perfide Albion aurait-elle raison contre ses voisins ? Espagne, Allemagne, Danemark, Italie (qui elle aussi a abandonné le nucléaire depuis 1987, suite à Tchernobyl). Il serait enfin temps d’arrêter de se penser comme les plus ingénus de la planète !

Rencontres

D’autres idées reçues hélas abondent… Pas sûr que nous soyons toujours pertinents ! Pourtant, certain-e-s et des plus inflexibles vacillent. Pas le compagnon de cette salariée de la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux (aujourd’hui Saint-Laurent-Nouan) qui, lui, restera droit dans ses bottes. Pourtant, elle — qui y travaille — fléchit à l’évocation du début de fonte du cœur du réacteur n° 2 de cette centrale en 1980 (le 13 mars) classé n° 4 sur l’échelle INES qui compte huit niveaux mais dont le zénith est… 7 (3). Vingt-neuf mois de réparation… Vous avez dit intermittence des énergies renouvelables ? (autre billevesée redondante). Ce n’est pas tout ! Dans la même centrale, sur le réacteur n° 1 cette fois, le 17 octobre 1969, une mauvaise manip’ lors du chargement du cœur avait entraîné la fusion de 50 kg d’uranium. Soit deux accidents majeurs dans cette centrale située à moins de 110 km du Mans, 66 km de Saint-Calais…

L’exercice a aussi ses plaisantes rencontres. A l’exemple de cette belle personne, sexagénaire, longtemps voisine de la centrale de Chooz (prononcez Chô), trois réacteurs dont un en déconstruction, dont elle apercevait quotidiennement les tours de refroidissement et leur panache blanc émergeant des collines ardennaises avant qu’elle ne s’installe dans la Sarthe. Entre ses craintes et ses encouragements, c’est son doux sourire qui m’accompagne encore.

La meilleur défausse c’est l’attaque ?

25e heure 2014 Steph Le Foll

Nouvelle  envolée cynique de Le Foll, ministre de l’agriculture, qui, à l’approche de notre stand, balance à propos du nucléaire : « C’est ça ou le gaz de schiste ! » Une équation réductrice qu’il ne partage même pas, mais qu’en terrain connu, voire de têtes connues, lui permet de toiser son monde et de couper court à tout dialogue avec des interlocuteurs qu’il fuit désormais régulièrement.

Promo X 2

Le week-end a aussi été l’occasion de distribuer deux imprimés (cf. affichette et tract ci-dessous ) sur les prochaines activités de SDN 72.

— Le premier concerne l’invitation de Sezin Topçu, auteure de La France nucléaire ­— L’art de gouverner une technologie contestée, à la librairie Thuard, qui décryptera un demi-siècle d’évolution des stratégies et de la communication des organismes nucléaires, politiques, et de ceux qui les ont portées ou accompagnées pour en forcer l’acceptation, voire l’adhésion de la population.

— Le second concerne la manifestation parisienne contre le World Nuclear Exhibition du Bourget, du 14 au 16 octobre. Soit le premier Salon international en Europe de la filière nucléaire pour en faire la promotion, l’exportation, la prolifération… alors que le Parlement est en plein débat sur l’avenir énergétique. Une manifestation qui verra la convergence de trois défilés : contre le nucléaire, le gaz de schiste et l’accord TAFTA.

25e Heure25e Heure du L 2014 Débat déchets N du L 2014 Débat

Débats

François Mativet, militant administrateur du Réseau Sortir du nucléaire n’étant plus disponible, c’est Martial Château, de SDN 72, qui fera office d’orateur pour la conférence intitulée « Déchets nucléaires : que penser du projet d’enfouissement CIGÉO ? » le dimanche, à 17 heures (cf. photo). Bon exposé et bonne relance du public pour ce plateau prévu en fin de Salon.

Un autre débat entre Jacques Gouffé (adjoint EÉ-LV au maire du Mans chargé de la transition énergétique) et Le Floch-Prigent (ancien grand patron d’Elf, président de la SNCF, j’en passe et des casseroles) a abordé le nucléaire. C’est là : .


(1) En extérieur  pour les associations, sous un barnum pour les éditeurs et les débats, à l’intérieur du nouveau complexe culturel des Quinconces pour les librairies, écrivains et radios, et au Carré Plantagenêt pour le Salon des enfants. La jauge — équipement et gens de plume — était voulue « décroissante », cette année. Moins de barnums et le panel des auteurs revu à la baisse (divisé par deux). Une attention touchante de J-C Boulard, condescendant à l’égard de ses collègues de plume qui ne signent ni ne vendent leur ouvrage. Une sollicitude qui cache mal une recherche d’économies pour payer le stade…

(2) La France exporte de l’électricité (Allemagne, Suisse, Espagne) à bas prix, aux creux de la demande, mais importe à prix fort lors des pics de grand froid… Ex. : la Suisse abonde ses barrages STEP (station de transfert d’énergie par pompage) en important de l’électricité pour peanuts pour la redistribuer chèrement aux Français quand ils se les pèlent…

(3) Classement de 0 à 7, donc huit niveaux. Sept correspond à l’accident de Tchernobyl.


Crédits photos : SDN 72 et Ph. Roussel.

 

aff-sezin-topcu La France nucléaire

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