Tribune : La relance du nucléaire ? Surtout pas !


La Commission nationale du débat public (CNDP) organise un débat public* de quatre mois, du 27 octobre 2022 au 27 février 2023, sur  le projet de construction de deux réacteurs nucléaires « EPR2 » sur le site de Penly, dans le cadre de la proposition de programme de nouveaux réacteurs nucléaires en France d’EDF.

Pour exprimer son opposition à la relance du nucléaire, le Collectif antinucléaire Ouest a rédigé une tribune signée par plus de cinquante associations et organisations, et ouverte aux signatures individuelles.

Lien pour signer la Tribune

Lien pour accéder à la liste des signataires


Soixante-dix-sept ans après les bombardements d’Hiroshima et Nagasaki, 36 ans après la catastrophe de Tchernobyl et 11 ans après celle de Fukushima, alors que la menace grandit autour de la centrale de Zaporijia en Ukraine, faisant craindre le pire pour l’Europe, nous réaffirmons collectivement que :

La relance du nucléaire ? Surtout pas !

Six bonnes raisons :

Trop risqué

La guerre en Ukraine, pays nucléarisé, démontre les risques immenses que font courir les centrales nucléaires. Elles deviennent des armes, des buts de guerre et des cibles. Tchernobyl et Fukushima ont aussi malheureusement démontré que le risque de catastrophe est avéré et les conséquences incommensurables en font une énergie inacceptable à tout point de vue. En France, à au moins trois reprises, la catastrophe a été frôlée (Saint- Laurent-Nouan, 1969 et 1980, et Blayais, décembre 1999). Construire à nouveau des réacteurs, c’est repartir pour soixante ans de risque.

Trop tard

Le dérèglement climatique est là et c’est maintenant qu’il faut mettre en œuvre les mesures pour diminuer les gaz à effet de serre. Pas dans 10 ou 20 ans. Or, le temps de construction d’un réacteur EPR est au moins de 10 ans, et dans le cas de Flamanville, il a déjà dépassé les 15 ans, tandis qu’à Olkiluoto, en Finlande, il atteint 17 ans pour un réacteur qui ne marche pas vraiment. Le président Macron a reconnu que la mise en service de nouveaux réacteurs ne pouvait être au mieux avant 2035. Du fait des défauts de conception et de construction de l’EPR, l’IRSN et la CRIIRAD estiment que la mise en service ne saurait être envisageable avant 2045. Si l’on fait le bilan carbone de l’énergie nucléaire de l’extraction de l’uranium jusqu’au démantèlement, en passant par la construction du réacteur, ce n’est pas une énergie décarbonée comme l’industrie nucléaire veut le faire croire. Les réacteurs actuels ont été conçus pour une durée initiale de 30 ans. Or, 51 des 56 réacteurs ont dépassé ce délai, ce qui explique en partie les nombreux problèmes et l’arrêt de 32 réacteurs cet été. La situation énergétique impose, en plus d’une sobriété, de développer de toute urgence les énergies renouvelables, qui, elles, peuvent être rapidement mises en œuvre.

Trop cher

Le coût de l’EPR de Flamanville a dépassé les 20 milliards d’euros si l’on se réfère à la Cour des comptes. Le prix de revient du MWh de l’EPR (s’il arrive à produire !) est plus du double de celui des énergies renouvelables. Le rafistolage des réacteurs a été évalué à 100 milliards d’euros. EDF est endetté à plus de 60 milliards d’euros et construire 6 EPR fera doubler la dette. Et ne parlons pas des incertitudes sur le démantèlement et les déchets radioactifs.

Trop vulnérable

La sécheresse de cet été a démontré la vulnérabilité des réacteurs au dérèglement climatique, EDF a dû demander des dérogations pour cinq d’entre-eux en raison de rejets qui augmenteraient trop la température des cours d’eau. Ce sont les réacteurs qui sont de loin les plus gros consommateurs d’eau pour leur refroidissement. La tempête de l’hiver 1999 a montré la fragilité aux risques d’inondation de la centrale du Blayais et le tsunami de mars 2011, au Japon, a provoqué la catastrophe de Fukushima. La guerre en Ukraine  pointe aussi la vulnérabilité des sites nucléaires.

Trop polluant

Toutes les centrales rejettent de la radioactivité et des produits chimiques dans le milieu ambiant, que ce soit dans l’air, l’eau ou les sols. Or la Commission Internationale de protection radiologique (CIPR) reconnaît que toute dose de radioactivité comporte un risque mutagène et cancérogène. Le plutonium, au millionième de gramme inhalé, entraîne un cancer du poumon. Et il n’y a aucune solution satisfaisante pour confiner les déchets radioactifs de l’industrie nucléaire, que ce soit les tonnes de combustible usé hautement radioactif ou les 200 millions de tonnes issus de l’extraction minière de l’uranium.

Trop dépendant

La dernière mine d’uranium en France a fermé en 2001. L’uranium vient à 40 % du Kazakhstan en passant par la Russie. Et c’est en Sibérie que l’industrie nucléaire expédie des milliers de tonnes d’uranium appauvri ou de retraitement, déchets dont l’industrie ne sait que faire. La France se garde bien d’appliquer des sanctions à l’égard de la société russe ROSATOM avec qui elle a des liens commerciaux trop importants.

Cent pour cent d’énergies renouvelables

Les études démontrant la faisabilité d’un scénario 100 % de renouvelables se multiplient. Les énergies renouvelables sont une source importante d’économie financière. Manque de volonté politique pour les mettre en œuvre. En juillet dernier*, le secrétaire américain à l’énergie a déclaré que le développement des renouvelables est le plus grand plan de paix. Refusons la relance du nucléaire, une énergie dépassée qui n’a pas sa place dans un monde en paix, soucieux de la préservation de son environnement, des territoires, de la planète et de ses habitants et habitantes.

*https://reneweconomy.com.au/us-energy-secretary-says-switch-to-wind-and-solar-could-be-greatest-peace-plan-of-all/

Tribune à l’initiative du Collectif antinucléaire Ouest, 9 bis, sente des Grès, 76920 Amfreville-la-Mi-Voie, 07 68 35 03 38, contact@can-ouest.org

Associations et organisations signataires :

ALTERNATIBA 50 ; Amis de la Terre Poitou (85) ; Arrêt du nucléaire Drôme-Ardèche (ADN 26-07) ; Arrêt du nucléaire 34 ; ATTAC FRANCE ; Bien profond (46) ; Bretagne insoumise ; CEDRA Collectif contre l’Enfouissement des Déchets Radioactifs (55) ; Collectif Halte Aux Nucléaires Gard (CHANG ADN 30) ; Collectif antinucléaire (CAN84) (84) ; Collectif antinucléaire Ouest (CAN Ouest) ; Collectif Arrêt du nucléaire (ADN) ; Collectif Contre l’Ordre Atomique (CCOA-ADN75) (75) ; Collectif Riec en transition (29) ; Collectif Sortir du nucléaire Pays de Saint-Malo ; Confédération paysanne Manche (50) ; Coordination antinucléaire Sud Est ; Échos Échanges (44) ; Europe Écologie Les Verts (EELV) Bretagne ; EELV Normandie ; ENSEMBLE ! ; Fédération antinucléaire Bretagne ; France Nature Environnement Normandie ; Groupe Antinucléaire Manche Action (GAMA) (50) ; GLOBAL CHANCE ; Nouveau Parti anticapitaliste ; Nouveau Parti anticapitaliste Breizh (NPA BZH) ; NPA Normandie ; Nucléaire en questions ; Parti de gauche ; Plogoff Mémoire d’une lutte (29) ; Réseau Sortir du nucléaire (RSDN) ; Rhône Alpes sans nucléaire (69) ; Roz glas (56) ; Solidaires 22 ; Solidaires 56 ; Sortir du nucléaire Berry-Giennois-Puisaye ; Sortir du nucléaire Bugey (01) ; Sortir du nucléaire 27 ; Sortir du nucléaire Cornouaille (29) ; Sortir du nucléaire Pays nantais (44) ; Stop Bure en Retz (44) ; Stop EPR Penly Ni ici ni ailleurs (76) ; Stop nucleaire 56 Trawalc’h (56) ; Sortir du nucléaire 72 ; Syndicat des travailleurs autogestionaires du Finistère STAF-CNT 29 ; Tchernoblaye-ADN33 (33) ; Théâtre de l’Adn (46) ; Vert Pays Blanc et Noir (44) ; Vivre dans les Monts d’Arrée (29).


Signez la tribune !

Pour signer cette tribune, merci de compléter les champs ci-dessous en indiquant bien votre email afin de pouvoir valider votre signature (Qualité et Pays sont facultatifs) :

Tribune « La relance du nucléaire ? Surtout pas ! »