Phylactères et dessins antinukes, à Saint-Malo, samedi 24 octobre 2020


Samedi 24 octobre 2020 – Saint-Malo (Ille-et-Vilaine)

Pas du genre à rester dans leur bulle, samedi 24 octobre, une poignée de Sarthois·e·s de SdN 72 ont rejoint la bonne cinquantaine d’antinucléaires venue du Grand Ouest pour une déambulation militante à Saint-Malo intra-muros. Au programme, une exposition de dessins, d’illustrations, de caricatures… antinucléaires.

Oui, des images désacralisant le dogme nucléaire, à l’heure où ces expressions et — l’expression libre — sont sous les feux ardents d’indéridables obscurantistes [1] !

Ce samedi, c’est aussi la probable avant-veille, des navettes de combustible (31 en tout) entre Romans-sur-Isère et Flamanville pour approvisionner l’EPR voisin — dont on connaît les innombrables déconvenues — en uranium enrichi.  

Au final, de déambulation intra-muros à l’intérieur de la cité corsaire, il n’y en eut point ! Pour cause de Covid et de vent soutenu (moyenne en direct : 27 nds S-O selon Winds-up [2]) la préfecture l’a martialement voulue plus confinée, dans une « bulle » sécurisée à l’ouest du bastion de la  Hollande (place où est érigée la statue de J. Cartier). Du coup, l’expo fut beaucoup plus statique, moins exposée au public et son vernissage [3]… sans bulles à la fin !

Cette journée n’avait pas été choisie par hasard. Ce week-end aurait dû être la 40e édition du festival de BD Quai des Bulles à Saint-Malo, prévue du 23 au 25 octobre 2020, mais annulée par ses organisateurs vu l’incertitude de la situation sanitaire en France. Du coup, les chalands passionnés de BD et de dessins de presse furent probablement moins nombreux.

Vent soutenu, Covid… tout est bon pour limiter l’expression engagée. Cette semaine, on cause aussi du projet de loi prévoyant de prolonger le régime transitoire de sortie de l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 1er avril 2021 tout en essorant encore un peu plus au passage les libertés publiques. Sorte de copié-collé du très providentiel état d’urgence pendant la COP 21.  

À défaut de festival, le Collectif Sortir du Nucléaire Pays de Saint-Malo a donc organisé le sien, en lien avec le Collectif antinucléaire de l’Ouest (auquel SdN 72 adhère). Ce qui donne sens à l’affiche ci-dessus. Reste qu’il lui a fallu — un crève cœur ! — trier, choisir, écarter les contributions pour en retenir 40 sur 142. Dix-neuf artistes en tout, comme : Nono, Goutal, Davodeau, Cosey, Nicoby, Cristina, Vanhelle… venant de la bande dessinée, de l’illustration, du graphisme ou du dessin de presse, faisant partager leur vision du monde nucléaire.

Si la déambulation a été interdite par le préfet, l’expo des dessins a bien eu lieu, de 14 heures à 16 heures, sur le bastion Hollande des remparts de Saint-Malo malgré de grosses rafales de vent en présence d’une bonne cinquantaine de militant·e·s dont certain·e·s en combinaison blanche de radioprotection (photos). Avec une majorité de « vieux fourneaux » qui osent l’activisme autrement.

Trois prises de parole ont clos momentanément cette journée. Celle de Dupont G (Gilles, sans DuponT, ni DuponD), du Collectif Sortir du Nucléaire pays de Saint-Malo, qui a notamment dénoncé la démagogique campagne en faveur d’un nucléaire vertueux (soi-disant décarboné), des dangers du nucléaire civil et militaire, de la prolifération des armes nucléaires et de l’urgence à changer de paradigme pour les économies énergétiques, les EnR… Deux des porte-paroles du Can-Ouest (Chantal Cuisnier et Martial Château) ont repris notamment des textes du tout nouveau six-pages Des Voix antinucléaires de l’Ouest que vous pourrez retrouver sur nos tables de presse, auprès de nos militants et prochainement sur le site du Can-Ouest, c’est là : . (à venir) L’imminente première livraison du combustible de l’EPR de Flamanville à évidemment été évoquée (elle s’est confirmé ce lundi). D’où, la présence d’une banderole « Non aux transports radioactifs »  et un pressant appel à la vigilance et à la mobilisation de tous, car, 30 autres transports sur 16 semaines sont prévus.

Un grand merci aux artistes et aux organisateurs pour cette belle et atypique journée antinucléaire !


Les photos de l’action « En manque de bulles… déambulons ! » organisée à Saint-Malo, le 24 octobre, sont en ligne sur le site du CAN-Ouest, ici : .


[1] Ce rendez-vous se situe huit jours après l’assassinat (le vendredi 16 octobre) de Samuel Paty, enseignant d’histoire-géographie au collège du Bois-d’Aulne à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), décapité à la sortie de son établissement pour avoir illustré son cours sur la liberté d’expression avec des dessins et caricatures de Mahomet originaux ou repris par le magazine Charlie Hebdo. Le procès des principaux accusés de l’attentat du journal se poursuit en ce moment même à Paris.

[2] Météo en direct pour kitesurfeurs et windsurfeurs. Force 4, jolie brise (et sûrement plus). C’est sans doute pour cette pratique qui lui est chère que le voisin, ex-ministre et antinucléaire de Saint-Lunaire, n’était pas présent.

[3] C’était la sortie inaugurale de cette exposition. Elle circulera ensuite dans le Grand Ouest et sûrement au-delà. Dates connues : du 20 au 31 janvier 2021 à Vannes (Stop Nucléaire 56 Trawalc’h) ; du mars ou avril à Athis-de-l’Orne (Association citoyenne normande) ; août à Crozon (?Marcel de la Gare?) ;  octobre à Quai des Bulles à Saint-Malo.

Si vous avez une salle pour accueillir cette exposition de quarante dessins, n’hésitez pas à la demander au collectif de Saint-Malo sdnpaysdestmalo@gmail.com.

[4] On sait depuis, que le Traité d’interdiction des armes nucléaires à enregistré une cinquantième ratification (du Honduras, le 24/10/20 à… 22 h, heure en française). Ce traité s’appliquera dans les 90 jours suivants. Le combat pour que La France et les neuf autres pays dotés le ratifient et s’y conforment se poursuit.


Affiche : Collectif Sortir du Nucléaire Pays de Saint-Malo. Crédit photos : SdN 72 (militants assis) et Patrice Latron.