Un Sarthois manifeste devant le CIO de Lausanne contre les JO radioactifs de Tokyo


Mercredi 26 février 2020 – Lausanne (Suisse)

Surmotivé le groupe SdN 72 ? En tout cas, malgré la distance, un Sarthois s’est bel et bien joint à la manifestation du mercredi 26 février 2020 devant le comité olympique à Lausanne pour l’annulation des JO — radioactifs — de 2020 au Japon.

Développement !

Le 26 février 2020, le Collectif contre les Jeux olympiques radioactifs de Tokyo (qu’a rejoint SdN 72 en 2019) appelait effectivement à se rassembler devant le Comité international olympique (CIO) à Lausanne (en Suisse, canton de Vaud) pour protester contre l’organisation des JO d’été au Japon (du 24 juillet au 9 août) dont la tenue, neuf ans après la catastrophe de Fukushima, est, à tout le moins, inopportune et inappropriée [1], le Japon étant toujours en urgence nucléaire depuis la fonte du cœur de chacun des réacteurs 1 , 3 et 2 et la triple explosion dans les jours suivant le 11 mars 2011 due à hydrogène concentré dans leur enceinte.

Une bonne cinquantaine de manifestant·e·s — dont un courageux et inusable Sarthois du groupe SdN 72 — a dénoncé ces jeux en zone contaminée (cf. photos). En fin de rassemblement, une délégation a été reçu par deux représentants du CIO : MM. C. Dubi, directeur exécutif des Jeux olympiques au CIO, et R. Budgett, directeur du département médical et scientifique au CIO. Pour l’intégralité des « réjouissances », consultez le programme tout en bas.

En décrochant ces Jeux chez lui, la manœuvre de Shinzō Abe (premier ministre du Japon) et de ses affidés nucléophiles était bien de valider un retour contraint et très précipité des évacués, voire, une « recolonisation » quoi qu’il en coûte de ce territoire empoisonné pour des siècles par la radioactivité. Le faramineux coût des JO (on parle de 11,5 à 16 milliards d’euros) devrait d’abord bénéficier à ces malheureuses victimes, à la sécurisation des réacteurs, piscines, déchets… et au sisyphiste travail de décontamination [2], enfin, d’arrêter définitivement tout recours au nucléaire et d’investir massivement dans les EnR. Il est sidérant de constater les mesures prises (bien qu’imparfaites) en pleine crise de Covid-19 et de persister dans le retour forcé des exilés de Fukushima vers des périls certes différés mais bien réels et d’encourager l’afflux massif de sportifs et de touristes dans cette zone à seule fin de la rendre immaculée aux yeux de l’humanité.

Ici, l’enjeu de la nucléocratie n’est rien moins que de tourner définitivement la page de l’accident et surtout de gommer l’image de vulnérabilité d’un pays réputé hyper-technicisé à maîtriser la filière nucléaire. Les jeux finis, il y a gros à parier que le pays s’autorisera à « libérer » les centaines de milliers de mètres-cubes d’eau contaminée dans l’océan Pacifique.

Avec ce rassemblement, le Collectif voulait aussi dénoncer un mensonge de reconstruction orchestré par les autorités japonaises et internationales pronucléaires et dont le CIO se fait complice en organisant ces « Jeux de la XXXIIe olympiade de l’ère moderne » au Pays du Soleil Levant. Un choix irresponsable sachant qu’une partie des épreuves sportives auront lieu dans des zones toujours contaminées où des Japonais·e·s sont contraint·e·s de retourner vivre — leur indemnisation, aides au relogement ou hébergement gratuit ayant été levés — avec la pression du risque radiologique et de s’en accommoder alors que la dose maximale admissible de rayonnements ionisants par personne a été abjectement relevée de 1 à 20 mSv (millisieverts) par an.

Bande son du référent Kolin Kobayashi

Pour approfondir le sujet, nous vous proposons d’écouter l’interview de Kolin Kobayashi [3] sur le site de la radio suisse Radio Cité Genève (francophone). Aller sur le site de Radiocité, URL : http://radiocite.ch/ ; dérouler le menu : Magazine ; choisir : Le Grand Magazine ; remonter à la date du 27/02/2020 ; cliquer sur 27/02/2020 – Kolin Kobayashi… « le journaliste japonais indépendant (…) n’ont jamais été bien gérées ! » Durée 9 minutes.

Donnez-leur du pain et des jeux…

Sous couvert de paix et d’entente mutuelle entre les peuples, les JO sont aussi l’exaltation des nationalismes et de la compétition. Cette vaine et malsaine course qui ne vise qu’à promouvoir LA nation la plus distinguée d’entre toutes et fixe pour modèle au genre humain d’écarter l’autre coûte que coûte pour être le premier de cordée cher à Macron. Celui qui tire les autres, voire « sur » les autres, sans certitude d’aucun ruissellement ! Nous proposons plutôt d’y substituer la complémentarité, la fraternité, la solidarité…


[1] Le 26 mars 2020, le relais de la flamme olympique partira du « J village », ex-Centre opérationnel de gestion de l’accident nucléaire de la commune de Naraha (à seulement 20 km des ruines de la centrale) et longera la zone contaminée. Les matchs de baseball et de softball se tiendront au stade Azuma Fukushima (50 km de…) dont les sols aux alentours révèlent une contamination allant jusqu’à 6176 Bq/kg. Pour minimiser les risques d’une canicule sur les sportifs (et le public), le marathon et la marche ont été transférés à Sapporo Hokkaïdo. Les épreuves de natation du triathlon auront lieu dans la partie de la baie de Tokyo où une radioactivité importante s’est accumulée. Etc. !

[2] Oui, Sisyphe ! La décontamination (si tant est qu’elle soit possible) est loin d’être finie et… un éternel recommencement. Les précipitations, typhons, vents violents, feux, crues, courants marins… contribuent à la disséminer à tout-va. La radioactivité est partout et rémanente, mais le nord-est est de loin le plus touché et d’innombrables « points chauds » (hots spots) persistent.

[3] Kolin Kobayashi (journaliste indépendant et écrivain) est à la fois l’organisateur, le référent et un des activistes de cette manifestation. Nous l’avions reçu au Mans le samedi 21 avril 2018 pour introduire la projection du film « Le couvercle du soleil » (sur « l’accident » de Fukushima) que nous proposions en partenariat avec le cinéma le Colisée, puis d’échanger lors du débat avec la population sarthoise, c’est là : .


Photos : Martial Château, Kolin Kobayashi et Christophe Chammartin, ce dernier en propose plusieurs autres ici : Bandeau et logo : Collectif contre les Jeux olympiques radioactifs de Tokyo. Plus bas, programme des réjouissances.