Toits bleu électrique chez CGMP à Tuffé


 2016, 2017, 2018 – Tuffé-Val-de-la-Chéronne

Lentement, maisons particulières, hangars agricoles, poulaillers (souvent Fermiers de Loué), serres, îlots d’entreprises (photo) [1], gymnases, écoles [2], ombrières… et/ou entreprises industrielles équipent leurs toitures de panneaux photovoltaïques.

À Tuffé, CGMP a « nappé » une partie de ses couvertures au silicium.

« De toutes les matières, c’est la ouate que… » (Caroline Loeb)

Leader français « des arts de la table éphémère », la société CGMP, Comptoir Général des Matières Premières [3], produit des nappes à base d’ouate ou de papier depuis toujours, mais en soixante ans, elle s’est largement diversifiée et fabrique aujourd’hui nombre d’articles à usage sanitaire ou domestique : rouleaux techniques (parfois réutilisables), nappes, serviettes, essuie-tout, PQ et accessoires (assiettes, gobelets, etc.). Production quotidienne indicative : 10 000 000 de serviettes/jour, 2 000 km de nappes/jour, etc. Pas moins de 300 à 400 palettes par jour sortent des hangars. Des produits souvent à usage unique, jetables chez le consommateur qui relativise sa démarche vertueuse en interne que nous allons abordé maintenant.

Basée à Tuffé (Tuffé-Val-de-la-Chéronne) dans la Sarthe, depuis 1974 (à Paris auparavant), la PME, d’environ 140 salariés s’est engagée depuis plusieurs années dans une démarche « vertueuse » [4] et sans doute quelques opportunités économiques et de certification. Leds dans les magasins de stockage et/ou de logistique avec détecteur de présence, tri sélectif et valorisation de 90 % (sic) de ses déchets (approche d’une économie circulaire), impression en flexographie à base d’encre à eau (mais aussi alcool), gestion informatisée des documents… Quid de l’isolement, mais le meilleur reste à venir.

De la ouate aux watts

Mais encore, deux des bâtiments de l’établissement sont aussi recouverts de panneaux photovoltaïques. Total : 3 300 m2 de toiture bleu électrique produisant de l’énergie verte ! Soit, pour vous donner rapidement un ordre de grandeur : 300 mètres linaires par 11 mètres de large. Quand même ! Plus de la moitié d’un terrain de football homologué par la FIFA. Une emprise conséquente en toiture couvrant 20 % de sa propre consommation électrique annuelle. Puissance crête : environ 470 KWc. Et, bon an, mal an, une production annuelle de 52 000 Kwh/an. 

La société soigne aussi sa communication. Dès l’entrée, une « sucette » à affichage électronique renseigne, en direct, de la puissance instantanée produite in situ par les capteurs (cf. photo).

Retard sur les EnR : y a pas photo… voltaïque

Le seul réacteur nucléaire sûr qui vaille est à 150 millions de km : c’est le soleil. Son potentiel énergique est énorme et pas que dans la moitié sud de la France. Très inéquitablement, l’humanité consomme chaque année environ 10 milliards de tonnes d’équivalent pétrole, soit 3 % de ce nous envoie quotidiennement l’astre solaire.

Engluée dans le tout-nucléaire, à l’exclusion de l’hydraulique, la France est à la traîne dans l’ensemble des EnR. Et tout particulièrement dans le solaire photovoltaïque (le thermique itou). Il ne représentait en 2015 que 1,6 % du mix énergétique (8,3 TWh de puissance produite). La surface respective de capteurs par habitants dans les pays de sa périphérie, s’établit comme suit : Allemagne 0,214 m2/h, Espagne 0,068 m2/h, Italie : 0,062 m2/h et, bonne dernière, la France : 0,038 m2/h. Soit, 5,63 fois moins que l’Allemagne, a priori moins ensoleillée !

Comparée aux centrales au sol, la superficie en photovoltaïque sur toiture demeure plus ramassée par unité de production mais ne comporte aucun conflit d’usage avec les terres agricoles autre que celui de la surface du bâtiment sur laquelle il repose, a contrario de la démesurée centrale solaire au sol de Cestas (en Gironde) installée sur 267 hectares [5] ou de la plus modeste installation de Thorigné-sur-Dué (c’est ici : ). Cependant, le plus souvent, les fermes solaires sont installées sur des sols atrophiés — fréquemment sur d’anciens centres de dépôts — comme à Fillé, Allonnes ou comme ce sera le cas à Grandchamp, Vion, Nuillé-le-Jalais, Aubigné-Racan, Ecorpain…

Moi chercher toits ; toits chercher moi

Des citoyens du département décidés à œuvrer pour la sortie du nucléaire, la transition énergétique et la limitation, autant que faire se peut du réchauffement climatique, voire animés — ce qui ne saurait nuire — d’une volonté coopérativiste, se sont déjà retrouvés à plusieurs reprises et ont créé en 2017 le Collectif EnR 72. Depuis, ils se sont aussi rapprochés de CoWatt (société citoyenne en Pays de la Loire) qui portera juridiquement, administrativement et techniquement un premier projet (c’est là : ), rodée à l’accompagnement de ce type de démarche. Banc d’essai d’un projet plus ambitieux, il a été pensé et voulu, limité et maîtrisé : solaire, photovoltaïque, en toiture. Les promesses d’engagements financiers — de citoyens d’abord intéressés à l’avenir de leur planète avant un retour financier — sont déjà nombreux (voire suffisants) mais l’assiette peut être élargie à souhait… Reste à trouver un·e propriétaire de toiture de surface moyenne, orientée au sud ou de l’est à l’ouest, inclinée idéalement à plus ou moins 30° et disposé·e à la louer. Si d’aventure vous partagez cette conviction que les citoyen.ne.s  doivent être acteurs ou actrices de la transition énergétique, rejoignez fissa cette initiative.

Pour plus de renseignements sur le Collectif EnR 72, c’est ici : et/ou là : . Pour approfondir, contacter et/ou rejoindre le Collectif EnR 72, l’adresse élecronique est celle-ci : collectif.enr72@laposte.net.


Le site internet de la société Comptoir Général des Matières Premières est là : . Le CGPM a été présenté par LMtv dans l’émission Dans les coulisses de… ajoutée le 8 juin 2017 sur Youtube, vous pouvez la retrouver ici : .


[1] Photovoltaïque sur toiture photographié sur l’îlot d’entreprises à la sortie d’Écommoy ZAC des Truberdières.

[2] Quelques exemples ! Les équipements municipaux de la ville du Mans se couvrent petit à petit de panneaux photovoltaïques, Maison de l’eau,, Maison de quartier Robert-Manceau, école Jean Mermoz,, Centre de loisirs des Maillets, etc. Près d’une vingtaine de réalisations. Au-delà,, l’école de l’Épau à changé, et bien d’autres communes, à l’image de Fillé, ont l’intention d’emboîter le pas.

[3] L’entreprise joue aussi de l’acronyme de sa marque NAP. Exemple : Nous Avec Passion !

[4] Les gobelets, assiettes, etc. en plastique seront interdits au 1er janvier 2020 par la loi de programmation pour la transition énergétique et la croissance verte, pas ceux et celles en ouate, cellulose, fibres végétales, etc.

[5] Réputée être (fin 2015) la plus grande d’Europe, elle est constituée de 983 500 panneaux photovoltaïques, atteint une puissance de 300 MWc et produit annuellement plus ou moins 350 GWh/an pouvant couvrir les besoins de Bordeaux (240 000 habitants) hors chauffage/eau chaude.


Crédit photos : SdN 72. Vue aérienne : copie d’écran de l’émission de LMtv sur CGMP (supra).