Centrale solaire de Thorigné-sur-Dué


Septembre 2014 – Thorigné-sur-Dué

Enfin une belle occasion de — briller — et d’exister autrement pour cette petite commune meurtrie de l’est de la Sarthe, placée bien malgré elle sous les sombres projecteurs de l’actualité criminelle depuis deux décennies [1]. Elle accueille désormais une centrale solaire photovoltaïque au sol, la première du département (avec Fillé en embuscade, c’est là : ) à produire des mégawatts issus d’une source renouvelable, décarbonée et non nucléaire.

Quoi de neuf sous le soleil ?

Depuis peu à Thorigné-sur-Dué, la question a une toute nouvelle résonance ! La société Hanau Énergies Concept vient d’achever le montage du tout premier parc solaire au sol d’importance du département. Pas moins de quinze mille trois cents modules solaires répartis en ondulations rectilignes sur un périmètre de 6 ha. Puissance totale : 3,5 MWc à 4,05 MWc. Soit l’alimentation en électricité de plus ou moins mille foyers, hors chauffage domestique s’entend. Pour son fonctionnement, l’installation requiert également quatre locaux techniques préfabriqué, trois onduleurs de 630 kW chacun, des transformateurs, appareils de protection et un point de livraison (situé en bordure de la rue des Bouleaux) relié à un poste de raccordement avec câblage enterré.

Ici, les panneaux sont fixes et ne suivent pas la courbe du soleil d’est en ouest, à la différence de la future centrale d’Allonnes qui devrait naître courant 2015. Le rendement au mère carré est donc inférieur de 15 %, mais aussi moins coûteux à l’installation.

Latitude 48°2’39.51″N, longitude 0°31’56.95″E

La centrale est localisé en entrée de ville, entre le bourg de la commune et la ZA du Sablon, au sud de la ligne TGV, entre la RD 302 (dite aussi route de Connerré) et le Dué, sur une terrain jusqu’alors inexploité et considéré comme milieu naturel banal. La commune l’a mis à disposition du développeur par l’entremise d’un bail emphytéotique d’une durée d’exploitation de trente ans, éventuellement reconductible de vingt. Sur une dizaine de projets de fermes photovoltaïques au sol envisagés en Sarthe, tous sont prévus sur d’anciennes déchetteries, aux terres inexploitables. Celui de Thorigné est donc le seul à ne pas occuper et valoriser un espace artificialisé. Son emprise est en zone d’extension de la zone d’activités du Sablon que le Plan local d’urbanisme (PLU) destinait à des activités industrielles — ce qu’il est —, commerciales, artisanales et de services. Mais il est gourmand en surface. Déployer une nouvelle ZA ailleurs induira un conflit d’usage des sols avec des terres agricoles.

Zéro défaut ?

À défaut de documents (commission d’enquête…), il nous est difficile de vérifier la mise en œuvre des recommandations et/ou injonctions faites au développeur-constructeur-exploitant, Hanau Énergies Concept, concernant les mesures réparatrices des impacts négatifs sur la faune, la flore (avec la disparition d’une petite zone humide, d’une haie centrale) et le paysage [2]. On regrettera également l’absence de surélévation des structures supportant les panneaux photovoltaïques qui aurait permis le pacage d’animaux, notamment ovins et caprins, rendant en partie la parcelle à l’élevage.

Ce n’est qu’un début…

Avec le parc éolien de Juillé-Piacé-Vivoin (en décembre 2013, c’est là : ) et les parcs photovoltaïques de Thorigné-sur-Dué et Fillé-sur-Sarthe, à son tour, le département amorce enfin le début d’un commencement d’une moindre dépendance au nucléaire. Le chantier est énorme et doit aussi intégrer l’efficience et la sobriété énergétique pour enfin entrer dans un cercle vertueux. Mais il est urgent d’accélérer dans les EnR et simultanément d’arrêter un maximum de réacteurs en commençant par les plus vieux, les plus dangereux…

A l’instar du poster ci-contre, notre objectif vise — ni plus ni moins — à effacer définitivement le nucléaire du paysage français [3], dont l’État est sans doute le plus nucléairophile de la planète.


Thorigné-sur-Dué a aussi ses petites originalités. L’une d’elles : ses lieuxdits ! Dont trois, bien singuliers : le Chat-Qui-Fume et en face le Chat-Qui-Pêche. Aussi, la Pie-Qui-Couette, nom dont s’emparera un célèbre groupe musical folk [4] local qui a animé maints fest-noz et fait danser quantité d’amateurs de gavotte, branle, en-dro… en Sarthe, trois décennies durant. Gilles, tu nous manques !


[1] En 1994, la commune a été le cadre d’un quadruple meurtre et d’une culpabilité qui fait toujours controverse : l’affaire Leprince.

[2] Quelques mesures compensatoires préconisées : la recréation d’une zone humide dans le même bassin versant (à défaut, son doublage de surface ailleurs), la replantation d’une haie sur un linéaire cumulé d’un kilomètre et éventuellement d’arbres de hauts jets, fauche tardive…

[3] C’est évidemment une image ! Démanteler, déconstruire les infrastructures nucléaires exigera de nombreuses décennies et des millénaires pour les déchets (combustibles, armes et agrégats nucléaires fortement radioactifs confondus).

[4] À l’image de Malicorne, Courcival, Tue-Loup…


Crédit photo : SdN 72 (prises longtemps après l’installation). Photo aérienne : copie d’écran sur Google Earth. Poster : http://int.nonukeart.org.