Fête du blé au pain – 5 août 2017 – Vaas


Samedi 5 août 2017 — Vaas

Cette année encore, SdN 72 tenait un infokiosque à La Fête du blé au pain [1] au moulin de Rotrou (aussi, de Robert [Cholière] et/ou de Ginette) à Vaas. C’était la 16e édition de cette fête bio !

Nous y sommes invités et présents depuis des années. Cette mémoire n’est renseignée sur sdn72.org que depuis 2013. À la marge, c’est aussi l’objet de ce modeste site.

Feuille de route de la journée

Le quarteron de SdN 72 présent à Vaas s’était fixé quatre axes de communication pour cette journée :

1°) bien évidemment, répondre aux questionnements, besoins d’info et de documentation des chalands ;

2°) communiquer sur les rendez-vous antinucléaires de la rentrée :

  • procès de Jean Revest (de la Coordination antinucléaire du Sud-Est) traîné devant le tribunal de Paris, le 12 septembre, à 13 heures, par Areva pour être coupable, selon l’atomiste, d’avoir publié en juillet 2014 un article qui dénonce l’achat des consciences et la passivité complice des élus d’Avignon face aux comportements du lobby nucléaire (c’est là : ) ;
  • transmettre l’appel du CAN-Ouest (dont SdN 72 est membre) et contribuer à la mobilisation « Stop EPR » du 30 septembre à Saint-Lô, consultable ici :  (bus au départ du Mans probable) ;
  • aussi, le rassemblement souvenir devant la centrale de Saint-Laurent-Nouan, le samedi 14 octobre, autour de la date anniversaire d’un des deux plus graves accidents nucléaires encore méconnus de France (le 17 octobre 1969, sur le réacteur A1) classé 4 sur l’échelle INES de sept niveaux [2] (bien qu’un second, également classé 4, sur le réacteur A2, le 13 mars 1980 — avec rejet de plutonium — devrait être remonté au niveau 5 !) ;

3°) annoncer le 3e Forum social mondial antinucléaire à Paris (du jeudi 2 au samedi 4 novembre 2017, à la Bourse du travail) ;

4°) rappeler les 72es journées du souvenir d’Hiroshima et Nagasaki (les 6 et 9 août 1945) et l’absence de la France et des autres nations dotées de l’arme nucléaire aux négociations sur le traité d’interdiction des armes nucléaires adopté à New York le 7 juillet 2017 par cent vingt-deux États membres de l’ONU [3].

Autant de points que nous avons peu ou prou abordés, à l’exception, hélas, du dernier !

Transition énergétique asthénique

Comme Saint-Léonard-des-Bois ou Malicorne, Vaas est l’un des cinq marchés bio de l’été. Il draine un public déjà sensibilisé, voire averti, sur la problématique nucléaire. Par conséquent, les échanges portent moins sur la nécessité de se passer du nucléaire que des moyens et de la rapidité d’en sortir.

Très en retard dans les énergies renouvelables pour avoir exclusivement misé sur le nucléaire, la France n’arrivera même pas à la hauteur de ses prétendues ambitions, pourtant modestes, aux échéances de 2023, 2025 et 2030 (porter leur part à 32 % de la consommation énergétique finale et à 40 % de la production d’électricité en 2030). Ce qui est vrai pour l’Hexagone l’est encore plus pour la Sarthe ! D’innombrables projets (éoliens et photovoltaïques) sont envisagés ou instruits, mais souvent embourbés par la complexité des procédures administratives et les recours juridiques. Deux exemples locaux : le champ photovoltaïque sur l’ancien terrain militaire Etamat de Vaas (dépôt de munitions) et celui sur l’ancien Centre d’enfouissement technique d’Aubigné-Racan (commune voisine), c’est là : . Saluons toutefois le démarrage des travaux d’ingénierie du chantier d’implantation de quatre éoliennes sur la commune voisine de Lavernat commencé depuis quelques semaines (nous en avions parlé ici : ) [4]. La méthanisation chère à l’ex-ministre sarthois de l’agriculture, S. Le Foll, ne parvient guère à décoller, même sur sa terre d’élection (gaffe aussi à ce qu’elle ne conforte pas un modèle industriel de celle-ci). À nous encore d’enfoncer le clou de la sobriété et de l’efficacité énergétique.

Deuil, résilience, et après ?

Nos infokiosques sont aussi, assez souvent, l’occasion pour nos interlocuteurs de confier une souffrance. Exemple, cette fois-ci encore, le témoignage pathétique et encore douloureux de la veuve d’un travailleur du nucléaire. Intérimaire, spécialisé dans la maintenance en tuyauterie industrielle, son mari a connu un paquet de centrales du parc français (Chinon, Civaux, Golfech, Graveline). Décédé il y a moins de cinq ans d’un cancer généralisé commencé par celui de la thyroïde, l’opération lui avait aussi coûté les cordes vocales. Un chemin de souffrances plombé par quantité de démarches lourdes et… vaines pour faire reconnaître la liaison de sa pathologie avec son activité dans les centrales nucléaires et sa prise en charge en maladie professionnelle. Un scénario fréquent qui prévaut aussi chez les personnels civils et anciens militaires exposés aux essais nucléaires et bien sûr dans d’autres domaines comme l’amiante, etc.

No logo, no gogo

Ladite fête bio est aussi un moment propice pour informer sur les thèmes de la journée, sur les OGM, NDDL… et l’item nucléaire en ce qui nous concerne. Alors que, ces jours, le très nucléocrate Poutine [5] s’affichait en bellâtre — poitrail nu — dans les médias, à Vaas, d’autres affichaient tranquillement de signifiantes sérigraphies antinucléaires sur leur T-shirt… (cf. photos en bas de page) [6].

S’opposer au « poutinisme » reste un exercice risqué en Russie mais affirmer des convictions antinucléaires dans le pays le plus nucléarisé du monde — la France — l’est également, voir supra, le procès de Jean Revest et, aux heures où nous rendons compte de cette fête bio védaquaise, la sauvage répression — avec de sérieuses blessures induites — des militants anti-CIGéo de Bure (le 15 août 2017) !


[1] Une journée qui démarre dès potron-minet pour les bénévoles, vers 8 h 30 pour les arpenteurs de sentiers et se termine tard dans la soirée pour les noceurs. Le tout dans un cocon agreste, ombragé et rafraîchissant (bienvenu en cette période de sévère sécheresse). Y est proposée une diversité d’activités reconduites chaque année : randonnée « Rand’Aune et Loir », marche botanique (avec Guy Motelet), marche nordique, une course plus sportive « Courir pour des prunes » (4e édition, sans esprit de compétition ni de performance, avec, néanmoins, la participation d’au moins trois « pointures » du trail : N. Mauclaire, D. Chauvelier et M. Serbouti, organisée par Asso 72), course nature de 18 km, course ludique d’obstacles de 11 km, battage à l’ancienne, fabrication de farine à la meule de pierre, cuisson de pains variés au four à bois, marché bio (70 exposants), visites de la ferme équestre des Bleuets et conférence sur l’agriculture, cette année, « Retour à (variante : Le choix de) la vie paysanne », écoconstruction, buvette, restauration et partie festive (animations musicales par le groupe de jazz manouche Bohemia et bal folk par le groupe Bercédance), et un espace ouvert aux associations dans une démarche convergente, dont SdN 72, l’Âge de faire, AntiLinky (soit environ une centaine d’exposants au total !) Chapeau bas à la centaine de bénévoles qui œuvrent en amont et en aval de cette manifestation et bien sûr à l’équipe qui s’active toute l’année ! Le moulin de Rotrou, c’est là : . Pour la production d’électricité in-situ, c’est ici : . Contacts : 02 43 79 36 81.

[2] L’accident de Tchernobyl (qui a servi d’étalon à cette échelle) et Fukushima sont classés à ce maximum.

[3] États-Unis, Russie, Royaume-Uni, France, Chine, Israël, Inde, Pakistan, Corée du Nord ! Quinze mille armes nucléaires au total (dont plus de 90 % détenues par les deux premiers), aucun n’a pris part aux négociations du traité ni ne semble, à ce jour, disposé à s’y rallier. La France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, qui avaient déjà tenu une conférence de presse commune à l’ouverture de la première session des négociations, le 27 mars dernier, ont fait savoir par un communiqué commun publié sitôt l’adoption du nouveau traité qu’ils n’ont aucune intention de le rejoindre et n’en reconnaîtront aucun effet juridique.

[4] Le prix de revient de 10,5 milliards de l’EPR (initialement estimé à 3,5 milliards) représente le coût de près de quatre mille éoliennes de 2 MW (à 2,6 millions d’euros l’unité). Le même investissement en éolien terrestre représenterait une puissance installée équivalente à cinq EPR !

[5] Avec la société d’État Rosatom, la Russie est devenue la première exportatrice de centrales nucléaires dans le monde. Pas moins d’une cinquantaine de projets (pas tous finalisés) sont dans ses cartons. Ses clients : la Chine, l’Inde, le Viêt-nam, la Finlande, l’Iran, la Turquie… A contrario, le nouveau président de la Corée du Sud annonce le désengagement du « Pays du matin calme » de cette filière et, on l’espère, l’arrêt de l’exportation de cette technologie à l’extérieur de ses frontières.

[6] Le Réseau SdN diffuse ses propres T-shirt estampillés « Sortir du nucléaire » (cf. deux exemples, en arrière-plan, sur la photo de notre stand). Les visuels sont bien connus : un soleil éclatant et éclaté, cerclé de « Nucléaire ? Non merci » ; un second, une main (style « Touche pas à mon pote ») maculée d’un trèfle nucléaire sous-titré d’un « Nucléaire Stop » (« Le nucléaire ne sauvera pas le climat » [photo plus bas] en est un autre).


Crédit photos : SdN 72. Pour agrandir les photos (T-shirt notamment) cliquer dessus.