Expo « No go zone » de Carlos Ayesta et Guillaume Bression pour Les Photographiques


Du 12 mars au 10 avril 2016 — Fillé-sur-Sarthe

Autant l’avouer tout de go, nous sommes complètement passé à côté de cette exposition pourtant proposée un mois durant par le festival de l’image « Les Photographiques » [1] au centre d’art de l’Île de MoulinSart de Fillé-sur-Sarthe.

Du coup, nous reproduisons — in extenso — la présentation qui en a été faite dans le programme et on vous indique comment retrouver les séries (cf. intra) sur la toile.

En bonus, une interrogation qui mérite votre réflexion.

« NO GO ZONE » (zone interdite)

Fukushima — Japon 2011 – 2014

nogo-zone-1Depuis le tsunami et la catastrophe nucléaire de mars 2011, C. Ayesta et G. Bression se sont rendus à de nombreuses reprises dans la région de Fukushima et tout particulièrement dans le no man’s land qui entoure le site accidenté.

De leurs différents séjours sur place résultent cinq séries photographiques à l’esthétique forte qui mêlent la mise en scène et l’approche documentaire. Des photos décalées qui permettent de penser les différentes conséquences d’un accident nucléaire de cette ampleur. Que reste-t-il d’une région quand 80 000 personnes en ont été évacuées du jour au lendemain — série « Clair-obscur » ? Comment vit-on au milieu d’une menace aussi invisible et méconnue que la radioactivité — série « Mauvais rêves » ? Comment la végétation s’imprime-t-elle sur les choses et sur les bâtiments au fur et à mesure que les années passent — série « Nature » ? Comment les objets laissés à l’abandon sont devenus des reliques d’un Pompéi contemporain — série « Packshots » ? Et enfin, comment les anciens résidants appréhendent-ils le retour dans ces villes fantômes ? [2] (note de SDN 72)]

Pour cette dernière série, baptisée « Revenir sur nos pas »,  ils ont demandé à d’anciens résidants, parfois les propriétaires des lieux, de revenir dans leur commerce ou leur école, de pousser les portes de ces lieux autrefois banals. Ils ont aussi demandé à certains habitants de la région de Fukushima de se rendre avec eux dans cette zone devenue interdite. Une façon pour eux de constater par eux-mêmes les conséquences de cette catastrophe.

Face à l’objectif, ils sont pourtant tous tenus de faire « comme si de rien n’était » et de se comporter normalement. L’étrange et le banal se mêlent dans des photographies quasi surnaturelles et pourtant plausibles, résultat d’une catastrophe nucléaire historique. Le parti pris est celui du témoignage et non de l’activisme (souligné par nous, cf. commentaire).

Ce travail a été récompensé par le prix SOPHOT.com 2015

En partenariat avec la communauté de communes du Val de Sarthe et le centre d’art de l’Île de MoulinSart.

Les auteurs

Carlos Ayesta, né à Caracas en 1985, photographe indépendant en France depuis cinq ans, se distingue avec ses photos d’architecture prises sur corde (entre autre l’EPADESA). Exposé en 2012 à Paris, dans le cadre de la carte blanche SFR jeunes talents et de l’exposition « Doisneau Paris les Halles », il participe en 2014 au projet « The Wave », exposition collective produite par BNP Paribas. 

Guillaume Bression, né à Paris en 1980, scientifique de formation, travaille comme photographe et caméraman indépendant à Tokyo depuis 2010. Il couvre le Japon et la Corée pour différents quotidiens, magazines et chaînes de télévision. Il mène des projets plus personnels au Japon et en Afrique qui tentent de montrer le réel autrement.

Carlos et Guillaume travaillent ensemble depuis 2009. Leur travail sur Fukushima a été exposé dans de nombreux festivals.

Bonus

Dans sa présentation, Yves Brès, président de l’association du Festival de l’image, questionne la descendance de la « Photographie humaniste », incarnée localement par Georges Quaglia, décédé en 2015, auquel le festival rend hommage. Extrait :

« Dans un monde en proie aux crises économiques, sociales, humanitaires, à la persistance des conflits et à la menace écologique, dans des sociétés inquiètes de leur avenir et de leur identité, plus avides d’émotions que de réflexion, dans un univers médiatique dominé par l’exigence du « direct » et du « continu », quel espace trouvent-ils pour une photographie humaine et solidaire, quels rapports tissent-ils avec leurs interlocuteurs pour dire sans voyeurisme la vie des gens ordinaires, quelles formes inventent-ils pour nous rendre sensibles leurs douleurs et leurs espoirs, leurs bonheurs et leurs colères ? »

Commentaire

On ne photographie pas impunément Fukushima ! Le parti pris du « témoignage » opposé à « l’activisme » (antinucléaire, cf. supra et leurs sites) n’a pas d’objet. Ici, orienter les regards, montrer, c’est dénoncer ! S’il « n’appartient pas au photographe de se positionner en tant que tel »il ne le lui est pas interdit ! Montrer, c’est aussi assumer !


[1] « Les Photographiques » avaient cours du 5 au 27 mars 2016, mais l’exposition « No go zone », à Fillé-sur-Sarthe, s’est déroulée du 12 mars au 10 avril 2016.

[2] On peut voir certaines des séries (cf. plus haut) de Guillaume Bression, ici : ? dont une qui n’est pas citée ci-dessus : « Fukushima : travailleurs du nucléaire » et de Carlos Ayesta là : ?. Pour le collectif Trois 8 (trois photographes), c’est ici : ? .


Début 2013, SDN 72 avait également proposé le témoignage et le travail (son livre) d’un photographe sarthois — Frédérick Carnet — sur Fukushima alors qu’il effectuait un périple à vélo au Japon. C’est là : ?, mais nous l’avons aussi suivi, ici : ?  et là : ?.


Photos : document trouvé sur l’expo.

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