L’Allemagne sort de la fission… mais poursuit des recherches sur la fusion


Jeudi 25 janvier 2016 — Sablé-sur-Sarthe, Allemagne et par delà les frontières

 

Début octobre 2015, nous avions déjà évoqué ici même cet abracadabrandesque engin baptisé du nom de Stellarator (c’est là : ! La presse locale avait alors consacré plusieurs papiers à Didier Chauvin, un ingénieur sarthois impliqué dans cet incommensurable défit technologique visant à reproduire sur terre la fusion thermonucléaire maîtrisée du soleil.

Depuis, le Wendelstein 7-X a produit sa premiere ionisation plasmatique le 10 décembre 2015, à 13 h 30. Dans son n° 68 de février 2016, le journal éponyme du Réseau Sortir du nucléaire a publié un article de Martial Château (coprésident de SDN 72), administrateur et l’un des porte-paroles du Réseau, sur le sujet, c’est là :  (page 29). Nous en reproduisons l’intégralité ci-dessous.

Nos réserves sont à la mesure de ces gigantesques projets de réacteurs à fusion contrôlée ! Avec eux, les risques technologiques de pollutions, déchets, la centralisation et les coûts demeurent problématiques ! L’urgence climatique impose aussi de tourner rapidement cette page du nucléaire, civil et militaire, pour n’en plus assumer que son très lourd et infini passif (démentèlements d’ogives, centrales, sous-marins, déchets ; décontaminations).

L’Allemagne sort de la fission… mais poursuit des recherches sur la fusion

wendelstein-7-x

DR

« L’Allemagne a arrêté neuf de ses dix-sept réacteurs nucléaires à fission et fermera les huit autres d’ici à 2022, mais abandonne-t-elle vraiment le nucléaire ?

Au nord de l’Allemagne, à l’institut Max Planck de Greifswald, la construction d’une grosse machine commencée au début des années 2000 se termine, les premiers essais viennent d’être effectués. Le premier plasma d’hélium formé dans la machine de 16 mètres de large s’est maintenu un dixième de seconde et a atteint une température d’environ un million de degrés.

Appelée Wendelstein 7-X, cette machine doit permettre la réalisation d’expériences de fusion entre du deutérium et du tritium. Ces deux gaz, sous l’action de compression provoquée par des aimants extrêmement puissants, seraient transformés en plasma, porté à des températures comparables à celles de l’intérieur du soleil. Ils devraient alors fusionner en libérant beaucoup d’énergie mais aussi un rayonnement neutronique risquant de produire des déchets radioactifs.

Les premiers essais sur les comportements des plasmas seraient conduits avec un mélange hydrogène-deutérium de façon à limiter le flux neutronique et la production de déchets radioactifs. Le coût de cette machine dépasse le milliard d’euros, financé à 80 % par l’Allemagne et 20 % par des fonds européens.

Ce projet est complémentaire et/ou concurrent avec l’ITER de Cadarache (budget supérieur à 10 milliards). Poursuivre ces grands chantiers inutiles et imposés, cela revient à priver les énergies renouvelables de financements indispensables à leur développement.

Remplacer le nucléaire de fission par le nucléaire de fusion ne va pas supprimer les risques d’accidents nucléaires ni la production de déchets radioactifs, même si, a priori, leurs volumes et dangerosité seraient plus faibles. »


…………………………………………………………………..Martial Château


Photo : © DR.