Technocampus de Nantes-Pays de la Loire (et… La Sarthe)


Mercredi 14 mai 2015 — Nantes-Pays de la Loire (et… La Sarthe)

Les Pays de la Loire contribuent à hauteur de 18,1 millions d’euros au Technocampus Océan en construction à Nantes. Notre département, la Sarthe, est resté rattaché à cette région dans la continuité du découpage administratif de 1955 — en dépit des nouveaux assemblages territoriaux (13 régions) votés en novembre 2014. Cet investissement (décidé bien avant) nous concerne donc tout autant que les quatre autres départements en tant que contribuables régionaux, mais aussi nationaux et européens.

Nous reproduisons ci-dessous un article de SDN 44 (que nous remercions bien évidemment) paru il y a deux mois interpellant les futurs candidats et élus départementaux (élections des 22 et 29 mars 2015) de Loire-Atlantique sur le site de la FAN (Fédération antinucléaire de Bretagne), c’est là :  mais il pourrait tout aussi bien questionner les futurs candidats et élus aux régionales des 6 et 13 décembre 2015. Quid du nucléaire civil, de son frère siamois militaire et de la recherche sur les EMR (Énergies marines renouvelables) qui, ici, fait office d’arbre qui masque la forêt ?

technocampus-ocean-met-le-cap-sur-lindustrie-604x270

Loire-Atlantique Technocampus Océan : que peuvent faire des (nouveaux) élus départementaux contre le nucléaire civil et militaire ?

Le 14 mars 2015 — par Mark Lorient — Association Sortir du nucléaire du Pays nantais.

Dans notre département de Loire-Atlantique, il y a un « Technocampus Océan » en construction à Bouguenais, près de l’actuel aéroport Nantes Atlantique. Il est construit par le conseil régional mais bénéficie aussi de subventions des autres collectivités publiques suivantes :
– des métropoles (Nantes Métropole et CARENE),
– le conseil général 44,
– l’Etat, via le Fonds national d’aménagement durable du territoire (FNADT),
– l’Union européenne, via le Fonds européen de développement régional (FEDER).

Ce Technocampus Océan est supposé abriter des activités de recherche sur les énergies marines renouvelables (1).
Or, plus de la moitié de ce projet de Technocampus Océan bénéficiera à DCNS (anciens arsenaux devenus une entreprise de droit privé dont l’Etat reste l’actionnaire majoritaire), qui est l’industriel majeur en France du naval de défense, réalisant notamment les porte-avions à propulsion nucléaire (Charles-de-Gaulle), les sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) et les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE), les « engins » étant des missiles à tête nucléaire (M51 par exemple), donc des bombes atomiques, en violation du traité de non-prolifération nucléaire, sans compter les fameux porte-hélicoptères ou BPC, les non moins fameuses frégates, etc.

DCNS se diversifie aussi vers le nucléaire civil (sous-traitant d’Areva pour l’EPR, réacteur Jules-Horowitz pour le CEA (Cadarache), projet de centrales nucléaires sous-marines) ainsi que dans les énergies marines renouvelables (EMR), mais sur ce dernier point, cela semble bien moins concret : DCNS ne compte que sur « quelques Géo Trouvetout » ! (2)

Il est à noter que la « diversification » de DCNS vers le nucléaire civil se fait à perte (provisions passées récemment), l’aide des collectivités va donc peut-être de facto combler ce trou-là et, même si ce n’est pas le cas, elle va de toute façon faciliter l’activité militaire et nucléaire tout venante de DCNS. (3)

Flexblue : un projet de centrale nucléaire sous-marine.

Flexblue : un projet de centrale nucléaire sous-marine.

Avec ce Technocampus Océan, il s’agit donc bien de financer, construire et louer « à prix d’ami » un projet immobilier sur mesure à DCNS, dont l’activité principale reste la construction navale militaire notamment nucléaire et dont la diversification principale est le nucléaire civil et non les énergies marines renouvelables.

Que peuvent faire des (nouveaux) conseillers départementaux ?
– exiger que Technocampus Océan ne soit loué à aucune entreprise ayant aussi une activité dans le nucléaire ni dans le militaire, ou bien, à défaut :
– exiger du conseil régional des Pays de la Loire le remboursement de la subvention de 3 960 000 euros que lui a apportée le conseil général 44 par un vote de décembre 2012 (4), à charge pour le conseil régional de pratiquer des loyers en rapport avec le coût du projet sans subvention. (5)

Récupérés, ces 3 960 000 euros pourraient, par exemple :
— financer des actions supplémentaires dans les domaines de compétence obligatoire du conseil général 44 (collèges, action sociale, transports Lila…)
— ou aider à boucler le budget du conseil général 44 s’ils étaient tout simplement économisés
— ou permettre de réaliser sur le département plus de 25 éoliennes supplémentaires ou leur équivalent, s’ils étaient investis dans des projets citoyens d’énergies renouvelables à hauteur de 20 % du capital à travers sa société d’économie mixte LAD-SELA, comme c’est le cas actuellement pour le parc éolien de Séverac-Guenrouët.

Les financeurs du Technocampus Océan (investissements en millions d’euros) :

Feder (Fonds européen de développement régional) UE  : 6,1 M d’?
Nantes Métropole : 5,95 M d’€?
Conseil général de Loire-Atlantique : 
3,96 M d’€?
Conseil régional des Pays de la Loire : 
18,1 M d’€
La Carène  (agglomération nazairienne) : 
0,59 M d’€
Fonds national d’aménagement durable du territoire (FNADT, Etat) : 5 M d’€
Total : 
39,7 M d’€.

DCNS Research apportera un ensemble d’équipements et de bancs d’essais d’une valeur de 10 M d’€.


Source  : Usine nouvelle : .


Association Sortir du nucléaire Pays nantais. Tél. 02 40 28 87 20. Courriel : sortirdunucleairepaysnantais@laposte.net


A lire également : Ouest-France, ici : .


(1) Entreprises et Ouest-France du 23 janvier 2014 : et Entreprises et Ouest-France du 7 novembre 2013 : .

(3) Dans notre département et notre région, DCNS est sans doute le principal acteur du lobby nucléaire civil et militaire avec son implantation sur la commune d’Indre (sur la Loire, en aval de Nantes) où sont construites les chaufferies nucléaires de propulsion des porte-avions et sous-marins et où est réalisée la sous-traitance pour Areva, la réalisation du réacteur pour le CEA, etc.

(4) Au cours duquel seule Françoise Verchère se serait opposée et seuls Chantal Leduc-Bouchaud et Claude Naud se seraient abstenus.

(5) Par ailleurs, l’ADEME finance déjà directement les prototypes éoliens off shore flottant, hydroliennes, énergie thermique des mers, énergie houlomotrice. Et l’Etat a lancé des appels à manifestation d’intérêt (AMI) pour des éoliennes off shore flottantes et pour des hydroliennes. Pour l’énergie hydrolienne, DCNS n’a rien inventé mais a racheté un petit industriel irlandais, OpenHydro, tout comme Areva a racheté l’allemand Multibrid qui réalise de l’éolien off shore (en le renommant Areva Wind !). Enfin, de l’éolien off shore flottant est testé au large du Portugal par d’autres industriels, de même que l’hydrolien au Royaume Uni.


Photos : repiquage su site SdN Pays Nantais et ou FAN.

21 octobre 2015 : une dizaine de militants du groupe Sortir du Nucléaire Pays nantais ont manifesté devant le sus-dit Technocampus Océan, le jour de son inauguration.