Grand bleu (photovoltaïque), version longue à Allonnes


Mercredi 20 mai 2015 — Allonnes

L’immense vitrail du parc solaire d’Allonnes a fini d’être assemblé par les nouveaux maîtres verriers. Le plus grand du quart nord-ouest de la France nous dit-on (1). C’est le troisième du département qui vient d’être raccordé au réseau ErDF, après celui de Fillé-sur-Sarthe, tout près de là :   et de Thorigné-sue-Dué c’est ici : . Le projet remonte à 2007 et nous vous en avions déjà parlé en mars 2013, ici : . C’est dire que la chose n’est pas un long fleuve tranquille, et requiert beaucoup d’énergie avant d’en produire. En Sarthe, d’autres projets sont dans les cartons ou trainent eux aussi en longueurs administratives (2).

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Ce retard à l’allumage est aussi dû à une optimisation des projets. À Fillé, l’installation est fixe. À Allonnes (mais ça le sera aussi à Vion, Ecorpain, etc.), elle est passée d’une première validation en fixe à une optimisation mobile, ce qui implique une nouvelle validation de la préfecture. Groupés par ensembles, les panneaux photovoltaïques sont articulés par des trackers (cf. photo) leur permettant de suivre la course du soleil et de capter le maximum de lumière sur une amplitude plus longue, entrainant une amélioration de la production estimée et vérifiée ailleurs de 25 % ! Et, par vent violent, par sécurité, l’ensemble se met automatiquement à l’horizontale.

2 en 1

Au final, les 27 000 panneaux solaires de la ZAC du Monné à Allonnes constituent deux centrales séparées par la rue du Cormier (à droite sur l’axe Allonnes-Fillé) appartenant à Cenovia (ancienne SEM, Société d’équipement du Mans). Le premier parc, LMME2 Le Mans métropole énergie 2, de 6 ha, en comprend 10 000 (cette première tranche avait été raccordée au réseau le 1er avril 2015). Le second, LMME1, de 10 ha : 17 000 (raccordé au réseau, ce jour, 20 mai 2015). L’ensemble produira autour de 7 mégawatts/an pour un ensoleillement de 1 100 à 1 200 h/an, soit l’équivalent de la consommation de 3 250 foyers (7 000 personnes environ) chauffage compris (3). Sauf enfumage du groupe Langa, le porteur de projet, l’économie en CO2 sera de 814 000 kg par an.

3 en 1

Ici, le méga-Mécano photovoltaïque est bâti sur d’anciennes sablières, elles-mêmes reconverties en décharges publiques, au sous-sol très improbable, on le devine. Aucun conflit d’usage des sols n’était à redouter ici ! Impossible de les envisager en terrains constructibles, ni pour les particuliers ni pour une zone commerciale ou industrielle, et tout aussi impropres à l’agriculture.

Retours sur investissements : politiques, écologiques et financiers

L’accompagnement financier aux énergies renouvelables a considérablement évolué au cours de ces dix dernières années. Un peu de tout et n’importe quoi ! D’innombrables petites entreprises ont surfer — parfois malhonnêtement (4) — sur cette vague et vite déposé le bilan, entraînant de nombreux contentieux avec les particuliers. Pour eux comme pour les projets d’envergure, la revente à EDF a baissé. Là, Langa Solar et le fonds d’investissement KGAL ont investi 13 ou 16 millions d’euros. Une partie non chiffrée des recettes  sera redistribuée à la Société d’économie mixte Cénovia, centrale-solaire-allonnes-trackerqui recevra un loyer de 50 000 € par an pendant vingt ans, plus 50 000 € de taxe annuelle qu’elle partagera pour moitié avec la ville d’Allonnes.

Les Manceaux vont enfin goûter une autre application du photovoltaïque que celle, bien antérieure, alimentant les parcmètres de la ville ! Néanmoins, le chemin est encore long d’ici à l’objectif du plan « Énergie-Climat » (lui-même insuffisant) de produire 20 % d’énergies renouvelables sur le territoire. S’il y a des raisons de se réjouir (isolation de logements, éclairage public, (future) méthanisation à Allonnes, récupération de chaleur de l’usine d’incinération, chauffage au bois des serres municipales (pas forcément pertinente) et du gymnase-dojo Alice-Milliat, ensemble pédagogique de l’ancienne usine des eaux (solaire, éolien, hydroélectricité), il y en a aussi pour désenchanter. Les grands chantiers de, ou acceptés par, M. Boulard : stade, complexe culturel, nouvelle caserne des pompiers, futur Leclerc-Ikéa… ont oublié d’intégrer l’efficacité énergétique, tout comme sa politique d’accompagnement du nucléaire comme député hier et sénateur aujourd’hui (une observation qui vaut aussi pour ses colistiers ministre et députés à la mairie du Mans). Explication !

Miroir aux alouettes

Alors que nous étions tout à notre bonheur de voir enfin quelques concrétisations que nous appellions de nos vœux depuis des lustres prendre forme sur notre département, voilà que la toute récente loi sur la transition énergétique et la croissance verte nous ramène brutalement à d’autres évidences ! Finalement, l’ensemble du renouvelable ne viendra pas supplanter les centrales nucléaires vieillissantes, dangereuses… mais il augmentera la production d’électricité globale, tout en maintenant celle du nucléaire à son niveau actuel. Magie des chiffres, et formidable esbrouffe, par effet de balance, en augmentant la production en énergies douces le pourcentage de la part du nucléaire baisse, tout en étant maintenue en l’état !


(1) Nous n’avons pas vérifié, mais celui de Cestas (20 km de Bordeaux), qui sera raccordé au réseau RTE en octobre 2015, sera le plus grand d’Europe avec un million de panneaux photovoltaïques et une capacité de 300 mégawatts (le tiers d’un réacteur nucléaire français moyen), et permettra de produire l’équivalent de la consommation électrique annuelle de la ville de Bordeaux (groupe Neoen, investissement  360 M d’euros). Prix de revente à EDF : 105 € le mWh, contre 109 € conclu avec le gouvernement britannique pour l’électricité produite par le futur EPR de Hinckley Point.

(2)  Fillé (la première, montée en panneaux fixes), Grandcamp, Nuillé-le-Jallais, Vaas, Aubigné-Racan, Ecorpain, Vion, Thorigné-sur-Dué (accédez à ceux auxquels nous avons consacré un article en cliquant sur les noms de village en couleur). Une constante (excepté ce dernier) : ils ont tous été ou seront construits sur d’anciennes décharges. Ceux de Saint-Jean-de-la-Motte et Mont-Saint-Jean semblent avoir été abandonnés.

(3) Attention aux comparaisons ! Les estimations se font en général en excluant le chauffage.

(4) En tête, l’ex-Sarthois Willy Bernard et sa société de panneaux solaires Nex Generation, liquidée à l’été 2013 (25 juin), ancien dirigeant d’AB Fenêtres et patron du SCO d’Angers, « remercié » et condamné à deux ans fermes pour fraude fiscale, mais… exilé en Californie où il y poursuit de multiples activités, dont la direction de Nex Generation Alternative Energy.


Photos : SDN 72.