Fête du blé au pain (2019) à Vaas : SdN 72 présent


Samedi 3 août 2019 – Vaas

SdN 72 était cette année encore de la Fête du blé au pain [1] à Vaas, au moulin de Rotrou (ou de Robert), le samedi 3 août toute la journée ! C’en était la 18e édition !

Depuis de nombreuses années maintenant, nous y sommes invités et régulièrement présents avec un stand à notre disposition pour vous y proposer de l’information et de la documentation. Aussi, vous y écouter, vous rencontrer, échanger avec des personnes déjà impliquées ou pas, envisager des possibilités d’interventions… au-delà de nos tables de presse. Aussi, y ferrailler… pacifiquement et avec bienveillance.

Merci  à toutes les équipes qui se dévouent sans compter pour le succès de cette journée !

0eillères ? 

Albert Einstein nous avait prévenus : « Il est plus facile de désintégrer un atome qu’un préjugé. » Déconstruire les préjugés et idées reçues reste effectivement le travail de fond de chacun des militants en vacation sur notre kiosque-info.

Exemples : les énergies carbonées mobilisées pour la sortie du nucléaire de l’Allemagne (lignite, charbon… sans considérer la production d’énergie renouvelable qui a considérablement augmenté) ; aussi, le déséquilibre des flux d’échanges d’électricité avec l’Allemagne en volume et valeur en défaveur de la France.

Idem pour les EnR ! L’éolien concentre les critiques. Certaines recevables, d’autres moins et pas mal sont fantasmées. Le photovoltaïque suit. Longtemps non recyclés, les panneaux le sont désormais à 98 % (par PV Cycle, vidéo ici : ). Reste à en multiplier les pôles. On ne dira rien des uns, contre les centrales au sol, pourtant souvent installées sur des friches (anciennes décharges notamment) sans conflit d’usage avec l’agriculture (Allonnes… où paissent des moutons, Fillé) ; des autres, contre les installations sur toiture qui défigurent les villages (si si)…

Comme tous les équipements électroniques, les EnR  intègrent des composants employant de nombreuses variétés de terres rares et le lot de déconvenues qui vont avec (pollutions, dépendances, conditions de travail… cf. expo sur les mines de lithium en ce moment à l’Épau). Là encore, les EnR concentrent toutes les tares quand récepteurs de télévision, ordinateurs, smartphones, serveurs… requièrent les mêmes minerais et dépendent d’une alimentation très largement dispensée — en France — par l’énergie nucléaire, elle-même très consommatrice de ces minerais d’uranium, dégageant de nombreux effluents dans l’atmosphère, les fleuves et rivières, les mers, 

Le tritium dans la Loire (et le plutonium retrouvé dans ses sédiments auparavant), qui a fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps, n’est hélas qu’un de ces rejets parmi tant d’autres ponctuels ou permanents — autorisés —  sans forcément toujours en respecter les protocoles. Accrochée en cimaise devant notre stand, notre carte de France où figurent toutes les installations nucléaires, civiles et militaires, anciennes mines, laboratoires… crie à ceux qui acceptent de l’observer cette dangereuse promiscuité. Hors, chaque Français·e vit à moins de 200 km d’un ou plusieurs réacteurs nucléaires. Un·e sur deux à moins de 50 km. En Sarthe, le site d’ionisation (Ionisos, classé INB, Installation nucléaire de base) se trouve à Sablé-sur-Sarthe. La centrale de Chinon, quant à elle, se situe à proximité du sud de la Sarthe (sept réacteurs : un [petit] démantelé, deux arrêtés [au démantèlement complexe], quatre en fonctionnement). Saint-Laurent-des-Eaux/Nouans n’est guère plus loin : disons 125 km du Mans (deux réacteurs de la pire espèce arrêtés, et deux vieillissant toujours en fonctionnement).

Carnage

À trois jours des hommages aux victimes d’Hiroshima et de Nagasaki, évoquer ces criminels et inutiles forfaits (cf. article précédant ici :  ) relevait de l’évidence alors que les tentions économiques et militaires internationales grondent inconsidérément : annulation par les États-Unis de l’accord de Vienne JCPoA avec l’Iran  [2] ; puis du traité INF [3] lui aussi dénoncé par É-U d’abord, puis, la Russie ensuite et précédé d’une course aux performances technologiques (et humanicide) entreprises bien avant, en catimini, par les deux parties ; pressions des pays dotés sur les nations non pourvues à ne pas signer ni ratifier le Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN). Une sensibilisation à une possible et nécessaire démilitarisation nucléaire que nous avons argumentée et documentée dans le Collectif 72 En marche pour la paix toute l’année durant (à retrouver sur ce site) et que nous poursuivront en son sein dans les mois à venir, à commencer par le 20 septembre à Allonnes (renseignements sur ce site prochainement).

In…

Conférence. — Cette année, elle avait pour thème L’agroécologie peut nous sauver, avec le très attendu Marc Dufumier ! Bel exposé, très structuré, devant un auditoire grand public dans sa majorité, mais public averti tout de même.

Marc Dufumier a d’abord fait un bilan de toutes ces années où il a parcouru la planète pour son métier d’agronome et notamment l’Afrique, qui l’a le plus marqué, voire le plus interrogé sur les pratiques qu’il avait reçues lors de son cursus universitaire.

Cela l’a beaucoup interpellé. Notamment les questions des semences depuis l’arrivée de l’hybridation après la Première guerre mondiale et qui s’est renforcée depuis avec les OGM, à la fin des années 80. La réduction du nombre de variétés par la sélection des plus productives pose le problème de la dépendance des agriculteurs aux grandes firmes semencières.

Il a également abordé la question de l’eau qui est aussi fondamentale ainsi que des solutions alternatives pour pallier sa rareté, notamment dans les pays chauds. Il préconise l’adaptation des cultures par rapport aux régions et à leurs climats.

Arrêter d’alimenter les animaux d’élevage avec des tourteaux de soja qui viennent pour la plupart d’autres continents. Cela implique de les nourrir localement et aussi de sortir d’une alimentation carnée à chaque repas pour les populations occidentales.

Le moment intéressant de la conférence a été, à mes yeux, son chapitre sur le couvert végétal pendant les périodes de non-cultures en hiver dans nos contrées. Cela permet de régénérer la terre avec l’aide de la biodiversité, entre autres des vers de terre, cela évite le lessivage des terres nues et permet de mieux préparer les futures cultures tout en l’enrichissant. Et remettre au goût du jour la rotation des cultures, ce que savent très bien faire les agriculteurs en bio.

Pour résumer, la terre doit revenir nourricière et ne plus dépendre d’artifices que sont les engrais et les pesticides chimiques dérivés du pétrole. Le modèle agricole, pour sortir du dérèglement climatique, passe obligatoirement par cela ou ne sera pas.

« Palidôme ». — Nouveau ! Éphémères hier, les ex-structures géodésico-paliglootesques sont devenues cette année un palidôme (photo) écoresponsable et durable. Il servira dorénavant de salle d’accueil, de lieu de vie et, de planétarium !

Phyto-trafiquants. — La Fête du blé au pain, qui se réplique tous les ans, a aussi célébré le pavot. En ce mois estival, le rassemblement manceau du mouvement « Nous voulons des coquelicots » avait choisi de se dépayser à Vaas [4] sous la bannière de l’association Stop OGM et pesticides (nos voisins de stand). Plus d’une cinquantaine de quidams ont bien voulu céder aux apprentis paparazzis pour une pose collective (photo) en fin d’après midi. Mouvement périphérique à nos préoccupations environnementalistes, nous n’en avions jamais vraiment parlé ici ; c’est chose faite !

Ciconiidae. — Notons la récente nidification d’un couple (avec progéniture) de volatiles protégés dans les parages de la fête, à observer à distance respectable (au moins 200 m).

Et off !

Hommage. — Ce même jour, au Mans, un hommage à Steve Maia Caniço, mort noyé à Nantes lors de la Fête de la musique à la suite d’une intervention « décomplexée » de la police pour interrompre une free party sur le quai Wilson, a rassemblé plus d’une centaine de personnes sur le pont Yssoir. Une minute de silence a été observée et des fleurs dispersées dans la Sarthe, puis le cortège a marché jusqu’au pied de la cité judiciaire.

Les violences et mesures étatico-policières se sont  dangereusement accentuées sous Sarkozy, Hollande et Macron jusqu’à mobiliser la LDH… (c’est là : ). Tout est bon qui justifie la répression : autonomes, Black blocs, terrorisme, état d’urgence, NDDL/Sivens/CIGéo…, Gilets jaunes et même les actions de résistance et de désobéissance civique : Décrocheurs, Greenpeace… dont les activistes sont désormais relégués à 150 m des opérations. Ces dérives autoritaires ostensiblement fustigées ailleurs sont désormais monnaie courante chez nous, évidemment ressenties, subies et dénoncées par nos interlocuteurs. La liberticide loi anticasseurs et les pratiques mutilantes (LBD, lanceurs de balles de défense, grenades en tous genre d’Alsetex et d’ailleurs) sont la honte du pays des Droits de l’Homme. Même sur le statut général pour les lanceurs d’alerte, la France a lamentablement été au frein !

Cela devrait — doit —  tous nous alerter !


[1] Au programme de la fête de cette année (cf. aussi affiche ci-dessus) : grand marché bio avec plus de 80 exposants et de nombreuses activités tout au long de la journée : visite du potager et du jardin aux céréales, battage à l’ancienne avec la locomobile, fabrication de farine dans le moulin, cuisson de pains au four à bois, ateliers pour enfants, producteurs et restauration bio toute la journée, écoconstruction (palidôme), artisanat, santé, balade botanique, visites d’EnR, musique des Balkans, dîner champêtre et bal « trad » sur parquet avec Bercédanse… Aussi et surtout, la conférence de l’après-midi, à 14 heures, qui avait pour thème cette année L’agroécologie peut nous sauver, avec le très attendu Marc Dufumier ! Plus de renseignements sur le site du moulin de Rotrou : c’est là : .

[2] Adopté en juillet 2015 par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies — les États-Unis, la Russie, la Chine, la France et le Royaume-Uni, plus l’Allemagne, l’Union européenne et l’Iran évidemment.

[3] Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (missiles ayant une portée comprise entre 500 et 5 500 kilomètres).

[4] Rassemblement mensuel, le premier vendredi du mois. Malgré la période estivale, des rassemblements ont aussi été tenus à Bouloire, Ecommoy et Mamers.


Photos : SdN 72. Affiche et programme : le Moulin de Rotrou/de Robert.