Schneider et Valéry Giscard d’Estaing…


Seventies et plus — Sarthe…

Voilà une entreprise qui fut une grande pourvoyeuse d’emplois féminins dans les années 70, du Mans, d’Arnage et de toute la périphérie. On la connaîtra aussi sous le nom de Radiotechnique et Celmans. Au Mans, on y montera exclusivement des appareils de radio, télévision, magnétophones, de quoi donner du travail à 2 500 personnes. Mais ailleurs, Schneider et sa filiale Framatome tripotent du nucléaire.

Nous vous proposons de vous pencher sur l’itinéraire singulier de celui qui fut d’abord ministre des finances (sous la présidence de Pompidou) puis Président de la République, mais… mais aussi ultra-partisan de l’énergie nucléaire. Sous son septennat, il sera programmé plusieurs dizaines de centrales nucléaires au travers du plan Mesmer qui, lui, prévoyait jusqu’à 200 réacteurs ! Mais cela ne suffisant pas à son égo surdimensionné, plus tard encore dans sa vie, il sera un grand pourfendeur de l’éolien.

Nous solliciterons ici l’éclairage (sans jeu de mots) de Didier Anger, dans son livre « Nucléaire : la démocratie bafouée – La Hague au cœur du débat. »

D’abord, le nucléaire et l’indépendance énergétique
… « (…) à aucun moment ce ne sont des considérations de politique énergétique qui auront orienté les choix de filière nucléaire mais des considérations de politique industrielle (chaudronnerie, tuyauteries, pompes, génie civil). En principe, au début des années 70, c’était la commission Péon, nommée par le gouvernement, qui devait décider du programme électronucléaire, mais cette commission, par sa composition, était largement influencée par les industriels qui y siégeaient. Le choix du nombre de réacteurs à construire n’a rien à voir avec les impératifs de fourniture d’énergie électrique. La crise pétrolière va simplement être un bon alibi pour justifier des choix industriels déjà décidés.

Ensuite, le réseau d’influence de VGE
— Valéry Giscard d’Estaing a épousé en 1952 Anne-Aymone Schneider, la petite-fille du baron Charles Schneider, et se trouve ainsi lié à l’un des plus gros groupes industriels européens de l’époque : le groupe Empain-Schneider. C’est ce groupe à travers sa filiale Framatome-Creusot-Loire qui, en France, détient le brevet des réacteurs PWR (brevet américain Westinghouse), la seule filière technologique qui sera développée pour le parc de centrales nucléaires d’EDF quand VGE sera Président de la République.
— Jacques Giscard d’Estaing, cousin de Valéry Giscard d’Estaing, a été directeur, en 1975, de la SOMAIR (Société des Mines d’uranium de l’Aïr) au Niger. Il est aussi au conseil d’administration de la COMUF (Compagnie des mines d’uranium de Franceville), au Gabon, et développe des relations avec la République Centrafricaine de Bokassa. En 1976, quand Westinghouse sort de Framatome, c’est Jacques Giscard d’Estaing qui est chargé de lier les activités du Commissariat à l’énergie atomique et de Framatome.
— Philippe Giscard d’Estaing, frère de Jacques : il est administrateur de Thomson-CSF qui travaille pour le nucléaire.
— Enfin, François Giscard d’Estaing, frère de Jacques et Philippe, est PDG de la Banque française du commerce extérieur (BFCE). Dans ces années-là, la France est l’un des pays les plus prolifiques et vend du nucléaire partout. Valéry est alors le représentant de commerce du nucléaire et toutes les ventes passent par la BFCE.

Le monde disqualifie lui aussi le propos de VGE
Ils ont rallié Valéry Giscard d’Estaing (VGE) à leur cause. Dans la préface du livre de Jean-Louis Butré, l’ancien chef de l’Etat s’en prend au développement « irresponsable » d’une énergie qui, à ses yeux, est moins renouvelable que « subventionnée ». Il fustige un « gaspillage inacceptable des fonds publics », un « discours officiel trompeur » et même un « business souvent douteux ». L’éolien est aussi la porte ouverte au « puissant lobby germano-danois », disait-il en avril, puisque les fabricants de ces deux pays (Vestas, Siemens, Nordex…) vendent leurs appareils en France.
VGE préside même un comité d’orientation stratégique chargé de régler son compte à l’éolien. On y retrouve des ténors UMP du Sénat comme Philippe Marini ou Henri de Raincourt, et des personnalités comme Marcel Boiteux, ancien président d’EDF, père du programme de construction des centrales nucléaires en France dans les années 1970 et 1980. Cela fait dire aux pro-éoliens que les anti-éoliens ne sont que les faux nez des… pro-nucléaires.

Dis-moi d’où tu parles, je comprendrais qui tu es, ton propos, tes intérêts ! Dans la Sarthe comme ailleurs, nous retrouvons ces opposants à l’éolien, d’abord préoccupés en priorité par leur patrimoine mais qui empruntent et épousent de près ou de loin toute l’argumentation de Butré et d’Estaing. L’ADEPS, qui a ardemment bataillé et obtenu gain de cause contre les quatre éoliennes de Rouessé-Vassé, avait d’ailleurs invité Butré, de Vent contraire, à Sillé-le-Guillaume en mai 2006. C’est là : .


Source : « Nucléaire : la démocratie bafouée – La Hague au cœur du débat » de Didier Anger, livre de 280 pages disponible au prix de 24,50 euros (port compris) auprès du Réseau Sortir du nucléaire, 9 rue Dumenge, 69317 Lyon Cedex 04.


Photo et/ou illustration : sans pour l’instant.