Dimanche 22 juin 2014 — Le Mans
Fête de l’eau et des énergies
Fête de l’eau et des énergies, en un lieu qui illustre merveilleusement bien notre volonté de passer rapidement et massivement à la transition énergétique et l’abandon du nucléaire. Entre béton des Sablons et verdure de l’Arche de la nature, l’endroit enserre un écrin d’énergies alternatives avec son éolienne Léon Bollée (c’est là : ?) qui, certes, n’est pas raccordée au réseau et conçue pour un tout autre usage, mais l’un des deux moulins à aubes, maintenant hydroélectrique bien qu’en phase de test, le sera bientôt (c’est là : ?). La surface non négligeable de capteurs solaires produit déjà ses ?désolé? kW/h depuis 2009. Voir aussi ce panneau d’information sur un précurseur (c’est là : ?). Enfin, le chantier d’insertion dédié aux transports doux pour la terre ferme, à deux, trois ou quatre roues (location, réparation, vente), voire même à sept personnes, et sur l’eau (kayaks, canoës). Lieu pédagogique ouvert au public qui ne fait pas pour autant de la municipalité mancelle un parangon des énergies renouvelables, même si elle ne manquera pas de rappeler le tramway 1 et 2 et la future ligne de bus à haut niveau de service, et (nouveau depuis les dernières municipales) la nomination d’un adjoint à l’architecture et la transition énergétique en la personne de Jacques Gouffé, que nous connaissons pour ses réalisations et projets à Allonnes (chaufferie, ferme solaire, méthaniseur).
Pas forcément la grande foule, mais un public — thème de l’eau et des énergies oblige — d’avance plutôt favorable et préparé à ces centres d’intérêts. Convergence des stands aussi : Energie Avenir, Habitat partagé, Sarthe Nature Environnement, Ecolieux 72 (présentation d’un projet d’habitat partagé), installateurs d’énergies renouvelables… Personne ici pour promouvoir l’énergie nucléaire mais le partenaire de la fête, ErDF, n’en est pas moins un rejeton (filiale à 100 % d’EDF chargée de la gestion de 95 % du réseau de distribution d’électricité).
Nous retiendrons trois échanges parmi tous nos interlocuteurs pour leur singularité.
♦ Une famille bretonne (sarthoise aujourd’hui) dont au moins le père s’est battu contre les centrales nucléaires de Plogoff, Malville, tout heureux de trouver l’incontournable autocollant « Nucléaire, non merci ! » en breton, et… en japonais, qu’il offrira à ses voisins originaires du pays du Soleil levant. Notre interlocuteur a été de ces grandes manifestations, toujours mobilisé pour évoquer de bons et douloureux souvenirs (violents affrontements à Malville et la mort de Vital Michalon, et pas que, c’est là : ?).
♦ Ce technicien du nucléaire à la retraite, très insistant sur les conditions des travailleurs précaires en général et l’insuffisance de leur formation aux risques dans les centrales nucléaires allemandes en particulier (les françaises n’ont rien à leur envier) où il a longuement officié et qui ne croira sincèrement au début du commencement d’un démantèlement nucléaire que quand ce pays investira massivement dans des robots capables d’intervenir dans des milieux fortement irradiés (1), une tâche étudiée en France par une bardée d’ingénieurs du Ciden (Centre d’ingénierie, déconstruction et environnement d’EDF), alors même que le démantèlement de la toute petite centrale à eau lourde de Brénilis (2) est suspendu et pose encore d’énormes difficultés.
♦ Original ce « drôle d’oiseau » qui disserte sur cette inexorable
fuite en avant vers on ne sait quoi de nos sociétés au travers d’une grille de lecture « shadokophiles ». Deux citations au hasard : « Il vaut mieux pomper même s’il ne se passe rien que risquer qu’il se passe quelque chose de pire en ne pompant pas… » « Quand on ne sait pas où on va, il faut y aller, et le plus vite possible », etc.
La nature ayant peur du vide, nous en avons rencontré un, de « Shadok », sur la fête, en chair et en os ! Gaby (Gabriel) Pilard sur une de ses deux machines tout droit sortie de son imaginaire… Les Shadoks pompaient, moulinaient et avaient même inventé le mouvement perpétuel… Notre alchimiste du mouvement, lui, pédale (3) et met en mouvement toute une « berdancerie » sophistiquée, voyez plutôt :
(1) L’Allemagne démantèle le réacteur nucléaire de la centrale d’Obrigheim (dans la vallée du Neckar, sud-ouest du pays), arrêtée en 2005, après trente-sept années de service. Un marché du démantèlement (avec les sous-marins nucléaires) qu’elle entend disputer à la France (cf. note 2).
(2) Voir absolument le documentaire « Centrales nucléaires… démantèlement impossible » de Bernard Nicolas, passé sur Arte le mardi 29 juillet 2014. C’est là : ?.
(3) Et se fait parfois assister d’un moteur pour jouer de la burette, comme ici sur une de nos trois photos.
Crédit photos : SDN 72, capture d’écran d’un site fan des Shadocks, Gaby Pilard (ici au comice de Brûlon) par SDN 72.