Malville 1977 et Vital* (Creys-Malville, France)


31 juillet 1977  Creys-Malville (France)

Affiche malville 1977Malville ! Soixante mille personnes ! Des manifestants décidés ! Un des plus grands rassemblements antinucléaires en France. Ici,  contre le projet de centrale Superphénix sur son futur site, à Creys-Malville, dans l’Isère. Une manifestation pensée, voulue, préparée, organisée pour éviter les incidents. Néanmoins, des affrontements violents entre manifestants et forces de l’ordre — chauffées à blanc — feront un mort (Vital* Michalon), un amputé de la main (Manfred Schultz), un autre du pied (Michel Grandjean) parmi les manifestants. Des blessés aussi du côté des cinq mille CRS, gendarmes et gardes mobiles, du régiment de gendarmes parachutistes et des membres des brigades anti-émeutes déployés par le très vindicatif préfet René Janin (forces appuyées d’hélicoptères, de véhicules amphibies et de ponts mobiles). Le brigadier Touzeau, qui avait tardé à lancer sa grenade, s’explose l’avant-bras. Au procès, un an après, on apprendra que certains d’entre-eux avaient mis crosse en l’air et été frappés par leurs supérieurs !

Elle avait été précédée d’une autre manifestation, le 3 juillet 1976, de quinze mille personnes emmenées par Lanza Del Vasto, Théodore Monod et Philippe Lebreton (et 14 997 anonymes) qui avaient pénétré sur le chantier après avoir cisaillé une clôture de barbelés.

edf et la faucheuse de mortWeek-end de chassé-croisé des juilletistes et des aoûtiens. Numériquement, la manifestation fut un tournant énorme dans la mobilisation antinucléaire. La violence qui s’y imposa également marquera la suite du mouvement. De nombreux Sarthois en étaient et il n’est pas rare qu’un d’entre-eux se signale d’en avoir été lors de nos tables de presse.

La France s’était engagée dans cette filière dans les années 1960 avec le petit réacteur Rapsodie, à Cadarache. Suivi de Phénix (250 mWh) à Marcoule, puis de Superphénix, à Malville, dans l’Isère, en 1976. Le président du moment, Valéry Giscard d’Estaing, toujours prompt à prendre ses fantasmes pour des réalités, ira jusqu’à dire qu’avec cette technologie, la France allait disposer d’autant d’énergie que l’Arabie Saoudite avec son pétrole… Reportez-vous à l’année 1988. C’est là : ▶.

Pour le traitement de cette information par une chaîne télévisée de l’époque (TF 1 !), c’est là :  (rien n’a vraiment changé !). Un traitement généraliste, ici : . Un dernier, ici : . En fouillant vous en trouverez fort heureusement d’autres et des plus pointus.


Et… Le Mans ! Les jours qui suivirent cette manifestation, là où il y a maintenant le parc urbain de l’Île-aux-Planches, le long mur d’EDF qui longeait la Sarthe accueillera longtemps LE plus long slogan peint sur les murs de la ville. On pouvait y lire : « Ceux qui croient au nucléaire en 1977 sont ceux qui croyaient dans la ligne Maginot en 1936 »… Pas une ride ! Si vous aviez une photo de ce mur…


* Joli prénom que celui de Vital. Issu du latin vitalis, signifiant  » le souffle vivifiant  » (qui entretient la vie). Paradoxalement, il mourra d’un tir tendu en pleine poitrine d’une grenade offensive, poumons éclatés par le souffle de la déflagration. Saura t-on un jour si ce projectile a pu être produit en Sarthe à l’usine Alsetex de Sablé-sur-Sarthe ?

Une stèle funéraire (cénotaphe) est érigée sur les lieux du drame et fait l’objet de lieu de mémoire. Un jeûne et un rassemblement y sont organisés tous les dix ans, c’est là :  (vers le bas). Le témoignage de son frère, ici : .


Affiche : Collectif ???. Illustrations : J-L B.

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