Paligloo La Sarthe, le Maine…


Octobre 2013  La Sarthe, le Maine…

 

C’est là un concept qui revisite la fable des Trois Petits Cochons, versus XXIe siècle. Un concentré d’habitat en paille, en bois, en dur, mais aux normes BBC (bâtiment basse consommation). Mais là, Messire Loup aurait du mal à se laisser choir par le conduit du poêle à bois. En filigrane aussi de ces écoconstructions, un projet social intégral pour les plus défavorisés et les mal-logés. Sous-jacent, ici aussi, les nombreux igloos de l’artiste Mario Merz (Igloo Fibonacci 1970, et…) et le courant Arte povera (1).

paliglooPaligloo : ce mot-valise  est constitué de « pal » pour « palette » et d’« igloo » pour imager la rotondité de l’habitat inuit. Ces maisons sont donc le résultat d’un savant assemblage de planches de palettes de récupération — ou pas — en forme d’hexaèdres (polyèdres à six faces… je me la pète !!!) constituant l’ossature en demi-sphère ! Dans mon Actuel n° 1 (mensuel des années soixante-dix), on aurait dit « dôme géodésique » inventé bien avant par le Dr Walther Bauersfeld (début XIXe), réinventé et… breveté par Richard Buckminster Fuller (2). Merci Papy ! Chaque cadre étant lui même bourré de paille et le tout recouvert d’un « briquetage » de bottes de pailledome-geode-palette (anciennes presses obligatoires, round-ballers exclus !) pour une isolation optimum (équivalent à 25 cm de laine de verre dernière génération)… Suivent les enduits… On est bien, là, dans la recherche d’une sobriété énergétique, chère à SDN 72 !

Ici, l’ambition est aussi de proposer une structure d’insertion par le travail et aussi de lutter contre le mal-logement. Permettre à toute personne le désirant d’apprendre un savoir-faire, de renouer avec une activité salariée. Donner « Non pas de quoi vivre, mais une raison de vivre » pour s’engager durablement contre la pauvreté et l’exclusion en proposant une véritable alternative d’autoconstruction innovante et originale de leur logement à haute valeur environnementale.

Un détour par le site de cette association vous en dira beaucoup plus, c’est là : , et pour une petite vidéo c’est possible, ici : .


dome-geode-piaceA l’été 2013, Piacé le radieux proposait une épure artistique de ce type de structure en présentant le travail d’Alexis Judic et de bien d’autres artistes (Piacé se trouve sur la route d’Alençon, après Beaumont et Juillé). Le site de cette manifestation artistique est là : .

Piacé le radieux ou la Quinzaine radieuse est le prolongement d’un projet de Le Corbusier qui avait lui aussi planché sur cette symbiose de l’architecture et du vivre-ensemble. Ses réalisations — connues — concernent esclusivement le monde urbain, la Cité Radieuse à Marseille (ou, pour les autochtones… la Maison du Fada), la Maison Radieuse de Rezé à l’inspiration fourriériste/phalanstèrienne, le Cabanon de Roquebrune-Cap-Martin… Sollicité par un ami de Piacé (Sarthe), Norbert Bézard (3), il avait planché sur un projet en milieu rural. En 1934, son travail aboutit à la définition de la Ferme radieuse, et quelques années plus tard, au Village coopératif. De ce projet, entre rêve et utopie, aucun élément ne verra le jour. Mais, depuis 2009, l’association Piacé le radieux propose des textes, plans, maquettes, correspondance, lectures faisant revivre ce projet pensé pour cette commune. « La Quinzaine » initiale (quasiment trois mois maintenant) est enrichie par l’intervention d’artistes, performances, travaux de créateurs… A voir au moulin du Blaireau, mais aussi sur toute la commune de Piacé, voire jusqu’à Vivoin. C’est aussi là : .


(1) Arte povera, pour Art pauvre, courant artistique contestataire rejetant l’objet fini, fabriqué par la société de consommation, lui préférant la gratuité du geste créateur, c’est là : .

(2) Il sera le co-architecte du pavillon des USA pour l’Exposition universelle de 1967 à Montréal. Cette structure en forme de dome géodésique, sur l’Île Sainte-Hèlène, est maintenant appelée « La Biosphère ».

(3) Hélas, on retrouve aussi Norbert Bézard et, au moins un temps, Le Corbusier dans… le Faisceau. C’est sans doute là qu’ils se sont rencontrés. Ce mouvement se revendiquait d’un fascisme inspiré du modèle italien, synthèse du nationalisme et du socialisme…


Nota : la cantine scolaire de l’école primaire de Marçon est la seule réalisation palafittique (sur pilotis) du célèbre et singulier architecte en Sarthe. Contacté dans les années 50, Le Corbusier baptise l’étude « Marca » (Marçon-cantine), à laquelle participe Wogensky. Les plans sont dessinés en 1957, ouverte aux écoliers dès 1960 et inaugurée par le ministre Claudius Petit en février 1962.


Crédit photos : captures d’écran sur le site de Paligloo et de Piacé le radieux.