CLI Ionisos… de 2015 au Mans, mais entreprise de Sablé


Jeudi 21 janvier 2016 — Le Mans (mais entreprise de Sablé)

logo détourné de IonisosL’entreprise Ionisos, à Sablé-sur-Sarthe, est prestataire de service pour le traitement par rayonnements ionisants (des rayons gamma obtenus à partir d’une source de cobalt 60 [1]). Aujourd’hui, elle traite plus particulièrement les matériels chirurgicaux et de laboratoires (y compris de l’agro-alimentaire), les cosmétiques… Marginalement, désormais, les produits agroalimentaires étant stigmatisés par les consommateurs, et du coup, boudés par la grande distribution, soumise à un étiquetage dédié (cf. logo). 

Ce type d’établissement est classé en INB (industrie nucléaire de base), comme les centrales nucléaires, et de ce fait, soumis depuis 2006 à la mise en place d’une CLI (Commission locale d’information) avec l’obligation de siéger au moins une fois l’an. Une structure d’information et de concertation veillant à la sûreté nucléaire, la radioprotection et l’impact des activités nucléaires sur les personnes et l’environnement. Ses membres sont des élus, syndicalistes, représentants d’associations et/ou experts validés par le conseil départemental. Martial Château y siège pour SNE (Sarthe Nature Environnement), mais il est aussi président de SDN 72 et administrateur du Réseau national SDN.

ionisos-exterieurFin des prolégomènes ! On vous épargnera un surplus de commentaires oiseux pour vous inviter à consulter — vous-même — le rapport de la dernière CLI Ionisos du jeudi 21 janvier 2016 qui s’est tenu au Mans, dans des locaux du conseil départemental, l’entreprise étant bien, elle, à Sablé, c’est là : ? .

Réunion annuelle qui aurait dû se tenir en 2015 ! La précédente remonte au 29 octobre 2014, c’est là : ?. Pour la première fois, le rapport est consultable durablement sur le site du conseil départemental de la Sarthe. La numérisation des précédents rapports et leur mise à disposition du public gagerait un début de volonté de transparence qui serait une cerise (non irradiée de préférence) sur le gâteau. Pour autant, elle ne serait qu’une illusion d’optique, brillamment analysée par Sezin Topçu dans son ouvrage La France nucléaire. L’art de gouverner une technologie contestée. Nous l’avions invitée en 2015, c’est là : ?.

Car la glasnost a bien des limites en matière nucléaire, même si elle réserve parfois des surprises. Ce qui fut le cas lors de cette réunion, le responsable du site, M. Philippe Palvadeau, ayant saisi l’opportunité d’une opération de maintenance le mardi 14 juin pour proposer une visite des installations aux membres de la CLI. Revers d’une mauvaise communication ? On l’ignore ! Mais on se souvient que la direction du groupe Ionisos [2] avait refusé d’ouvrir ses portes aux équipes de la réalisatrice Aude Rouaux pour un documentaire intitulé Aliments irradiés, mauvaises ondes dans nos assiettes ? diffusé sur France 5 dans « L’enquête des Docs du Dimanche » (production Capa France Télévisions) le dimanche 15 mars 2015, c’est là : ?.

Cette unité est également soumise aux inspections de l’ASN (Autorité de sûreté du nucléaire) de Nantes (ici). Souvent présentée comme le gendarme de la profession, son indépendance est, elle aussi, sujette à caution, bien qu’on relève parfois quelques velléités de s’affranchir de son autorité de tutelle. Une impartialité attendue au virage par tous les antinucléaires dans les mois à venir. Son expertise sur des anomalies — qualifiées de « ségrégations majeures » par l’IRSN — dans la composition de l’acier [3] du fond de la cuve (Cuvegate) et du couvercle de l’EPR de Flamanville sonnera, ou pas, le glas de sa crédibilité. Et elle manque aussi cruellement de moyens.

La dernière visite de l’unité de Sablé-sur-Sarthe par l’ASN est toute récente. Elle date du 11/12/2015, son rapport est là : ? (normalement, en deuxième position sur la page).


[1] Ou par rayons bêta dans son autre usine de Chaumesnil (Aube), produits par un accélérateur d’électrons.

[2] Quatre unités en France, plus une en Chine et une autre en Espagne. Son siège étant à Dagneux, dans l’Ain.

[3] Forgés dans l’usine Areva/Saint-Marcel du Creusot, leur acier présente, par endroits, des concentrations de carbone trop importantes pouvant affecter la résistance mécanique de la cuve et du couvercle.


Photo : SDN 72 ; logo Ionisos détourné, SDN 72 ; logo produits irradiés, capture d’écran.