Fin juillet 2025 — Ouest, France…
L’édition d’été de la revue (n° 106) du Réseau (national) Sortir du nucléaire est parue ces jours de fin juillet 2025. Si ce n’est fait (abonnement) retrouvez- la sur nos tables de presse de l’été : à Vaas (sud Sarthe), à La Fête du blé au pain le 2 août ; à Putanges-le-Lac (Basse-Normandie) pour Les Résistantes, du 7 au 10 août ; à Bure (Meuse) à La Manif du futur, le 20 septembre, etc. (consulter « Événements à venir » sur notre page d’accueil). Le nec plus ultra militant, solidaire… étant l’abonnement à ce trimestriel, c’est là : ▶.
Nous reproduisons ci-dessous un de ses nombreux articles cosigné respectivement de Chantal Cuisnier (de SdN Cornouaille) et de Martial Château (militant, coprésident de SdN 72), tous deux signant ce « papier » sur la — Bérézina — des réacteurs (REP et EPR) de Flamanville (à une encâblure de la ligne THT Maine de la Sarthe) pour le Collectif antinucléaire Ouest (auquel SdN 72 adhère et coanime).
Centrale nucléaire de Flamanville : rien ne va plus !
Le 22 mars, sur le réacteur 1, vieux de quarante ans, une fuite d’eau a été détectée sur une tuyauterie connectée au circuit primaire. Le débit de fuite était de 5 000 litres par heure. Par chance, le réacteur était encore à l’arrêt, la température et la pression du circuit primaire ont pu être abaissées rapidement. Mais une fuite sur le circuit primaire n’est jamais anodine. La réparation a nécessité le déchargement du combustible, et le fonctionnement à pleine puissance n’a été rétabli que le 12 mai. Il y a urgence à contrôler les tuyauteries de même type des autres vieux réacteurs ou, mieux, décider de les mettre rapidement à l’arrêt définitif avant qu’il ne soit trop tard.
Quant au réacteur EPR de Flamanville, cinq mois après sa connexion au réseau électrique [1] il ne produit qu’épisodiquement de l’électricité. Le journal Reporterre et le Canard Enchaîné ont fait les comptes : sur les 100 premiers jours de mise en service, il a été arrêté 76 jours pour au total consommer plus d’électricité qu’il n’en a produit [2].
L’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) dans son rapport sur l’état du secteur en France en 2024, confirme ce démarrage laborieux : « EDF a déclaré un nombre d’événements significatifs pour la sûreté plus important que ce qui était attendu, même pour le démarrage d’un nouveau réacteur », pointe l’ASNR [3].
La farce nucléaire continue après 17 ans de chantier calamiteux, un coût pharaonique de huit fois le devis initial pour frôler les 24 milliards d’euros. La belle affaire ! Cela n’a pas empêché Marine Le Pen, présidente du parti Rassemblement national, de venir faire une ode au nucléaire à Flamanville le 11 mars dernier, jour de la commémoration de la catastrophe de Fukushima.
Au 20 mai, les derniers essais de grande ampleur sont suspendus et le réacteur est déconnecté du réseau en raison d’une grève des agents opérationnels mécontents de leurs conditions de travail.
Et le reste de la filière EPR ?
Les autres réacteurs EPR ne fonctionnent guère mieux, que ce soit à Olkiluoto (Finlande) ou à Taïshan (Chine). Ce sont soit des arrêts fréquents, soit un fonctionnement au ralenti. Le chantier EPR à Hinkley Point C (Royaume Uni) a pris le même chemin calamiteux que celui de Flamanville. Le contraire aurait été étonnant : la CRIIRAD a révélé les défauts de conception de l’EPR en 2021 [4]. La filière EPR est mort-née.
Pour Penly, la conception de l’EPR2 n’est même pas finalisée mais les nucléocrates ont engagé les travaux préparatoires après un simulacre de débat. Et, bis répetita, comme à Flamanville, le chantier commence de façon calamiteuse : la qualité du sable utilisé pour le béton de la digue de protection est déjà défectueuse [5].
Au même moment, l’arrêté du 26 mars 2025 sabre le prix de rachat de l’énergie solaire photovoltaïque, bridant ainsi son développement. Une aberration alors que la transition énergétique devrait se faire avec les économies d’énergie et les énergies renouvelables.
Chaque citoyen·ne conscient·e de la situation aberrante imposée par l’État nucléaire français doit exiger par notre mobilisation et notre action collective un avenir libéré du nucléaire.
Chantal Cuisnier et Martial Château
pour le Collectif antinucléaire Ouest
Notes
[1] Le réacteur a été connecté en décembre 2024 au réseau électrique. Cet article a été rédigé en mai 2025.
[2] Nucléaire : l’arrêt de l’EPR de Flamanville à nouveau prolongé, Reporterre, 10/3/2025, c’est là : ▶ ; L’EPR de Flamanville pompe plus d’énergie qu’il n’en produit, Le canard enchaîné, 9/1/2025, c’est là : ▶.
[3] Rapport sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2024, ASNR, 22/05/2025, c’est là : ▶.
[4] Comprendre l’incident à l’EPR de Taishan 1, CRIIRAD, 3/12/2021, c’est là : ▶.
[5] Nucléaire : le béton des premiers EPR2 est défectueux, Reporterre, 14/3/2025, c’est là : ▶.
Illustrations : (dévotion) Andy Singer ; (Stop EPR) du graphiste-illustrateur-affichiste… Laurent Van Helle (autorisation de publication en cours) ; (anomalies sur EPR) Charmag ; (nuke, inadapté à l’urgence climatique) Pica (Pierre Tranchand).
Addendum du 1er août 2025. Après un incommensurable retard de construction de 12 ans, l’EPR de Flamanville cumule aussi plusieurs reports dans sa phase de mise en route. Il devait atteinte sa pleine puissance (1 650 MWe) à la fin de l’été. Elle est maintenant différée à la fin de l’automne (le 21 décembre… pour ne pas dire 2026) pour effectuer des — travaux de prévention — sur deux des trois soupapes du circuit primaire alors qu’il n’est toujours que dans sa phase de lancement et qu’il a, pour l’heure, consommé plus d’électricité qu’il n’en a produit.