SdN 72 à la 23e Fête du blé au pain, à Vaas, le 2 août 2025


Samedi 2 août 2025 (toute la journée) —  À Vaas (sud Sarthe)

Tôt (enfin… 9 h 30), ce samedi 2 août, à Vaas, le stand de Sortir du nucléaire 72 était fin prêt (photo ci-contre, à l’ouverture) pour la Fête du blé au pain du moulin de Rotrou [1]. Prêt pour susciter l’intérêt, échanger, partager et/ou confronter avis et arguments sur le très clivant sujet qu’est le nucléaire, civil et militaire en France, pays le plus nucléarisé au monde (proportionnellement au nombre d’habitants et au nombre de réacteurs au km2). Exception qui ne devrait cesser de nous interroger.

D’indécrottables Gaulois·e·s persistent encore et toujours dans l’erreur

Une donnée déterminante qui en dit long sur le consentement à la nucléarisation de notre modeste espace quand l’énergie électrique finale d’origine nucléaire consommée dans le monde plafonne à 2 % pour culminer chez nous à… 16 % ! Une donnée essentielle qui fait de notre pays une exception que nous aimons rappeler à nos détracteurs et une singularité sur laquelle on aimerait revenir. Dès lors, l’aveugle orientation du tout-nucléaire, prise (sans consultation de la population) au milieu du siècle dernier et prétendue — in-con-tour-na-ble — depuis, est itérativisée : président après président, gouvernement après gouvernement, majorité politique après majorité politique… avec force désinformation pour que l’opinion y adhère, si besoin aux forceps. Jusqu’à l’inepte ! Confère la récente proposition de loi du sénateur LR Daniel Gremillet (Vosges) [2] sur la relance du nucléaire (suite fin septembre devant l’Assemblée nationale) et la tribune au Figaro de B. Retailleau (ministre de l’Intérieur et patron des Républicains) et consorts, où il y plaide la fin des « subventions publiques » pour l’éolien et le photovoltaïque… et autres billevesée [3] singeant le programme du Rassemblement national.

Morceaux choisis

Actualité·s ? conditions météo ? cette année, les chaland·e·s nous ont semblé plus nombreux. Aussi à s’arrêter à notre kiosque info, à s’y intéresser, à y palabrer, voire, à s’y confier…

À commencer par l’animateur de la journée qui, via sa sono nomade, nous a offert une courte présentation de notre stand que notre porte-parole a axé sur la célébration de la 80e commémoration de la première utilisation de l’arme nucléaire à Hiroshima (le 4e jour suivant). Rappelant qu’à ses premiers jours, l’atome était — d’abord — militaire !

Comme à son ordinaire, notre table de presse proposait pour moitié une documentation (livres, BD, essais, au prix librairie), tee-shirts sérigraphiés, goodies… et une moitié de flyers variés — gratuits (mais qui ont toutefois un coût, pris en charge par le groupe, donc ses adhérents ; merci d’y penser) — notamment le tout dernier sur l’eau de la Loire et la Vienne (trouvez-le ici : ), quasi sorti de l’imprimerie… Un complément opportun à l’une des conférences sur — L’eau, la rivière et sa vie — par Patrick Rivolet. On vous recommande aussi ceux sur : les déchets nukes, les armes nucléaires et le TIAN (Traité d’interdiction des armes nucléaires), etc.

Au chapitre des rencontres, il y en eut d’émouvantes. Notamment ce couple de retour du Japon, visiblement chamboulé, pour ne pas dire commotionné, à la suite de sa récente visite à Hiroshima dont la 80e commémoration sera célébrée dans quatre jours, supra. Nous avions précédemment publié une poignante « Carte postale d’Hiroshima » de sympathisants manceaux passés sur le lieux du drame, c’est là : . Il est évidemment essentiel de réunir toutes les énergies possibles pour que la France signe et ratifie le Traité d’interdiction des armes atomiques (TIAN : 122 États l’ont adopté, mais la procédure signature-ratification est long, à ce jour, 94 l’ont signé [dont 25 qui ont lancé leur processus de ratification], 73 l’ont ratifié). Que simultanément ces pays contraignent les pays « dotés » à démanteler leur apocalyptique arsenal.

Aussi, cette autre paire de chalands de la région de Dunkerque (Nord) tourmentés pas la potentielle dangerosité intrinsèque et d’éventuelle cible de la centrale de Gravelines (6 réacteurs [tout comme celle de Zaporijia [4]] de 900 MWe chacun), sans compter le puissant complexe industriel de la région, à laquelle l’État veut adjoindre (comme à Penly, à 133 km au S-E) deux EPR2, pour eux, la coupe est pleine, voire déborde et depuis longtemps.  

Installation extrêmement discrète — bien que majeure — le centre CEA Le Ripault [5] à Monts (à proximité de Tours et à une distance orthodromique de 50 km de Vaas), rattaché à la Direction des applications militaires du CEA, ne cesse lui aussi d’interroger cet autre couple de la région. Un temps menacé selon la CGT, il est actuellement en grand travaux (désamiantage-extension-réorientation-diversification…?). Ne nous y trompons pas, la double dénomination des deux dernières lettres de son sigle (C-EA) : Commissariat à l’énergie atomique et aux Énergies alternatives masque difficilement son activité historique principale : l’optimisation de l’arme nucléaire française et autres applications de l’atome. Le reste est à la marge, alibi, voire au service de start-up privées.

Appelons le Camille (pseudo d’emprunt des activistes de NDDL). Ancien mécanicien, il a « socialement ascensionné » (c’était dans une autre vie), s’est formé, a nomadé professionnellement et bravé les difficultés, jusqu’à phosphorer sur « nos » ex-missiles M-4  puis M-45 (missile mer-sol balistique stratégique français équipant les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE] de nouvelle génération) sans en partager la pertinence. Il oeuvre aujourd’hui pour d’autres projets et objectifs, environnementaux, durables…

Cette fois encore, nous avons rencontré d’ex-travailleurs du nucléaire (ou ses « nomades » [personnel intérimaire de sous-traitants]) dont paradoxalement la parole se débride leur carrière achevée, confirmant s’il en était besoin que cette industrie est particulièrement encadrée, contrôlée, surveillée. Depuis quelques années, un de ces ex-salariés de l’atome — qui a pris petit à petit ses distances vis-à-vis de cette énergie — renseigne lui aussi nos interlocuteurs sur nos stands.

Dystopie, toujours

« Jusqu’à l’inepte » disons-nous plus haut ! Depuis des lustres, le formatage pronucléaire s’autoentretient, voire  prospère et ne nous surprend plus guère. Son pendant juridico-répressif antinucléaire l’accompagne depuis toujours. Ceux qui pensaient qu’on en avait atteint le sommet se trompaient ! Dix jours avant la fête de Rotrou, il s’est encore un peu plus débridé. Le 23 juillet 2025, le Conseil d’État a factuellement validé un nouvel outil coercito-répressif et liberticide ciblant spécifiquement les antinucléaires et les personnes accédant aux installations nucléaires (personnels de sociétés sous-traitantes par exemple). Le fichier intitulé ODIINuc [6] créé par un décret du 8 avril 2024 à l’initiative du ministère de l’Intérieur (Gérald Darmanin à l’époque), qu’en septembre 2024, trois associations (Greenpeace France, le Réseau Sortir du nucléaire et Cacendr), des journalistes, élu·es et des membres de la société civile avaient saisi. Hélas sans succès, sauf à obtenir son invalidation par la Cour européenne des droits de l’Homme.

La liberté d’expression, de manifester… garantie par la Constitution, s’effrite continuellement dans notre pays prompt à pointer les dérives autoritaires autres que les siennes !


Notes

[1] Un événement proposé par l’association Les amis du moulin de Robert (prénom du dernier meunier, R. Cholière). C’en était la 23e édition, avec comme d’hab’ ses animations : rondos, culturelles, conférences, panification, visites à la ferme, stands variés… Une partie de l’année, des animations socioculturelles et d’éducation populaire y sont proposées. Le lieux produit aussi de l’énergie solaire (2 kWh) et hydroélectrique (6 kWh) qui le rend entièrement autonome en électricité !

[2] Proposition de loi orwello-trumpiste pronucléaire et antirenouvelables : la réouverture des deux réacteurs de Fessenheim, un moratoire sur les énergies renouvelables, l’interdiction de l’expression « énergies renouvelables » et l’exclusion du solaire et de l’éolien des « énergies décarbonées » etc. dont le texte avait largement été voté en première lecture au Sénat, (le 16 octobre 2024), fortement remanié en première lecture à l’Assemblée nationale et rejeté le 24 juin 2025.

[3] Tribune consignée par deux autres roitelets de LR : François-Xavier Bellamy et Julien Aubert. Résumons : « rebâtir un parc nucléaire » et stopper le financement de l’éolien et du solaire PV. Le tout étayé de poncifs éculés et de données délibérément mensongères, erronées et dénaturées.

[4] On apprendra le lendemain (dimanche 3 août 2025) via l’AIEA que des explosions et de la fumée avaient été observées à proximité d’une installation auxiliaire de la centrale ukrainienne. Il y a urgence à cesser de « jouer » avec le feu nucléaire !

[5] Ce qu’en dit le CEA, sur son site d’une opacité communicationnelle calculée, c’est là : .

[6] ODIINuc : Optimisation des données et informations d’intérêt nucléaire. Outre les éléments classiques d’identification, le fichier collectera des données extrêmement larges et intimes : signes physiques particuliers, pseudos, situation familiale, troubles psychologiques ou psychiatriques, voire la prétendue origine raciale ou l’origine ethnique, les liens éventuels avec des « groupes extrémistes »…  des personnes pouvant être fichées pour avoir seulement participé à un événement « révélant un risque. »  Bref, un périmètre suffisamment flou qui autorisera les pires dérives.


Affiche : Le moulin de Rotrou-Robert. Photo : SdN 72.