Novembre 2025 — Partout en France
Avant d’être 100% dépendante du minerai d’uranium pour faire bouillir l’eau de ses très nombreuses centrales nucléaire (57 aujourd’hui) la France l’extrayait en partie de son territoire métropolitain. Si, la Sarthe et plus largement le Maine ont été épargnés de cet extractivisme, 26 départements (carte infra) eux, ont été directement et sévèrement impactés (dont nos voisins de Loire Atlantique [notamment à Piriac et Guérande], Vendée, Morbihan). La dernière mine d’uranium française a fermé ses portes en mai 2001 ! L’Hexagone s’est ensuite approvisionnée en Afrique notamment au Niger (en y perpétrant sa domination néocolonialiste et y externalisant sa pollution), mais aussi au Canada, en Australie… et désormais majoritairement au Kazakhstan. Un minerai transitant via la Russie (qui aussi l’enrichit), sans embargo !
Arlette Maussan a largement incarné l’opposition à l’ouverture et à l’exploitation de ces mines, notamment celles des Bois Noirs Limouzat (à la limite de l’Allier et du Puy-De-Dôme, à 350 km à vol d’oiseau du Mans). 
Aussi à leur « sécurisation » après fermeture et exerçait une vigie permanente depuis toujours. Elle a également mené le combat contre un projet de centre d’enfouissement de déchets nucléaires de la Cogema-Andra. Déterminée, tenace et opiniâtre, elle militait encore ces derniers temps contre la mine de lithium de l’Échassières. Elle est décédée brutalement en ce début de mois de novembre !
Nous publions, ci-dessous, le texte qu’elle avait écrit sur les [ses] combats contre les mines d’uranium sur le bassin de la Loire qu’elle avait rédigé pour un projet de brochure — inventaire — que le Collectif Loire Vienne Zéro nucléaire (auquel SdN 72 participe) ambitionnait de publier sur le nucléaire civil et militaire du bassin versant de la Loire.
Nous publions, ci-dessous, le texte qu’elle avait écrit sur les [ses] combats contre les mines d’uranium sur le bassin de la Loire qu’elle avait rédigé pour un projet de brochure — inventaire — que le Collectif Loire Vienne Zéro nucléaire (auquel SdN 72 participe) ambitionnait de publier sur le nucléaire civil et militaire du bassin versant de la Loire.
Implantation des mines d’uranium
par Arlette Maussan
1/ Historique.
Créé en 1945 par de Gaulle suite aux bombardements atomiques à Hiroshima et à Nagasaki, le CEA (Commissariat à l’Énergie Atomique) est à l’origine des prospections à outrance de l’uranium : il fallait trouver des mines pour les « besoins » de la bombe atomique française. C’est ensuite la COGEMA et diverses petites entreprises qui ont exploité les mines d’uranium. « Le temps des conquêtes », tel est le titre d’un ouvrage du CEA. « Où est la frontière entre le civil et le militaire dans la quête de cette énergie nouvelle ? Pierre Guillaumat va repousser cette frontière, soulignant combien les efforts scientifiques, industriels et militaires vont nécessairement de pair. »…. « …la première bombe française explosera le 13 février 1960 à Reggane, au Sahara algérien. »
En 1946, à Lachaux, Puy-de-Dôme, le CEA reprend l’exploitation de M. Thave (commencée dès 1929). « Après-guerre, le petit bourg auvergnat de Lachaux vit des années historiques marquées par l’improvisation et l’euphorie qui caractérisent le départ des grandes aventures » (P.C. Guiollard – auteur-éditeur-COGEMA). En fait, la grande aventure de Lachaux ne durera que 6 ans pour une production de 34 t d’uranium. « …il était devenu évident que l’importance des Bois-Noirs rendait inopportune une persévérance dans l’exploitation des gisements siliceux pauvres de Lachaux » (P. C. G. – COGEMA).
Le site Bois-Noirs-Limouzat produira près de 7000 t d’uranium entre 1955 et 1980. « …en 1957, le gisement du Limouzat s’annonce déjà comme le plus important gisement d’uranium européen » (P. C. G. – COGEMA). Des galeries ont été creusées jusqu’à 440 m de profondeur.
En Limousin, à la Crouzille, Haute-Vienne, c’est en 1948 qu’est découverte la pechblende (uranite, minerai radioactif). Plusieurs travaux sont entrepris : tranchées, dépilages, puits. Le puits P2 atteint 100 mètres de profondeur. Lors de l’inauguration, il sera baptisé Puits Henriette, prénom de l’épouse du Directeur des Recherches et Exploitations Minières. « La Crouzille est le PREMIER GRAND PAS FRANÇAIS DANS LA PRODUCTION D’URANIUM » (Le temps des légendes – CEA). Les mines du Limousin, notamment en Haute-Vienne vont effectivement devenir les plus importantes de France : 32 334 t de production d’uranium.
Plusieurs petites mines d’uranium de la Creuse ou de la Haute-Loire, ont des impacts. Aussi modestes soient-ils, ces impacts vont sur les ruisseaux qui se jettent dans la Loire. En particulier, les galeries de la mine des Driots, à Vorey (43) ont, de plus, servi pour des tirs chimiques du CEA. Un vaste pan de montagne, boisé de nos jours, présente des risques d’affaissements. Aucune indication ne renseigne sur les problèmes de la radioactivité ou sur les possibles effondrements du sol.
Avant de quitter le Massif Central, la Loire accueille des eaux de rivières de la Saône-et-Loire et de la Nièvre impactées par les écoulements radioactifs des mines de ces deux départements. Une d’entre elles – Le Bauzot, à Issy l’Évêque – sert aussi de dépôts de déchets industriels radioactifs. Environ 90 000 fûts, 16 000 t ont été déposés entre 1958 et 1969. Le tout a été recouvert par les déchets miniers. Le site est classé ICPE (Installation Classée pour la Protection de l’Environnement).
Avant d’arriver à son embouchure, la Loire reçoit les contaminations des mines d’uranium de Vendée, notamment l’Écarpière et La Commanderie. Grosses productrices, ces mines voient les rejets de leurs eaux contaminées aller dans la Moine ou dans la Sèvre-Nantaise. Si l’usine SIMO de traitement du minerai à l’Écarpière a fourni 4 119 t d’uranium issu de la mine elle-même, cette SIMO a produit de l’uranium en traitant la globalité du minerai de la région vendéenne et bretonne, d’où une production de 13 660 t d’uranium. Ce qui laisse sur le site une zone de 80 ha de stockage de résidus de traitement, soit 11,5 millions de tonnes de déchets radioactifs de faible activité à vie longue (FAVL), voire MAVL (moyenne activité).
La « belle époque de cette aventure euphorique » se termine en 2001 avec la fermeture de la dernière mine à Jouac (87). L’héritage de cette période relativement courte est un désastre pour le présent et pour encore des milliers d’années.
2/ Ce qui reste : les déchets miniers radioactifs.
I- Les « stériles » radioactifs.
L’extraction du minerai d’uranium a mis en surface des roches radioactives. Concassées, ces roches non exploitées dans les usines de traitement du minerai sont encore, plus ou moins radioactives. Elles sont nommées, à tort « stériles » : pas assez riches en radioactivité (non rentable) pour leur utilisation industrielle, elles sont beaucoup plus radioactives que les milieux naturels.
Une grande partie de ces « stériles » radioactifs est stockée sur les anciens sites miniers. Ce sont les verses à stériles. Le ruissellement des eaux de pluie entrainent des pollutions radioactives.
Encore plus grave, une partie de ces roches radioactives a été réutilisée dans le domaine public et elles impactent notamment les riverains exposés. Grâce au travail des associations, appuyées par la CRIIRAD [1] et grâce à la médiatisation de ce problème dans l’émission d’Élise Lucet, Pièces à Conviction : « La France contaminée », en février 2009, des lieux fréquentés ont été décapés par AREVA dès mai 2009 (Foyer de ski de fond du Montoncel, Lavoine, Allier).
Par la suite un recensement national a été lancé dans le cadre de la circulaire de juillet 2009, co-signée par le ministre de l’Environnement et par le président de l’Autorité de Sûreté Nucléaire. Un certain nombre de lieux inventoriés ont été pris en charge par AREVA. Depuis 2017, c’est le blocage : ORANO prétend avoir assaini les lieux en fonction de l’importance de leur utilisation. Les associations du Collectif Mines d’Uranium ne sont pas du tout d’accord sur ce point de vue alors que l’Autorité de Sûreté Nucléaire tolère le choix d’ORANO : le choix et les décisions qui ont été prises par ORANO, avec des méthodes de mesures ORANO et des calculs ORANO. Il reste encore à faire pour protéger les riverains de la radioactivité et des contraintes administratives associées, les SIS (Secteurs d’Informations des Sols). C’est le propriétaire qui se retrouve dans la situation de pollueur-payeur !
II- Les résidus radioactifs issus des usines de traitement du minerai.
En France, quinze usines de traitement chimique ont traité le minerai d’uranium de plus de 240 mines françaises. Les camions de minerai radioactif ont sillonné les routes pendant plus de 55 ans !
À Gueugnon, en Saône-et-Loire il n’y a pas eu de mine d’uranium. Par contre de 1955 à 1980, une usine SIMO a traité le minerai des mines d’uranium de proximité (Saône-et-Loire et Nièvre) ainsi que d’autres mines françaises plus lointaines (minerai de l’Aveyron et du Forez, par exemples). Du minerai du Gabon a aussi alimenté cette usine de traitement, en bord de l’Arroux, affluent de la Loire. Les résidus ont comblé d’anciennes gravières. Gros problèmes de radon pour les entreprises construites sur cette zone et pour le célèbre parking du stade de foot. Décaissement d’une plateforme, intégration d’une autre à l’ICPE ORANO et interdiction d’usage du parking du stade. Une grosse lutte de l’association VPEG [2] pour obtenir ces victoires contre les nuisances sanitaires.
Ces usines chimiques, installées à proximité de rivières, ont contaminé ainsi les milieux aquatiques avec des produits chimiques et des produits radioactifs. La France se retrouve avec 50 millions de tonnes de résidus radioactifs, non confinés, stockés en pleine nature. Les stockages sont souvent les anciennes mines à ciel ouvert ou des fonds de vallées. Les rivières ont été détournées de leur lit d’origine et, dans certains cas, une digue de terre bloque les résidus. 9 de ces digues sont actuellement sur la sellette pour des problèmes de stabilité à long terme.
III- Ferrailles et bétons radioactifs. Gravats.
Ces matériaux viennent des démolitions des bâtiments et structures de l’exploitation minière. En raison de leur radioactivité, ils ont été enfouis sur les sites et recouverts. Encore des déchets radioactifs à l’abri de la vue et de la mémoire !
3/ Les pollutions : sols, eaux, plantes, air.
L’après-mines a été gérée par la COGEMA, puis par AREVA, maintenant ORANO. Ces changements de nom des gestionnaires ne changent rien au laxisme de l’entretien des sites et surtout à l’autocontrôle de la surveillance des sites. Les nuisances invisibles de la radioactivité nécessitent l’appel à des appareils de mesures et à des compétences scientifiques indépendantes face au lobby. C’est encore grâce à la CRIIRAD [1] qu’ont pu être dénoncées à maintes reprises les contaminations dans la vallée de la Besbre, affluent de la Loire.
Que ce soit en 1996, en 2001, en 2014, les analyses de la CRIIRAD sur les prélèvements des milieux aquatiques ont toujours montré l’impact de la mine d’uranium par les taux de radioactivité des sédiments et des plantes dans la vallée de la Besbre.
Le site des Bois Noirs se situe sur la faille de la Besbre. Le massif des Bois Noirs est fracturé. Les travaux miniers souterrains (TMS) atteignent 440 m de profondeur avec 3 puits et 50 km. Lors de la fermeture de la mine : arrêt des pompes, noyage des galeries. Celles-ci sont en partie comblées par des pulpes radioactives. Les eaux souterraines percolent donc dans les milieux contaminés. Aucun document n’est communiqué sur l’impact de ces eaux. D’après AREVA-ORANO, toutes les eaux d’exhaure doivent ressortir à l’exutoire du Travers-Banc-Zéro. Rien ne nous le prouve. Le Collectif Bois Noirs demande une expertise hydrogéologique : où vont les eaux profondes ? Impacteraient-elles les eaux minérales des vallées de l’Allier et de la Loire ? Ou d’autres lieux plus lointains que les bords de Besbre ?
Seule la mine des Bois Noirs a des résidus recouverts avec une nappe d’eau. Eau contaminée… De 2005 à 2017, les débordements des trop-pleins sont allés directement dans la Besbre, sans traitement préalable. Arrêté Préfectoral de Mise en Demeure. Médiatisation par vidéo CRIIRAD-Collectif Bois Noirs. Enfin, ORANO se décide à rénover la première STE (Station de Traitement des Eaux) et à construire une station spécifique pour les débordements du grand bassin. STE toute neuve en 2020. Dysfonctionnements en février 2021 ! 118 000 m3 d’eaux contaminées partent encore dans la Besbre. Qu’importe pour ORANO ! Ces contaminations sont diluées… Tout ira encore dans la Loire.
En mai 2015, à l’Écarpière, la CRIIRAD [1] effectue des prélèvements lors des rencontres du Collectif Mines d’Uranium organisées par l’association Moine-et-Sèvre pour l’Avenir.
« Les analyses ont permis de mettre en évidence plusieurs anomalies. La contamination en uranium des terres de berges de la rivière La Moine en aval du rejet des eaux provenant du site AREVA, comme celle des sédiments d’une frayère en bordure de la Moine, alimentée par des eaux s’écoulant en contrebas de l’ancienne mine d’uranium du Tail, est environ 100 fois supérieure à la moyenne de l’écorce terrestre et 40 fois supérieure aux valeurs relevées par AREVA dans le cadre de l’autosurveillance. Ceci montre que le suivi par AREVA est inadapté et ne rend pas compte des pollutions réelles. Ceci met en cause la pertinence des arrêtés préfectoraux en vigueur et des contrôles effectués par l’administration. » (Note CRIIRAD – mai 2015).
L’inquiétude pour la qualité des eaux est un problème majeur. La CRIIRAD dénonce les pollutions, comme récemment en Haute-Vienne, pour les mines du Limousin : « Les mesures effectuées par la CRIIRAD en mars 2021 dans la région de Bessines-sur-Gartempe ont révélé d’autres pollutions radioactives liées au passif minier uranifère comme l’insuffisance de la décontamination radiologique des terrains en bordure de l’étang de la Crouzille (qui sert pourtant d’eau potable pour la ville de Limoges) ou encore la radioactivité élevée des voiries à Razès, près de l’ancien siège de la COGEMA, à proximité de terrains qu’AREVA-ORANO déclare pourtant avoir décontaminés » (Communiqué de presse CRIIRAD – 1er juin 2021)
ORANO doit traiter les eaux de rejet afin de respecter les normes établies par les arrêtés préfectoraux. Des produits chimiques utilisés pour les traitements permettent des phénomènes de précipitation et de décantation. Une partie de la radioactivité est retenue dans des boues ou des filtres. ORANO aimerait bien faire revoir à la hausse les taux de rejets de radioactivité pour économiser les produits chimiques. ORANO insiste même sur l’avantage de la réduction des produitschimiques pour une meilleure qualité des eaux rejetées dans les rivières. La peste ou le choléra ? Ou les deux !!!
4/ Les problèmes des réglementations et des usages des anciennes mines d’uranium.
Les réglementations ne sont pas assez contraignantes.
Droit commun. En raison d’absence de servitudes, les propriétaires, les usagers et les municipalités ne connaissent pas toujours le passé minier.
Code minier. Certaines mines sont encore classées au régime du code minier. Les gestionnaires – actuellement ORANO – font les démarches pour sortir ces sites du code minier. Généreusement, ORANO se porte volontaire pour faciliter les opérations. Exemple : compte-rendu de réunion de CSS [3] (décembre 2018, en Corrèze).
ICPE. (Installation Classée pour la Protection de l’Environnement) seules les ICPE ont un panneau indiquant une propriété ORANO. Les autres mines sont banalisées. Il n’y a aucune signalisation.
Seize mines ont le statut ICPE. Ces sites sont surveillés par les DREAL. Malgré tout, ils ne sont pas protégés par ce statut dans leur intégralité. C’est ainsi qu’en Vendée, à l’Ecarpière, la gestion de la station de traitement des eaux, non intégrée à l’ICPE sera transférée dorénavant à l’Etat ! Cette annonce a été faite par la DREAL en CSS [3] le 15 janvier 2021. Cette information a été donnée lorsque l’Association Moine-et-Sèvre pour l’Avenir a participé à la réunion de la commission spécialement organisée suite à l’incendie de 2020 et à ses répercussions (voir paragraphe suivant).
Réutilisations. Reconversions. Valorisations.
Alors que des garanties de prévention devraient être prises pour le long terme, la fin des exploitations minières et surtout la fin des contraintes administratives sont sujettes à la banalisation des sites et à leur réutilisation. Une plaquette ORANO de 2019 annonce fièrement : « Le développement de secondes vies, ou reconversions, des anciens sites miniers s’inscrit dans la volonté d’ORANO Mining de valoriser son actif foncier sur le territoire et aider au maintien d’un tissu socioéconomique local et d’un environnement de qualité ».
Tout est révoltant dans cette phrase. Comment tolérer le développement de secondes vies sur des lieux contaminés ? Pourtant, c’est déjà une réalité dans nombre de sites : constructions de zones artisanales, industrielles ou zones de loisirs, agriculture, pêche dans mines à ciel ouvert lorsqu’elles sont en eau, arrosage pour cultures, abreuvage des animaux. À plus ou moins long terme, toutes ces activités créent des risques pour les usagers. Actuellement, c’est une perspective de reconversion « écologique » avec de nombreux projets de parcs photovoltaïques. C’est un comble ! Les parcs actuels sont déjà mal entretenus (En raison de feu de broussailles, incendie à L’Ecarpière, été 2020). La mise en place de panneaux photovoltaïques pose des problèmes notamment sur les zones de stockages des résidus. En principe, il est interdit de creuser.
La « valorisation » est là pour amadouer les élus et les riverains… Quant à l’environnement de qualité, ces mots ne sont pas acceptables quand on connait les refus d’assainissements de lieux impactés par des « stériles » radioactifs, les contaminations des milieux aquatiques en aval des sites et les émanations de radon autour des anciennes mines d’uranium. Bien-sûr, ORANO et les bureaux d’études de tous bords font des démonstrations assurant une excellente biodiversité et ne pointent pas du doigt les contaminations actuelles et pour le long terme.
La volonté de « valorisation » va très loin, ORANO s’associe à des projets ZATU (Zones Ateliers Territoires Uranifères). Par ce bief, c’est l’École des Mines avec le CNRS et autres institutions qui ont des financements de recherches et d’études, comme à Lachaux, Puy-de-Dôme. Un groupe d’étudiants a été sollicité en 2021 pour un travail de « valorisation de patrimoine ambigu ». C’est ainsi que l’on découvre une éducation à une certaine forme de résilience comme en voulant transformer le pourtour du site en piste de géocaching. Un budget a même permis au groupe de 7 étudiants d’aller visiter le musée UREKA de Bessines-sur-Gartempe, près de Limoges !
Attention ! À côté du musée UREKA et des laboratoires de recherches qui se veulent une mémoire positive, se trouve en Haute-Vienne une importante quantité de déchets radioactifs bien encombrants :
– 24 millions de tonnes de résidus radioactifs laissés par l’exploitation des importantes mines d’uranium du Limousin. Les contaminations radioactives impactent les eaux de la rivière Gartempe qui iront rejoindre la Loire.
– un centre de stockage d’uranium appauvri (usage pour l’armement).

Ph. 1 & 2 : Pierre Gleizes. 1- Ancienne mine d’uranium à ciel ouvert, stockage de résidus radioactifs 2- Maison construite sur des résidus radioactifs de traitement du minerai d’uranium
Si Bessines accueille ce centre de stockage d’uranium appauvri, le site des Bois Noirs a échappé à un centre de stockage de déchets radioactifs lors de la fermeture de la mine d’uranium. Il a fallu une lutte acharnée du Collectif Bois Noirs (1980-1984) pour gagner contre l’ANDRA. À l’Écarpière c’est l’Association Moine-et-Sèvre qui s’est battue de 1991 à 1993 pour empêcher un stockage de déchets radioactifs : des résidus de Thorium.
CONCLUSION : Le premier maillon de la chaine du nucléaire laisse un héritage de pollutions radioactives qui impactent tout le bassin de la Loire de l’amont à l’aval avec les exploitations minières des départements de Haute-Loire, Loire, Puy-de-Dôme, Allier, Saône-et-Loire, Nièvre, Creuse, Maine-et-Loire, Deux Sèvres, Loire-Atlantique et Vendée. En tout, 26 départements sont concernés en France.
Quelles que soient les normes des taux de rejet de radioactivité à la sortie de certaines anciennes mines d’uranium, ces rejets participent à la dilution des pollutions dans les eaux et des accumulations dans les milieux aquatiques. Peu à peu, il y aura un impact sur la chaine humaine. Les faibles doses ne sont pas prises en compte par le lobby nucléaire. La prévention n’est pas étudiée ni mise en place par les administrations.
Arlette Maussan [4]
Le film « Notre Terre Mourra Proprement » de Catherine Fumé et François Guerroué aborde (entre autre, de la 17e à la 25e minute) la lutte victorieuse des Bois Noirs contre le projet d’enfouissement de l’ANDRA raconté par Arlette (Maussan), Geneviève et René, c’est là : ▶.
Arlette avait également reçu aux Bois noirs, le Collectif Loire Vienne Zéro nucléaire en 2017 le temps d’un week-end en « immerssion » in situ.
Notes
[1] CRIIRAD : Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité, basée à Valence
[2] VPEG : Vigilance pour la Protection de l’Environnement à Gueugnon
[3] CSS : Commission de Suivi de Site. Nommée avant CLIS (Commission Locale d’Information et de Surveillance), présidée parle préfet et concernant les sites ICPE.
[4] Ces dernière années Arlette Maussan était la présidente du Collectif des Bois Noirs.
Photo médaillon : (Arlette Maussan [ph. recardrée]) Jean-Yves Busson. Autres photos : (Gétigné) Areva ; Pierre Gleizes (pierregleizes.com). Graphique : de la Criirad. Bandeau : LVZN + Réseau Sortir du Nucléaire. Affiche-poster (ci-dessous) : Réseau SdN (les mines sont illustrées par des petits monticules-tas jaunes siglés du trèfle nucléaire noir).



