L’an un du Traité d’interdiction des armes nucléaires. Au Mans, le 22 janvier 2022


Samedi 22 janvier 2022, de 15 heures à 17 h 30 – Le Mans, place de la République

Un an après l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), samedi 22 janvier 2022, à l’appel du Collectif 72 en marche pour la Paix — dans lequel SdN72 est coacteur (cf. encadré du tract, infra) — une poignée de Sarthoises et de Sarthois a proposé aux flâneurs et flâneuses (rares) de la place centrale du Mans (place de la République) une sorte d’agora citoyenne  [1] pour la participation de la France à la première réunion des États parties à l’ONU sur ledit traité

Objectif : être persuasif pour sortir de la dissuasion

Ça pelait, ce samedi 22 janvier, place de la République au Mans. Normal, c’est l’hiver. Ce n’était pour autant pas — nos mobilisations nous en épargnent — l’hiver nucléaire (ah ! une petite voix me glisse que nous avons déjà utilisé cette image). Pour nous en préserver, il nous faut être lucide, déterminé, actif et persévérant. D’autant plus en cette période ou les tensions sont à leur maximum en mer de Chine et au-delà (océans Pacifique [2] et Indien), mais aussi à la frontière russo-ukrainienne. Et pas seulement !

Comme ses prédécesseurs, Macron use de démagogie lui aussi. Non contente d’avoir manœuvré en sous-main pour retenir l’adhésion d’éventuels pays sympathisants du cercle d’influence de la France avec constance, notre diplomatie n’a non seulement pas siégé aux négociations pour un Traité d’interdiction des armes nucléaire, mais ne l’a pas adopté comme cent-vingt-deux autres nations ; ne l’a pas signé (86 États l’ont déjà fait) et l’a moins encore ratifié [3]. En totale contradiction avec ses déclarations de février 2020 à l’École de guerre (Paris 7e) [4], un an après l’entrée en vigueur du TIAN, Macron s’apprête maintenant à pratiquer la politique de la chaise vide à la première réunion de l’ONU des États parties au traité (à Vienne, du 22 au 24 mars 2022), où tous les pays, même les non-signataires, sont invités.

Si les doigts étaient gourds et les pommettes rubéfiées, samedi, place de la République, les échanges n’en ont pas moins été riches et directs avec les chalands et notamment avec des jeunes et les pétitionnaires  nombreux. Une possibilité, un engagement, auquel vous pouvez vous joindre (si ce n’est déjà fait) en émargeant à la pétition en ligne sur le site de l’ICAN France, c’est ici :  ou sur celle du Mouvement de la paix, c’est là : .

Merci de nous rejoindre dans ce combat désarmant et déviolentisé ! Lien par courriel du collectif local : collectif72pourlapaix@orange.fr

Hommage à Dominique Lalanne, négociateur du TIAN

Dominique Lalanne, membre actif d’Abolition des armes nucléaires, est décédé le lendemain matin de cette manifestation. Avant que le Collectif 72 en marche pour la paix n’existe, en solo, SdN 72 avait organisé deux soirées autour de la projection du film La bombe et nous, de Xavier-Marie Bonnot : au Kid, à la Flèche, le 29 janvier 2018, c’est ici : et au Colisée, au Mans, le 7 avril 2018, c’est là : (sur notre photo, il faut le deviner sous son masque blanc) [5]. Avec Gérard Halie (Fléchois d’origine) du Mouvement de la Paix, ils y avaient proposé leur expertise au public, échangé et débattu avec lui. Un sujet que les deux compères maîtrisaient parfaitement pour avoir tous deux participé (avec beaucoup d’autres) aux négociations du TIAN (supra) pour ICAN (International Campaign to Abolish Nuclear weapons) qui a valu à cette association l’attribution du prix Nobel de la paix 2017.

Infatigable militant contre les armes de destructions massives, Dominique Lalanne participait et/ou organisait d’innombrables événements, débats, commémorations (Hiroshima et Nagasaki), jeûnes… à Taverny (qui abritait jadis le bunker présidentiel de commandement de la force aérienne nucléaire française, aujourd’hui PC ­Jupiter, installé dans les sous-sols de l’Élysée), Paris, Dijon (ce sera à Bordeaux en 2022). Aussi, les « vigies d’interpellation » devant le ministère des Armées, le « Pentagone français » (quartier Ballard), le premier vendredi de chaque mois, etc. Il travaillait également avec une psychologue sur les phénomènes de « la pensée magique » qu’on retrouve dans le très fictionnel concept de dissuasion.

Le TIAN a été son graal ! Le nôtre serait de le poursuivre jusqu’à l’élimination de cette arme, et d’abord d’y amener tous les prétendants et prétendantes à la présidence de la République constitutionnellement chef·fe·s des armées et possibles vecteurs de la tourmente nucléaire !

Ces quelques lignes ne sauraient évidemment pas résumer l’amplitude de ses engagements !


Notes

[1] Évidemment, cet « anniversaire » a été célébré de diverses manières dans plusieurs autres villes : Paris, Lyon, Tours, Gap, Brest

[2] En plus des rodomontades géostratégiques sino-étasuniennes (pour faire court), n’oublions pas non plus la contamination des eaux de l’océan Pacifique qui perdure à la suite des explosions de trois des réacteurs de Fukushima Daïchi, sans compter la volonté des autorités japonaises d’y déverser 700 000 tonnes supplémentaires d’eaux irradiées (et donc contaminées) pour le refroidissement desdits réacteurs.

[3] Pour l’heure (janvier 2022), 59 États ont « déposé leurs instruments de ratification». C’est à dire, qu’ils ont inscrit dans leur droit interne les interdiction énumérées dans ledit traité. Soit : utiliser, posséder, fabriquer, entretenir, financer… des armes nucléaires et installations afférentes. Suivre la mise à jour des signatures et ratifications par les États, c’est là :

[4] Déclaration du président de la République le 7 février 2020 : la France : « membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, prendra ses responsabilités, en particulier en matière de désarmement nucléaire, comme elle l’a toujours fait ». Hélas notre pays se renie aussi en ne respectant pas le TNP (Traité de non-prolifération)  qu’il a pourtant signé, contrevenant notamment à son article 6 en poursuivant la production, la maintenance, l’amélioration, etc., de ses armes nucléaires.

[5] Ultérieurement, le Collectif (dont SdN 72) avait reproposé cette projection-débat le 4 juin 2019 au Mans et le lendemain 5 juin à Mamers (avec Dominique Lalanne), c’est là : .


Photo : SdN 72 . Illustration : J-L B (SdN 72). Tract  (ci-dessous) : Collectif marche pour la Paix.