11/11/2018 : Pour la paix et le désarmement, aujourd’hui !


Dimanche 11 novembre 2018 – Le Mans, av. Jean-Jaurès, au viaduc

Ce dimanche 11 novembre, tous ne célébraient pas le même armistice !

Pour la paix et pour le développement des moyens au service de l’humain

C’était la seconde apparition du Collectif 72 « En marche pour la paix » [1], auquel Sortir du nucléaire 72 s’est associé à son lancement. Une cinquantaine de citoyen·ne·s se sont reconnu dans son appel atypique « Pour la paix et le désarmement, aujourd’hui ! » (cf. encadré ci-dessous), se différenciant des commémorations plus officielles, certes
respectueuses des morts, mais sans jamais rompre avec les logiques militaristes, affairistes, vénérant des carriéristes ambitieux et peux scrupuleux, auteurs, vecteurs, avalisant ou abondant d’ineptes stratégies meurtrières (à l’exception de celui d’Allonnes, cf. plus bas).

Cent ans ont passé ! Notre pays continue encore de commercer avec les pires dictatures, leur vend des armes, pérennise les interventions militaires (Opex), conforte ou défait des présidents et/ou ses affidés, s’enlise en diplomaties hasardeuses pour consolider ses approvisionnement en pétrole, gaz, uranium, métaux rares… quand il ne se commet pas dans les pires barbaries. En dépits des nombreux services exsangues, l’heure est aujourd’hui au gonflements des budgets militaires et de celui de la force de frappe, de sa modernisation… quand la vulnérabilité atomique « civile » du pays est devenue patente avec la « piscine » de La Hague et les cinquante-huit réacteurs nucléaires et autant de piscines.

Prises de parole

Deux allocutions ont précisé la spécificité de ce rassemblement, qui a eu lieu au viaduc de l’avenue Jean-Jaurès, sous la plaque de cet internationaliste et pacifiste… assassiné.

L’une, historique (que nous avons condensée), de Brigitte Haudebourg, qui est revenue sur la montée des tensions internationales lors des décennies précédentes, la guerre des Balkans et l’activisme de Jean Jaurès, du mouvement ouvrier international et d’innombrables citoyen·ne·s qui ont tenté d’exonérer les peuples du pire : la guerre ! Guerre qui adviendra malgré tout entre la France et l’Allemagne à la suite de l’assassinat de Jaurès par un nationaliste. Une innommable boucherie qui fera 18,6 millions de morts, d’innombrables blessés, de mutilés, de « gueules cassées » et de cerveaux déglingués, d’hommes et de femmes brisé·e·s physiquement et moralement, et, aussi… de fusillés pour l’exemple.

Au nom de l’effort de guerre, les conditions de travail (dont celles d’innombrables femmes qui n’obtiendront pas le droit de vote pour autant) et les rendements se verront aggravés. Les droits et libertés régresseront. À la défaite sociale va s’ajouter « la reconstruction » avec le taylorisme ! Simultanément, les bénéfices ont explosé pour quelques grandes entreprises. Renault, Michelin, Citroën, Schneider se révéleront en pleine forme à l’issue du conflit. Les houillères et les entreprises sidérurgiques allemandes, elles, ont multiplié leurs bénéfices par plus de huit, Krupp (aujourd’hui Krupp-Thyssen) par deux. Rheinmetall (fabricant d’armes allemand) par dix. Les profiteurs de guerre d’hier sont devenus les multinationales d’aujourd’hui. Bayer (producteur du gaz moutarde) empoisonne aujourd’hui le monde entier avec les produits Monsanto, groupe qu’il a absorbé. BMW s’était fait la main en fabriquant des moteurs pour les avions de combat. La compagnie anglo-néerlandaise Shell deviendra la première compagnie pétrolière mondiale à la sortie de la guerre… En guise d’épilogue, Brigitte proposait cette conclusion d’Anatole France : « On croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels. » Pas mieux !

La seconde allocution, de Martial Château, portait sur l’actualité du collectif 72 « En marche pour la paix ». Intervention que nous retenons plus particulièrement ici et reproduisons en entier pour sa thématique sur les armes nucléaires et leurs stratégies attachées.

« En ce jour du centième anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale, avec la présence en France de soixante-dix chefs d’États ou de gouvernements du monde entier au Forum de Paris pour la paix, si le gouvernement français avait une véritable ambition de promouvoir la paix, il annoncerait que la France va signer le TIAN et appellerait tous les pays à le signer.

Le TIAN, ce Traité d’interdiction des armes nucléaires, porté à l’ONU par ICAN (International Campaign to Abolish Nuclear Weapons), a été voté par 122 pays, le 7 juillet 2017.

ICAN, collectif de 500 associations du monde entier, a, pour son action en faveur de ce traité, obtenu le prix Nobel de la paix en 2017.

La France, comme les autres pays dotés de la force de dissuasion nucléaire, a scandaleusement refusé de participer aux négociations.

Ce traité est en cours de ratification. Dès que cinquante pays l’auront approuvé, il sera applicable, ce qui signifie que les pays possesseurs de l’arme atomique deviendront des pays hors la loi, comme le sont aujourd’hui les pays utilisant des armes chimiques.

Au moment ou tous les pays nucléarisés modernisent et perfectionnent leurs armes de destruction massive, au moment ou ces pays votent des budgets militaires en très forte augmentation, en ce qui concerne la France, d’ici 2020, le budget de la défense passera de 31 à 42 milliards, les crédits pour l’arme atomique, dès 2019, seront portés de 3.7 à 6 milliards (augmentation de 62 %), ces pays multiplient les interventions militaires ( j’espère ne pas en oublier…) : le Yémen, l’Afghanistan, la Syrie, la Libye, la Centrafrique… [dans le public, André ajoute le Soudan]. La nécessité d’une large mobilisation citoyenne est plus que jamais nécessaire ! Il ne faut pas oublier non plus que la France se déshonore en vendant des armes aux pays en conflit et employées en particulier au Yémen . Il y a aussi, il ne faut pas l’oublier, la situation dramatique de la Palestine, qui, avec des territoires occupés depuis plus de soixante-dix ans, avec un gouvernement le plus à droite, on peut même dire d’extrême-droite, qu’Israël n’a jamais connu auparavant, et n’oublions pas non plus que c’est un pays qui a la bombe atomique, mais qui ne le dit pas officiellement, même si c’est un secret de polichinelle, et qui continue aussi à développer ses armes atomiques.

Les crédits budgétaires dilapidés dans ces armes seraient bien mieux utilisés pour la satisfaction des besoins sociaux et environnementaux.

Le Collectif 72 « En marche pour la paix » (liste en encadré) invite les citoyens et citoyennes à poursuivre la mobilisation et en particulier à signer et faire signer la pétition « La France doit signer le TIAN » (liens ci-dessous).

Voix discordantes

En clôture, des interventions vocales, la chorale de la FSU (cosignataire) a magistralement interprété La butte rouge [2] et La chanson de Craonne [3] (photo), sous la « chappelesque » (Claude Chappe) direction de Florie Cristofoli. La dissolution de cette célébration s’est aussi faite sur les airs de Jean Ferrat, avec La paix sur terre,  et de Jacques Brel, avec, bien sûr, l’inoubliable Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?

Pétitionner pour la signature

La pétition du collectif départemental En marche pour la paix pour que la France signe le TIAN sur le site du Mouvement de la paix, c’est là : . Signer la pétition commune (ICAN, Abolition des armes nucléaires, MAN, ATTAC et WILPF) en ligne (toujours pour la signature du TIAN par la France), sur le site du Réseau SdN, c’est ici : .

Autres ressources. Le site d’ICAN, c’est ici :  ; le site d’Abolition des armes nucléaires, c’est là : .


Ce même jour, comme depuis de nombreuses années, la commémoration pacifiste « Guerre à la guerre » s’est tenue à Allonnes, devant la stèle pacifiste, place de la Paix (en face de l’église de la vieille ville). L’initiative en revient à la Libre pensée, l’Union pacifiste, l’Arac, la LDH , l’Association départementale des élus communistes… en présence de Nafaa Mostafa, élu municipal d’Allonnes, et d’individuels, dont des membres de SdN 72. Les fusillés pour l’exemple de 14-18, dont c’est le centenaire cette année, ont évidemment été évoqués, malgré l’absence du fidèle Eric Viot (historien qui mène le combat pour leur réhabilitation), très pris cette année, on le comprend, ainsi que les pernicieux et carriéristes généraux et maréchaux qui ont sévi plus tard dans les colonies (Pétain avec Franco au Maroc), les calamiteuses armes nucléaires et leur coût, le coupable commerce des armes, y compris avec les pires dictatures, l’accroissement des budgets militaires…


[1] En terme de mobilisations ! Le collectif a par ailleurs tenu à plusieurs reprises des infokiosques et pétitionné pour la signature du TIAN par la France, rue des Minimes, à l’université… Lors de sa première manifestation, le 22 septembre, c’est là : .

[2] Chanson de Montéhus, écrite après la Première Guerre mondiale, en 1923. Elle évoque les tueries de la « butte Bapaume » sur le front de Champagne (et non Montmartre comme beaucoup pensent), sise aux environs de Berzieux, dans la Marne.

[3] Sous cette version, La chanson de Craonne (village) sera discrètement apprise et fredonnée par des soldats français dans les tranchées vers la fin de 1917. Ses paroles antimilitaristes, défaitistes et subversives incitant même à la mutinerie lui ont valu d’être frappée d’interdiction par le commandement militaire.


Photo : SdN 72. Communiqué de presse : Collectif 72 « En marche pour la paix ».