CLI 2017 Ionisos (irradiations diverses et variées) de Sablé-sur-Sarthe


Jeudi 5 octobre 2017 – Le Mans

Jusqu’à ce mois d’octobre 2017, Ionisos, c’était d’abord six sites, classés INB (Installation nucléaire de base). Quatre en France (dont un à Sablé-sur-Sarthe), un en Espagne et un en Chine. C’est le principal prestataire de services de stérilisation à froid par ionisation — terme préféré à « radiation », beaucoup moins connoté — en France et en Espagne. Soit par rayonnement gamma, par rayonnement bêta ou par oxyde d’éthylène.

En France, en Espagne, en Chine [1] et désormais en Europe (cf. fin du post).

La CLI (Commission locale d’information) de Ionisos, à Sablé-sur-Sarthe

logo détourné de IonisosEn France, chaque installation nucléaire de base (INB) se doit de « renseigner » la population via une Commission locale d’information (CLI) qui assure un suivi permanent de l’impact de l’installation. Celle de Ionisos de Sablé-sur-Sarthe s’est donc tenue, contre toute attente, au Mans, le 5 octobre, dans le secteur d’ACI (ex-Renault) [2].  Martial Château (aussi militant de SdN 72) y siège comme représentant de l’association environnementale agréée Sarthe Nature Environnement, agrément que n’a pas SdN 72.

Dès que le compte rendu de cette réunion sera validé et mis en ligne sur le site du conseil départemental, nous le mettrons en lien, ici : . Il n’est pas disponible sur le site de Ionisos lui-même, ici : , ni sur celui de l’ASN : . Des sites qu’il est cependant fort utile de consulter avec l’esprit analytique qu’on vous devine.

La CLI est également tenue d’organiser une réunion publique ouverte. Une au moins tous le deux ans (sous dérogation) pour les petites unités comme Ionisos (chaque année pour les installations de bonne taille). Elle devrait pouvoir se tenir avant la fin du premier semestre 2018, le temps de préparer les sujets, les interventions, les invitations (lycées, collectivités, élus, entreprises, médecins, presse…), la salle, le budget, etc. On vous tient au courant ! Pour autant, n’attendez pas de révélations lors de cette « information » dont la jauge sera probablement calibrée, filtrée par une pré-inscription et dont les éléments de langage auront préalablement été bien rodés. Les donneurs d’ordre, en général de la cosmétique et de l’alimentaire en particulier, y seront scrupuleusement maintenus secrets.

Préconisation de l’ASN à Ionisos Sablé

L’ASN (l’Autorité de sûreté nucléaire) avait estimé que « Le niveau de sûreté et de radioprotection est globalement satisfaisante en Pays de la Loire » au retour d’une série de trente-quatre inspections au cours de l’année 2016. Cependant, dans un jargon policé, elle recommandait à Ionisos « d’actualiser son référentiel de sûreté » en prenant en compte l’extension (à venir) du hall de Sablé-sur-Sarthe [3] et le fonctionnement en continu de Pouzauges, en Vendée (cf. Ouest-France du 20 septembre 2017, ci-dessous). Où l’on voit dans cette coupure de presse que si la région Pays de la Loire n’héberge aucun réacteur, au contraire de ses voisines  normande et de Centre-Val-de-Loire, elle n’en est pas moins impactée par le nucléaire, sans parler des sérieux risques accidentels.

ANCCLI

La prochaine AG de L’ANCCLI (Association nationale des comités et commissions locales d’information) se déroulera sous dizaine à Paris, le 14 novembre 2017 [4]. La 29e conférence des CLI se tiendra le lendemain. Au programme : 1. Les nouveaux outils d’information et de concertation ; 2. Les exercices de crise : quelles modalités, quelle implication des citoyens ?

La Cli Ionisos de Sablé a reconduit son adhésion à l’association nationale, et y a désigné comme représentants MM. Château pour les associations et Chevalier pour le collège des élus (deux collèges restant à pourvoir) [5].

Le marché se diversifie

À Sablé, après une bien trop longue période de prestations dans le secteur alimentaire (sans volonté aucune d’en établir le bilan sanitaire), cette stérilisation à froid opère désormais pour le domaine médical (instruments chirurgicaux, prothèses), les produits pharmaceutiques, les cosmétiques, les emballages alimentaires et pharmaceutiques, les épices (à la marge, sic), grenouilles et crevettes importées [6], et plus récemment, les polymères utilisés dans la construction et l’industrie, notamment automobile (la réticulation améliorant certaines propriétés mécaniques). Conséquence : les volumes explosent ! À Sablé, l’industriel regrette déjà l’impossibilité d’étendre la zone de traitement (celles de stockage et d’expédition sont actées, cf. plus haut et coupure de presse plus bas) face à la croissance du marché.

Ionisos s’étend

Le groupe Ionisos est né en 1993 à partir de la fusion des sociétés Conservatome et Amphytrion. Passée une certaine stabilité, plusieurs changements sont intervenus dans la structuration de Ionisos ces dernières années. Fin 2014 (le 22/12), prise de participation majoritaire d’Agilitas (société paneuropéenne de capital-investissements). Juillet 2016 (le 13), nouveau changement d’actionnaires : Ardian (société d’investissements privés et indépendante) et Chairman réalisent l’acquisition de Ionisos auprès d’Agilitas (contrepartie non divulguée) avec, là encore, une participation majoritaire au capital de Ionisos.

À son tour, en novembre 2016, Ionisos-Ardrian acquiert Leoni Studer Hard GmbH (à la frontière entre l’Allemagne et la Pologne) auprès du groupe Leoni, puis Stermed (à Civrieux-d’Azergues, au nord de Lyon, spécialisé dans la stérilisation basse température à oxyde d’éthylène) en septembre 2017 (le 14) et la Société Scandinavian Clinics Estonia (comté d’Arju, en Estonie, spécialiste balte de la stérilisation par rayons gamma) en octobre (le 9) !

Cette société opère une croissance et un redéploiement géographique évidents mais aussi une diversification de ses services et produits. Moins d’alimentaire (en Sarthe en tout cas) mais elle s’oriente vers de nouveaux marchés, la construction et l’industrie automobile notamment (réticulation de câbles, tuyaux, pare-chocs). S’il n’y a pas à craindre d’émission radioactive desdits produits, l’augmentation des volumes et de l’éventail des technologies et des services va forcément accentuer les besoins en sources radioactives, leurs transports, leurs stockages, et partant les risques accidentels induits par la pression des susdits investisseurs financiers sur les salariés (travail en continu à Pouzauges par exemple) qui attendent, comme chacun sait, des retours sonnants et trébuchants de ses investissements !


[1] Soit une centaine de salariés sur sept sites : Dagneux (01), Sablé (72), Pouzauges (85), Chaumesnil (10) et Gien (45) en France, Tarancon, près de Madrid, en Espagne, et Anji, près de Shanghai, en Chine.

[2] Prémédité ou pas, le lieu et l’ordre du jour n’avaient été soumis aux participants que le lundi pour le jeudi !

[3] Le dossier ICPE (Installation classée pour la protection de l’environnement) concernant l’agrandissement pour volume de stockage des produits clients vient d’être validé. Les travaux devraient démarrer début 2018, pour une fin en 2019.

[4] Organisme qui pèse, hélas, fort peu (pour ne pas dire rien) sur les décisions des services de l’État en matière d’information et de transparence sur la sûreté nucléaire.

[5] Avec une grande célérité, à la mi-septembre, l’ASN a reproduit mot pour mot son avis provisoire de juin en faveur de la mise en service de cette cuve de l’EPR de Flamanville. Pour protester contre la non-prise en compte des 14 000 contributions à la consultation qu’elle avait lancée, toutes très largement défavorables à la qualification de cette cuve en raison de la qualité dégradée des aciers de ses calottes, le Réseau SDN a décidé de bouder ces deux rendez-vous, tout en laissant la possibilité à ses adhérents d’y assister en leur nom propre.

[6] Attention toutefois à ne pas confondre des aliments irradiés à des aliments contaminés. Les premiers sont soumis à un rayonnement électromagnétique (gamma) de haute énergie  leur faisant perdre une partie de leur énergie, créant des dommages aux organismes vivants, radicaux libres et donc de nouvelles molécules, mais ils ne sont pas radioactifs. Les seconds contiennent des atomes radioactifs non naturels apportés par une pollution de l’environnement.


Illustration : (logo détourné) SdN 72. Poster :  http://int.nonukeart.org. Coupure de presse : Ouest-France du 20/9/2017.