Dépose du paratonnerre radioactif de l’église Notre-Dame, à Sablé-sur-Sarthe


Vendredi 25 novembre 2016 — Sablé-sur-Sarthe

Ce territoire a consacré l’ascension politique de l’enfant du pays, François Fillon. Nucléocrate invétéré [1] et depuis toujours (comme les sept autres candidats à la primaire de droite, à quelques micros-nuances prêt) il est — nous dit-on — en passe d’être le possible président des Français.es, en 2017. En plein second débat de la primaire LR, Sablé se débarrassait d’un chouia de radioactivité. Pas son usine d’irradiation que Fillon a un tantinet chaperonné, non ! Un paratonnerre. Mais, un paratonnerre… radioactif !

paratonnerre-helita241-amLa ville de Sablé a donc fait procédé à la dépose d’un nouveau paratonnerre [2] surplombant l’un des clochetons de l’église Notre Dame, de Sablé-sur-Sarthe, rue Théophile Plè, non seulement obsolète, mais aussi radioactif. L’engin de la série Hélita (seconde génération) contenait de l’américium 241 émetteur d’électron, de rayonnements X et gamma (la première génération était au radium 226, encore plus nocif  [et, période de 1602 ans… pour diminuer de moitié]) ! Un chantier de trois jours, autour des 22-23-24 novembre 2016. Il a été remplacé par un « paratonnerre auto-amorçant », qui « crée un arc électrique qui va attirer la foudre vers sa pointe et permettre de la capter plus facilement » nous renseigne Ouest-France qui rapporte le témoignage de Laurent Fournier, adjoint au patrimoine bâti. Non seulement le nouveau dispositif n’est plus radioactif, mais à toutes fins utiles, sachez qu’il vous protège autour des 60 m à la ronde, sans l’intervention d’aucune protection divine. Coût de l’opération, dépose, nouvel appareil, repose, stockage, pour la ville : 17 000 € !

Sur cette même commune, le parafoudre radioactif, du Centre Joël Le-Theule [3], actuel centre technique de restauration de la Bibliothèque Nationale de France, lui, avait été déposé début 2013, par l’entreprise Indélec. Par contre, celui sur le château d’eau de la Martinière, à calotte au radium 226, également de marque Hélita (cf. plus haut), rue du Gal Leclerc, perdure (la mairie, Véolia et la Siap, sont alertés).

Les déposes de ses paratonnerres radioactifs requièrent l’intervention d’entreprises agréées par l’ASN, Autorité de sûreté nucléaire. Ils sont ensuite amassés via des « regroupeurs » (agréés par l’ASN), dans l’attente de leur enlèvement par l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs), qui elle les achemine et les stocke dans une poubelle nucléaire FA-VL (Faible activité à vie longue), dans l’Aube, à Morvilliers, au CIRES (Centre industriel de regroupement, d’entreposage et de stockage) un proche voisin de Soulaines, déjà en activité et de Bure dans le futur (CIGEO, Centre industriel de stockage géologique), si d’aventure le mouvement citoyen n’arrêtait pas cette folie ! Vous vouliez des acronymes ? Cette fois vous êtes servi !

Les « Parads »

Les paratonnerres seraient plus efficaces quand l’environnement de leur pointe est fortement ionisé. L’IRSN semble en douter affirmant sur son site que l’« efficacité réelle du système n’a[yant] jamais été démontrée ». D’après l’association Inaparad [4], plus de 230.000 « parads »  (surnom donné par commodité à ce type d’appareils), tous modèles confondus, auraient été exportés de par le monde. Il en resterait  entre 30.000 et 40.000 dans l’Hexagone (source Andra, cf. plus haut), certains ayant près de 80 ans. Elle, en a localisé plus de 4 000 dont 770 d’entres eux (chiffres 2014) ont été neutralisés suite à leurs signalements.

carte-paratonnerres-1En Sarthe l’Inaparad en a recensé une vingtaine qui n’ont pas encore été déposés. Leur présence est aussi soupçonnées sur trois autres clochers d’églises. Dans tous ses cas, par précaution, les mairies ont été alertées avec les réserves d’usage et informées de la conduite à tenir. Même hauts perchés, ils ne sont pas sans dangerosité pour les couvreurs, antennistes, ramoneurs et autres stégophiles. Ils se dégradent ! Rouillent, s’émiettent, tombent… Des radionucléide se dispersent et les risques d’irradiations par contact et de contamination par absorption ou inhalation, possibles.

Contrairement à d’autres pays européens comme la Belgique, les Pays-Bas, la Suisse ou l’Espagne, la France n’a pas mis en œuvre de programme de récupération systématique des têtes incriminées. Une « obligation » de retrait existe bien depuis 2008, mais exclusivement pour les Installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE).

L’inventaire de toutes ces flèches est loin d’être achevé. L’Inaparad poursuit ce recensement citoyen. Vous pouvez l’aider en devenant vous même un contributeur (conditions sur le site, cf. plus bas). Nous ignorons si le manoir de Beaucé à Solesmes (résidence de Fillon) en est équipé et si l’espar recèle une quelconque malignité. Si d’aventure il vous taraudait d’aller le vérifier in-situ, ne tardez guère, dans six mois il pourrait-être difficilement approchable. C’est un institut de sondage qui vous le dit. Faites lui confiance !


Les plus intéressés, pourront également trouver une fiche technique très détaillée sur le site de la CRIIRAD (association actuellement en grande difficulté financière [5]), ici : .

Sur son site le Réseau Sortir du Nucléaire RSN présente l’association Inaparad, c’est là : . Elles le fait également dans les éditions de sa revue Sortir du Nucléaire dans les n°5O (surtout, juillet 2011), 51 (oct. 2011), 56 (hiver 2012/13)…


[1] Si d’aventure, François Hollande signait d’ici la fin de son mandat, sa promesse 41 de fermeture de la centrale de Fessenheim, lui, reviendrait dessus !

[2] Une dénomination impropre ! Le tonnerre n’est que la conséquence sonore de la foudre. Néanmoins, Il est cependant convenu d’appeler paratonnerre le système destiné à protéger les bâtiments depuis l’extérieur des effets de la foudre et parafoudre (ou parasurtenseur) un système intégré, logé dans un boîtier, protégeant les installations électriques, télématiques… intérieures.

[3] Ex ministre, collectionneur de porte-feuilles, nucléocrate invétéré, F. Fillon en est le dauphin.

[4] Inaparad : Inventaire NAtional des PAratonnerres RADioactifs. Le site Internet contributif et citoyen, c’est là : .

[5] La CRIIRAD (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité) est née en mai 1986, à l’initiative de citoyens révoltés par les mensonges officiels sur la catastrophe de Tchernobyl et la désinformation sur la dangerosité et l’étendue  de son « nuage ». La soutenir, c’est  là : .


Photo : copie d’écran du site de l’Inaparad, carte Google Maps+Inaparad.