Applimo à La Ferté-Bernard


Seventies et bien au delà — La Ferté-Bernard

applimo-coup-de-pied-au-radiaLe lien de cette entreprise avec le nucléaire n’est qu’indirect. Créée en 1949, la société Applimo de La Ferté-Bernard va rapidement devenir pionnière du chauffage électrique en France. En 1979, elle rentre dans le puissant groupe Muller (Campa, Noirot, Airélec, Auer), ce qui lui permet de se développer pour faire face à une demande exponentielle. Sans suies, sans cendres, sans saletés, sans odeurs… d’installation facile et économique, ce mode de chauffage va être plébiscité par l’époque aussi bien dans l’habitat famillial que collectif. Surtout, il va bénéficier dans les années soixante-dix et les décennies suivantes d’une incommensurable propagande d’EDF pour ce mode de chauffage, qui elle, cherche à vendre ses surabondant kilowattheures, issus de ses centrale nucléaires.  Un tournant que n’aura pas su prendre Chappée, la toute première entreprise de radiateurs en fonte du département (1). Du coup, 8,3 millions de ménages français en sont équipés ! Une exception et une anomalie bien française, faut-il le rappeler (cf. plus loin), et qui a rendu le pays particulièrement thermo-sensible. D’ordinaire surproductrice, au moindre pic de froid, la France importe désormais massivement et au prix fort, y compris d’Allemagne n’en déplaise aux idées reçues !

Si le chauffage électrique ne rejette pas lui-même de CO2 dans l’atmosphère, contrairement à la combustion du pétrole, du gaz ou du charbon, son couplage au réseau électrique à 78 % de source nucléaire, lui, en produit bel et bien, de la mine (2) (Niger, Canada, Australie, Kazakhstan) aux déchets. Déchets dont on ne sait que faire et que Izé, en Mayenne, à 10 km de Sillé-le-Guillaume (nord de la Sarthe) a failli accueillir. C’est là : .

Dans son usine de 10 000 m²,  Applimo emploie plus de 180 personnes, elle conçoit et fabrique des convecteurs électriques, panneaux rayonnants, radiateurs électriques à inertie, sèche-serviettes électriques, radiateurs à accumulation et chauffage électrique pour le tertiaire. Là ou d’autres proposent de l’acier ou de l’aluminium, Applimo sublime la fonte active (attention, spot publicitaire : « parfait équilibre entre l’accumulation, la conduction, la capacité à rayonner naturellement, l’excellente diffusion de la chaleur et l’homogénéité parfaite de la température »).

Vous pouvez aussi dire : intox… La gamme de ces appareils de chauffage électriques est sûrement « créatrice de confort », mais le cocooning de nos voisins danois qui les ont interdits ou de nos amis suisses qui les ont soumis à autorisation ne l’est pas moins.


(1) Antoigné-Chappée-SGF, de Sainte-Jamme (400 000 éléments de radiateurs par an, 1 800 personnes dans les années 60) et qui, conjugué au premier choc pétrolier et des investissements hasardeux, en mourra (fermeture en 1984).

(2) La dernière mine d’uranium située sur le territoire français a fermé en 2001. A l’été 2013, Areva avait d’ailleurs ouvert, à Bessines, dans le Limousin,  un « atomeland » baptisé « Urêka ». Nom du « musée interactif de la mine » situé sur un ancien gisement d’uranium de la Cogema et à proximité d’un site de stockage de déchets très faiblements radioactifs.


 Illustration : dessin de ??? paru dans Sortir du Nucléaire N° 48.