Film : « Pollution des sols : le scandale caché », sur France 5


Mardi 20 janvier 2015 20 h 45 — France 5 (France et Métropole)

 

Toutes les pollutions sont à dénoncer. Là, avec celles des sols vous serez gâtés par leurs variétés ! Pourtant, si nous y consacrons un article, c’est qu’ici, une pollution nucléaire (que nous connaissions, normal, c’est notre spécificité) y est pointée dans une émission télévisée disponible à tous. Le thème, dit spécifique, porte sur le Fort de Vaujours/Courtry et Coubron (Seine-Saint-Denis/Seine-et-Marne, au N-E de Paris).

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Il est possible de revoir ce documentaire (hélas, lui aussi, interrompu par des pollution… publicitaires), ici : . Le sujet commence autour de la 25e minute (environ) pour finir vers la 41e. Si vous souhaitez zapper les autres pollutions et passer directement au sujet nucléaire il faut jouer du curseur. Quant au débat (cf. plus loin), il est là : .

Vaujours/Courtry et Coubron…

Ce forts (pentagonal à l’origine, en partie détruit aujourd’hui et plus encore demain) a été construits à la fin du XIXe siècle pour défendre Paris. Puis de 1955 à 1997 il devient un centre de recherches du CEA, Commissariat à l’énergie atomique. Sur 45 ha, il y mènera des expériences pyrotechniques assez éloignées des feux d’artifice qui nous émerveillent encore. Rien moins que l’expérimentation des détonateurs des armes nucléaires françaises. Des tirs à froids. Mais, en 2002, les riverains imposeront une expertise indépendante au CEA. Requise, la CRIIRAD (1) y retrouvera des traces de matières radioactives (uranium, et très probablement béryllium…) au travers de quelques mesures exploratoires loin d’une cartographie radiamétrique systématique (2). Au point que, même après une opération d’assainissement, en 2002, par Subatech, le CEA lui même ne puisse assurer l’absence de tout « marquage résiduel » (comme c’est bien enveloppé).

En 2010, un industriel déjà bien implanté dans le secteur — la société BP Placo (Placoplâtre, pour les bricoleurs, filiale du groupe Saint-Gobain) — s’entiche du lieu pour son sous sol de gypse et le rachète à l’État français, pas mécontent de s’en débarrasser. Objectif : exploiter « la pierre à plâtre » dans une carrière à ciel ouvert. La Communauté d’Agglomération de Marne et Chantereine en rachètera elle aussi une petite partie pour en faire une zone d’activités.

Inquiets de nature, les riverains vont faire pression pour plus de transparence et finalement imposer de nouveaux contrôles de la Criirad, en ­février 2014. Contrôles qui ­révèleront la présence notable d’uranium, contredisant fâcheusement ceux effectués par l’IRSN, Institut de ­radioprotection et de sûreté nucléaire.

Comme le dirait notre sénateur maire J.-C. Boulard, le riverain est une véritable plaie (3) ! Et le riverain de Vaujours ne dénote pas. Lui aussi voit d’un mauvais oeil l’excavation de milliers de tonnes de gypses dans cette carrière à ciel ouvert, sur 20 mètres d’épaisseur éclatés à l’explosif, qui réveillera inévitablement poussières et particules radioactives à quelques encablures de ses fenêtres (agglomérations à fortes densité à 1 km). Et, le riverain, le personnel et l’usagé de la zone d’activité, souhaitent des investigations approfondies, la suspension des travaux (voire l’annulation de tous travaux) et/ou l’établissement de protocoles d’interventions (comme pour la destruction prochaine de 215 bâtiments du CEA), et, tempête assez souvent. Nous n’en avons pas encore été, mais cela pourrait venir… (4)

Ce « merveilleux » sujet est suivit d’une autre séquence sur les Écoquartiers pas toujours installés sur des terrains exempt de pollution…


Le collectif Sauvons La Dhuis : .
Le blog de l’association de défense : .


(1) Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (laboratoire créé en 1986, après Tchernobyl).

(2) Le rapport résumé de la CRIIRAD du 17 Septembre 2002 exprime la nécessité d’un dépistage plus approfondi du site contenu dans un second rapport du 25 février 2014 est là : ? .

(3) Intervention de M Boulard, lors d’un groupe de travail au sénat le 3 février 2015 : « L’espèce la plus protégée dans notre pays, n’est pas le lézard vert, le pique-prune, bien connu dans mon département, ou l’escargot brestois, mais le riverain. Drapé derrière l’environnement, il bloque nos projets. Il faut réduire les droits du riverain si l’on veut renforcer les droits de nos projets ».

(4) Placoplâtre envisage aussi la destruction du Bois Gratuel, situé sur la commune de Villevaudé, à quelques km de Vaujours !


Annie Thébaud Mauny (que nous avions invité à la 25e Heure 2012, c’est là : ? ▶, intervient dans se documentaire ainsi que Corrine Lepage (son dernier livre sur le nucléaire, présenté par l’un des nôtres est là : ? ▶. Cette dernière participe également au débat qui suit la projection du documentaire.


Crédit photo : copie d’écran sur le site de France 5.